Actuellement, c’est une atmosphère effervescente qui règne à l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM), tout comme au Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA). On s’agite comme des vautours à la vue des charognes. Du haut en bas et du pauvre au riche, chacun, paraît-il, veut avoir quelque chose dans ce marché de sept milliards de Fcfa prêtés au Mali par la Banque islamique de développement (BID).
Selon une source crédible, l’OPAM et le CSA auraient demandé verbalement aux fournisseurs retenus, de livrer les 25 000 tonnes de riz, 10 F CFA par kilo à titre de retro-commission. Faites un petit exercice ! Les 10 F X 1000 (la tonne) font 10 000 Fcfa et ce montant multiplié par 25 000 tonnes, représente banalement 250 millions de Fcfa. On a l’habitude de le dire au Mali que les scandales se multiplient, mais ne se ressemblent pas. En voici certainement la preuve.
Car, ceux qui dirigent actuellement l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM) et le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) seraient proches du RPM, le parti au pouvoir. Ce qui n’est pas étonnant quand on sait que le ministre de tutelle, en l’occurrence Bocary Tréta est aujourd’hui au RPM ce qu’Ahmed Diane Séméga était au Mouvement citoyen au bon vieux temps du président ATT. Où se trouve alors le changement mirobolant promis par le président IBK ? Les hommes ont changé, mais les pratiques tant décriées ont de longs chemins à faire dans notre pays.
En effet, à propos de ce dossier, il semble qu’on veut bien fouler aux pieds les dispositions légales et réglementaires du Code de passation des marchés publics en République du Mali. Pis, on défierait aussi le Bureau du vérificateur général et le Contrôle général des services publics qui, lors de leur récent passage à l’OPAM et au CSA, auraient formulé un certain nombre de recommandations visant à assainir les procédures de passation de ce genre de marché.
Respectueuse des démarches déontologiques, notre rédaction à sa demande, a été reçue le mardi 10 février 2015 par Salifou B. Diarra Directeur général de l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM). Parce que des informations ont fait état du non-respect du Manuel de procédures en vigueur à l’OPAM. Selon cet agro-économiste, l’accord de financement signé entre le gouvernement du Mali et la Banque islamique de développement (BID) prime sur le Manuel de procédures internes de l’OPAM. Cela est-il vrai? Difficile d’y répondre.
«Qu’on passe ce marché de gré à gré ou qu’on l’ouvre par appel d’offres, tout le monde ne peut pas remplir les critères», a laissé entendre le DG de l’OPAM. «Nous sommes prêts partout à répondre aux affirmations», a ajouté Salifou B. Diarra. Aussi, le ‘’Considérant D’’ de l’accord de financement (pris comme la Bible, le Coran et la Torah dans cette affaire) semble avoir été mal interprété à l’OPAM. En tout cas, par correspondance n°00182 du 22 janvier 2015, la Direction générale des marchés publics (DGMP), en se fiant au fameux ‘’Considérant D’’, a donné son ‘’Avis de non-objection’’. Cependant, par mesure de précaution, elle a demandé à l’OPAM, dans le cadre de la conclusion de ce marché, de lui faire parvenir la liste des fournisseurs retenus pour livrer les 25 000 tonnes de riz et les montants y afférents. Cela a-t-il été fait? «Non», répondent nos sources.
Par ailleurs, elles indiquent que Diarra, qui était précédemment DG de l’Observatoire du marché agricole (OMA), a été nommé à la tête de l’OPAM afin d’y préparer sa retraite prévue en décembre prochain. Enfin, ce stock d’intervention de l’Etat (SIE) sera-t-il utilisé à des fins politiques à l’approche des élections municipales? Qui a un œil fixé sur les recettes issues de la location des magasins de l’OPAM? Que dit le Comité de sauvegarde des intérêts des travailleurs de l’OPAM? Et qui a dit que ‘’le Mali ne sera plus un gâteau’’ à partager?
À suivre…
Serge BAMBA
Source : L’œil du Mali