Second Quinquénat d''ATT : Le compte à rebours

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Un pays, si riche soit-il, fût-il même l’Eldorado, en proie à la corruption et à la délinquance financière, soumis aux diktats des lobbies et des oligarchies, livré aux convoitises mercantiles fomentées de l’extérieur et pris en tenaille par les intérêts étrangers, voit son avenir obéré, sa stabilité compromise, sa souveraineté tronquée, voire hypothéquée.
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rnPour le président Amadou Toumani Touré, le compte à rebours a commencé avec la rentrée gouvernementale du lundi dernier. La lettre de cadrage, sorte de feuille de route qu’il adressera bientôt au Premier ministre, en déterminera le rythme et la cadence. Mais cela va sans dire, il faut aller vite ainsi que l’a exprimé déjà à sa façon le tout nouveau ministre de l’Equipement et des Transports, le sémillant Ahmed Diané Séméga qui a dit à nos confrères de l’ORTM sa «hâte de commencer». Ce qui reste maintenant des cinq années qu’ATT doit passer à la tête de l’Etat n’incite pas en effet à marquer le pas. Aux plans national et international, les urgences pointées sont autant multiples que complexes. Le contexte est pour le moins délicat, caractérisé par une conjoncture difficile.
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rnSi au plan international les effets pervers de la mondialisation écrase l’économie des pays émergeants dont le nôtre à cause, entre autres et notamment, de la flambée du prix du pétrole dont le prix du baril a franchi la barre fatidique des 80 dollars, au plan national les attentes talonnent l’impatience. La forte demande sociale de nos concitoyens perceptible çà et là, les revendications catégorielles et sectorielles affichées, tout cela, au regard de l’ambition présidentielle inscrite dans le PDES conseillent plutôt de ne pas faire dans la lenteur. Le président de la République montre, et c’est positif, qu’il a une conscience claire des problèmes : «Face au monde d’aujourd’hui, ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin». D’où l’écho que lui a fait le Premier ministre Modibo Sidibé exprimant la ligne d’attaque et de rempart à travers «il faut servir et gérer autrement et à tous les niveaux».
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rnAppel à la vertu
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rnPour mériter du pays, le président de la République et le Premier ministre doivent certainement exiger des commis de l’Etat une probité morale et intellectuelle à tous les instants. En effet, la République, pas plus que les institutions de la République, ne peuvent se passer de vertu chez ceux qui les servent. La plus grande bataille pour ATT, pour ne pas laisser à la postérité un pays corrompu en 2012, c’est de mener une lutte farouche et résolue contre la corruption et la délinquance financière qui ont fortement assombri le visage de la nation les cinq dernières années.
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rnMême en ne perdant pas de vue la notion de «présomption d’innocence», force est de reconnaître que le Mali traîne une réputation de pays de cadres corrompus. ATT lui-même révéla, dans son discours à la nation à l’occasion du 22 septembre de cette année, que «de juin 2002 au 31 août 2007, j’ai reçu des différents services de contrôle un total de 722 rapports, dont 138 pouvant connaître des suites judiciaires, transmis au Procureur». Alerte ne peut sonner mieux. Avec plus de 700 rapports reçus en cinq ans, un calcul rapide indique une moyenne de 150 rapports par an.
rnPreuve que les services de contrôle n’ont point dormi. Bien au contraire, ils ont traqué sans relâche les malfrats et leurs turpitudes qui ont pour noms mauvaise gestion et détournements.
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rnPreuve aussi que le président de la République, destinataire prioritaire et privilégié de leurs rapports, a tardé à réagir. Pour quelles raisons ? La réponse, calculée ou spontanée, réside dans le pouvoir discrétionnaire du seul ATT.
rnLe chef de l’Etat, en recevant le gouvernement au grand complet le lundi, 8 octobre, a en tout cas averti : «Je serai particulièrement exigeant sur la gestion des ressources publiques».
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rnEn tenant, en la matière, à l’esprit de l’indépendance de la justice, il ne faut pas non plus perdre de vue le principe de précaution que recèle la prévention, voire la promptitude à déclencher l’action décisive dans une guerre contre un fléau, quel qu’il soit. Il s’agit d’abord de la responsabilité du président de la République, garant de la cohésion sociale et de l’équilibre de l’Etat.
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rnOr, un pays si riche soit-il, fût-il même l’Eldorado, en proie à la corruption et à la délinquance financière, soumis aux diktats des lobbies et des oligarchies, livré aux convoitises mercantiles fomentées de l’extérieur et pris en tenaille par les intérêts étrangers, voit son avenir obéré, sa stabilité compromise, sa souveraineté tronquée, voire hypothéquée. Autant de périls que le président gagnera à épargner au pays pour rester la légende du 26 mars 1991.
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rnEtat de grâce
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rnATT, a–t-il le dos suffisamment rond pour réussir le pari ? A priori, oui. Le nouveau gouvernement, à travers son chef Modibo Sidibé, a reçu bon accueil. A part, à notre connaissance, le désaveu signifié par le Parena, les autres formations politiques, même dans la critique, n’ont pas manifesté d’hostilités à son encontre. Il jouit donc d’un état de grâce que rien, dans l’immédiat, ne semble pouvoir troubler. Toutes proportions gardées, les partis de l’ADP ne chercheront pas sitôt d’anicroches avec le président de la République. Ils ont, à différentes occasions, affirmé leur volonté d’inscrire leurs actions dans la ligne de l’accompagnement institutionnel.
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rnLe président de l’Assemblée nationale et non moins président de l’Adéma-Pasj, Dioncounda Traoré, ne fait même pas l’économie du dithyrambe en faveur du chef de l’Etat. Quant au chef de l’autre poids lourd du Parlement (URD), de surcroît premier vice-président de l’institution, Younoussi Touré, il s’accommode parfaitement de la nomination par le chef de l’Etat d’un Premier ministre non partisan, en l’occurrence Modibo Sidibé à qui il reconnaît des qualités essentielles.
rnL’autre état de grâce viendra de l’opposition qui ne donne pas pour l’heure à penser qu’elle se radicaliserait outre mesure.
rnLa
mise en place du bureau de l’Assemblée nationale et la constitution du nouveau gouvernement ont sans doute rendu caduc le consensus à la malienne qui a prévalu les cinq dernières années, mais la démocratie n’est pas dans la défonce, loin s’en faut.
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rnLe parti SADI, par la voix de son secrétaire général, Docteur Oumar Mariko, n’avait ainsi pas écarté la possibilité de participer au gouvernement pour «servir le pays» s’il avait été consulté.
rnLe RPM d’Ibrahim Boubacar Keïta, l’autre composante n’a pas démontré, depuis sa création, qu’elle est adepte des stratégies frontales.
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rnIBK lui-même a dit, en des termes simples et heuristiques, le rôle que jouera sa formation : ne pas faire de cadeau au
rngouvernement, sans toutefois verser dans l’opposition pour l’opposition.
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rnFace à la rondeur de l’embellie ainsi annoncée pour ATT et les siens, le devoir commande le service vertueux de la République.
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rnAmadou N’Fa Diallo
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