Jamais un pouvoir malien n’a connu autant de pression, de sabotage, de défis et de défiance. Mais, pour le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga qui est visiblement serein, il ne sert à rien de courir. Avec un tableau de bord assez chargé, le Tigre va au four. Pour lui, la réussite du pari a nettement un prix. Retour sur la traversée du désert d’un chef de guerre décidé à imposer le revivre ensemble à une nation déboussolée.
En prenant la tête du Gouvernement malien le 31 décembre dernier, Soumeylou Boubeye Maïga, homme du sérail, savait la tâche rude et parsemée de labyrinthes.
Qui l’aurait cru ? Le Mali, grâce à l’expertise du Tigre qui a cru seul au pari, s’en est sorti des élections présidentielles de juillet sans la grave crise post-électorale tant attendue par les plus sceptiques.
Trois mois après l’investiture d’Ibrahim Boubacar Keita, son Premier ministre SBM, le Tigre passe à la vitesse supérieure : il met les élections dans le passé, effectue des visites officielles dans nord puis au centre du pays où les résidus terroristes tentent de survivre après l’intervention militaire de 2013.
Dans le centre du Mali où sévissent difficilement les jusqu’auboutistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique avec l’enrôlement des jeunes locaux, la mesure sécuritaire imposée à tous sous l’impulsion du Tigre, réglementant la circulation des engins, a porté ses fruits.
De Mopti à la frontière du Mali avec le Burkina voisin, les terroristes connaissent une désorganisation due au déploiement progressif des forces armées maliennes.
À la différence des années lendemains de l’occupation des régions du Nord, les forces armées régulières sont désormais à l’offensive. De janvier à nos jours, plusieurs bases terroristes dans le centre ont été détruites par l’armée malienne.
Si pour certains observateurs, cette situation résulte de la montée en puissance de l’Armée, elle est toutefois différemment perçue pour d’autres qui y voient juste le fruit d’une politique sécuritaire bien réfléchie.
À Bamako où les contestataires des résultats de l’élection présidentielle aussi s’activent pour empêcher IBK de gouverner, le Premier ministre multiplie les rencontres pour apaiser les tensions. Mais à voir de près, la tâche ne sera pas facile pour le Premier ministre qui refuse de cautionner le désordre prôné par ses adversaires.
D’autre part, c’est la tête même du Chef du gouvernement que cherchent les opposants qui ne voient le régime IBK tenir que par le Premier ministre qui a su déjouer tous les plans peaufinés avec la bénédiction de certains anciens ministres d’IBK et les éternels insatisfaits.
Face à la crise sociale alimentée par les grèves à répétition des fonctionnaires, le Premier ministre anticipe et prévoit un forum social sur les salaires en décembre. Car pour le Tigre, les multiples revendications d’augmentation de salaires et de statuts particuliers des corps méritent interrogatoire et réflexion. Il sera dès lors, question de traiter chacun avec le salaire qu’il mérite.
En s’arcboutant vaille que vaille, le Tigre semble savoir où aller, lui qui a su où mettre le pied. Reste à voir si sa stratégie de la carotte et le bâton pourra imposer une quiétude sur l’échiquier politique national.
Issiaka Tamboura