L’espoir, suscité par le retour aux affaires d’ATT, a fait place au désespoir. Le détournement du dénier public est devenu un excellent sport pour la santé. La corruption est d’un naturel insoupçonné. La pauvreté de nos concitoyens a franchi le seuil du tolérable…
Dessin de Mad Diarra.
Cinq ans après l’investiture du Généralus léopardis, la montagne a accouché d’un sous –rire.
« La persistance des tares, léguées par un passé, plus ou moins proche, constitue un handicap sévère, qui pèse lourdement sur la vie économique, sociale et politique de notre pays », écrivait –il dans son programme de société, publié dans un document intitulé « le temps du changement ». Ces tares, citées à l’époque par le Candidat A.T.T., ont pour noms : délinquance financière, corruption, népotisme, bradage du patrimoine national, détournements impunis des fonds publics… Des maux qui, selon lui, « altèrent le substrat même de notre processus démocratique, dont l’exemplarité est citée, partout ».
Mais, où en est –on cinq ans sa victoire aux présidentielles de 2002 ? Le Constat est amer. Très amer. Parce que la justice, second pilier de notre démocratie, est en rupture de ban avec le peuple, au nom duquel elle juge. Les décisions de justice sont vendues au plus offrant.
Le Général capitale
Pendant que des voleurs de poule purgent des peines, qui ne finissent pas de finir, des détourneurs de centaines de millions de nos francs se la coulent douce au volant de luxueuses bagnoles.
La lutte contre la corruption et la délinquance financière a fini en eau de boudin. Malgré la mise sur pied d’un Bureau du Vérificateur général, le détournement des fonds publics est devenu normal dans notre pays : le vol et le viol du dénier public. Même les plus grands vices sont banalisés. Partout, le même refrain : « Moi d’abord, et s’il en reste la Nation pourrait en bénéficier ! ». Conséquence : la pauvreté a franchi le seuil du tolérable. Nombreuses sont, aujourd’hui, les familles qui peinent à s’offrir trois repas par jour. Les prix des denrées de première nécessité ont pris l’ascenseur.
Devenue un « Charity – business », la lutte contre la pauvreté a été enterrée sous une dalle en béton. A tout cela, s’ajoute le chômage des jeunes, devenu endémique. L’Agence pour la Promotion de l’Emploi des jeunes (APEJ) a sombré dans la bureaucratie. Et ses fonds, insuffisants pour relever les défis de l’heure.
La moralisation de la vie publique a pris un sérieux coup de vieux. La reforme de l’Administration, aussi. En dépit de la création d’un Département ministériel, à cet effet.
Bref au délà du bond remarquable, fait par notre pays durant ces cinq dernières années, le changement espéré dans la gestion des affaires publiques, par nos concitoyens, tarde à s’opérer. Souillées par 23 ans de dictature militaire, les mentalités des maliens n’ont pas changé d’un iota. La démocratie, acquise au prix du sang, s’est muée en « Dobocratie ». L’homme qu’il faut a cessé d’être à la place qu’il faut. Plus on détourne, plus on bénéficie d’une promotion. Plus c’est gros, plus ça passe.
A quelques encablures des présidentielles de 2007, nos concitoyens ont perdu tout espoir en l’avenir. Mieux, l’écrasante majorité des maliens se croient sans avenir. Or, être sans avenir, c’est mourir un peu. C’est mourir, tout court.
Le Mollah Omar
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