Le chef de l’Etat malien, Amadou Toumani Touré, a choisi l’inauguration du pont de Wabaria pour réagir aux propos de ‘’Le Sphinx’’, l’anonyme auteur du pamphlet politique ‘’ATT- cratie, la promotion d’un homme et de son clan’’. C’était à Gao, le 22 septembre dernier.
Il aurait dû faire l’économie d’une telle gymnastique qui, du reste, lui sied très mal, lorsqu’on sait que, président de la république, il dispose d’une cellule spécialisée, rien que pour sa communication, sa bonne image et celle des membres de sa famille. Il revient à cette cellule la mission de lire le bouquin, relever les contrevérités et réagir avec des arguments irréfutables, au lieu de s’y prendre de façon timorée ou de tomber dans les vilenies.
Malheureusement, cette cellule qui regorge pourtant d’expertises, n’assiste-t elle pas, impuissante, aux sorties désordonnées du maître de Koulouba? Le contraire aurait cependant surpris, ATT jusqu’à preuve du contraire, voulant avoir le monopole de tout, à l’instar du seul coq de la basse- cour caquetant derrière toutes les poules et fouinant dans tous les foins : de la crise acridienne à ATT- cratie, en passant par les exo, les Accords d’Alger etc. Tant et si bien que c’est sa propre personne qui est devenu un fusible, pour dire à tel point il s’expose.
A Gao, ATT a profité de son discours précédant la coupure du ruban symbolique pour parler des logements sociaux et de leur mode de financement.
Nous ne cesserons jamais de le dire : Amadou Toumani, notre aîné que nous connaissons et que nous aimons profondément, n’est pas un ‘’homme à sous’’, à moins qu’il ne le soit devenu tout d’un coup sous l’effet de la moutarde du pouvoir, et peut-être aussi par la faute d’un proche voisinage cupide et impatient de se faire les poches en attendant la fin de son règne. Comment apprécier autrement l’exercice auquel se prête son ministre du Commerce, Choguel Kokala Maïga, subitement devenu grand propriétaire immobilier connu dans la zone ACI et jusque dans le cercle de Kati, à Diatoula ? Que dire, aussi, des ministres qui traitent de gros marchés avec à la clé de substantielles commissions indignes d’un vrai ‘’citoyen’’? Aujourd’hui, c’est l’affaire N’Diaye Bâ qui court les rues, pardon les chancelleries, pendant que le pouvoir, bien au fait de la chose, se tait. Comme pour couvrir les arrières d’un ministre plus ‘’griotique’’ que politique ? Notre ministre de l’Artisanat se prévaut-il encore du statut d’un ministre Cnid en mission au sommet de l’Etat ? Les militants et cadres de ce grand parti politique, acteur décisif de la révolution historique de mars 91, ont intérêt à ouvrir leurs yeux !
Sauver
Gênant, lorsque c’est le président lui-même qui s’essaie à l’exercice du démenti. ATT, encore une fois n’a pas surpris grand monde, lorsqu’on sait qu’à ce jour, il reste le seul haut responsable qui est son propre chargé de communication et le porte-parole de son régime. Ne court-il pas de grands risques ? Car, en apportant la précision sur la provenance des fonds ayant servi à la construction des logements sociaux, ne lève-t-il pas un pan douteux du voile, à savoir la participation à une seule reprise de l’Aci dans l’opération ? Pourquoi, cette institution qui a vocation à vendre des parcelles et depuis à construire et vendre des logements, refuse-t- elle de mettre la main à la poche dans un projet qui tient à cœur à lui ATT ? De l’argent jeté par les fenêtres ? L’Aci n’est pas une œuvre de bienfaisance et son Pdg ne devrait en principe pouvoir rien refuser à Koulouba, quand bien même ce qu’on ne dit pas haut et qui se raconte dans les salons, c’est que l’Agence a fait des offres de parcelles à des proches de la famille présidentielle. Pourquoi refuserait-elle alors de financer pour la majorité des Maliens amenée par le chef de l’Etat ? M. le président, laissons la parole aux griots et à ceux qui ont en charge la mission de remettre les pendules à l’heure, sinon….
La vérité derrière le livre de ‘’Le Sphinx’’ :
Vers la fin de l’année 2002, le régime bénéficiait d’un élan de sympathie des Maliens, parce que confronté à la crise ivoirienne et de ses conséquences, un impondérable qui a bouleversé toutes les prévisions, toutes les donnes pour un pays qui tire l’essentiel de ses revenus du port autonome d’Abidjan. L’état de grâce s’est prolongé avec la crise acridienne et la formidable solidarité du peuple à l’endroit de ses autorités qu’il croyait soucieuse de son sort. Pourtant, celles-ci feront preuve d’un incroyable laxisme dans la gestion de certains dossiers sensibles, à moins que l’incompétence ou la mauvaise foi ne soient passées par là.
En plus de la chute des niveaux et de la perversion des valeurs, l’école a touché le fond des abîmes avec les violences, dont l’assassinat de triste mémoire du jeune Papou de
Ces faits d’une rare gravité ont contribué, à n’en pas douter, à pourrir le climat social, à diviser les Maliens. Le pouvoir choisit son camp en se laissant berner par les sérénades des vautours plus occupés à se faire les poches qu’à remonter les signes de détresses réelles. C’est pour toutes ces raisons que les Maliens, de l’intérieur aussi bien que de l’étranger, courent derrière ce bouquin. Voilà le bon coup de l’auteur : Il a pris la température du peuple pour lui envoyer l’ouvrage sous la forme d’un exutoire
Si la tragédie de Somo pouvait inciter à plus d’humilité ?
Nous sommes nombreux à compter parmi les victimes du tragique accident de Somo, des jeunes frères, beaux-frères, cousins, amis ou simples connaissances. Ce drame, qui restera longtemps gravé dans nos mémoires, est une invite au pouvoir à se soumettre à une séance d’autocritique. Pourquoi, à chaque sortie du président de la république à l’intérieur du pays, ce sont des cars qu’on affrète et qu’on remplit de jeunes enfants, rien que pour aller chauffer l’atmosphère à blanc? Quelle est cette façon de faire de la ‘’mobilisation sociale’’ comme aiment à le répéter les thuriféraires de Koulouba ? C’est maintenant que le président ATT doit appeler à plus modestie, à plus d’humilité dans les rangs de ses laquais, parce que ce qui se passe dans notre pays fait de plus en plus peur. La preuve : des semaines et des semaines pour fêter un anniversaire d’investiture, des centaines de jeunes transportés d’une ville à une autre pour tout simplement applaudir le chef. Quel gâchis ! Non, revenons sur terre ! Pendant qu’il est temps ! Ces trouvailles de citoyens en panne d’initiatives, agacent, frustrent voire révoltent les Maliens, notamment cette majorité silencieuse. Même si elle ne le crie pas sur les toits comme ‘’Le Challenger’’.
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