La sécurité alimentaire fait l’objet de braderie de la part de ses premiers responsables avec, en ligne de mire, Mme Lansry Nana Yaya Haïdara, fortement décriée pour sa gestion calamiteuse de cette structure qui avait pourtant donné une lueur d’espoir aux Maliens.
Le Commissariat à la sécurité alimentaire s’illustre aujourd’hui par une opacité criarde dans son fonctionnement. Pour assouvir sa cupidité, la Commissaire se livrerait à des irrégularités, en complicité avec certains responsables de ses structures rattachées, en l’occurrence l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM. Et il y a quelques mois, dans une de nos parutions, nous reprochions à l’ex-PDG de l’OPAM, Youssouf Mahamar Touré, de prendre un malin plaisir à brader d’importantes quantités à des opérateurs économiques. Une affaire qui avait bénéficié du silence du Premier ministre qui en était pourtant informé.
En effet, selon le rapport 2007 du Bureau du Vérificateur Général (BVG), le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) a procédé à des ventes à hauteur de 20 975,3 tonnes de céréales (mil et sorgho) et des ventes par offre publique (OP) à concurrence de 9 939 tonnes. « Les actions entreprises en matière de sécurité alimentaire n’ont pas contribué à améliorer efficacement et durablement la disponibilité des denrées de première nécessité. Entre autres, la gestion des exonérations ayant pour but de faciliter les approvisionnements n’a pas été conduite de manière efficiente et efficace… », indiquait, en substance, le rapport du BVG. Ce qui représente, pour l’Etat, un manque à gagner d’environ 20 milliards de FCFA, résultat de la fraude (34 %) et de la mauvaise gestion (66 %). « Par fraude, il faut entendre les fonds qui auraient dû être perçus, mais qui ne l’ont pas été, du fait, par exemple, des vols, usage de faux, détournements, minorations de recettes (fiscales, douanières et autres), non reversement des sommes collectées, dépenses sans aucune pièce justificative, doubles paiements d’une même prestation, etc. », ajoutait le rapport du BVG.
M. Touré braderait les céréales à ses complices Bakoré Sylla du GGB et Modibo Keïta de CDCM qui, à leur tour, les lui revendraient durant la période de soudure. Ces mêmes céréales seraient ensuite revendues aux populations à des prix hors de portée de leur bourse. Aussi, le conseil des ministres du mercredi 23 juin a nommé, à la place de M. Touré, son adjoint Bakary Diallo. Youssouf Mahamar Touré, qui agissait en complicité avec Mme Lansry Nana Yaya Haïdara, vient de devenir ainsi « l’agneau sacrificiel ». D’aucuns disent même qu’il est en passe de faire valoir ses droits à la retraite. Allez savoir. Toujours que c’est ainsi que sous nos cieux, on s’enrichit en suçant le sang des pauvres Maliens. Et quand on sait que le plus souvent, les dénonciations ne sont pas suivies d’effets.
Somme toute, il convient d’expliquer que la gangrène de la sécurité alimentaire vient d’être enlevée. Il ne reste plus qu’à chercher à cicatriser la plaie : ce qui ne sera pas une chose aisée, surtout avec la présence de Mme Lansry Nana Yaya Haïdara, toujours à la tête du Commissariat à la sécurité alimentaire, et à qui on reproche d’avoir versé dans le népotisme en attribuant le marché de construction de banques de céréales à un de ses jeunes frères. On lui reproche également d’avoir fait, du stock d’intervention de l’Etat, sa « caisse noire ». Dans sa gestion unilatérale de ce stock (qui doit pourtant venir en aide aux couches défavorisées), Mme Lansry Nana Yaya Haïdara n’en ferait qu’à sa tête.
Eu égard à l’énormité de ces malversations, surtout dans un pays dont le socle social est la solidarité et l’entraide, les plus hautes autorités ne devraient plus tarder à prendre les dispositions qui s’imposent, au risque de ne pas être traînées devant le tribunal de l’histoire.
Abdoul Karim Maïga