Les institutions de Breton Woods, partout où elles interviennent contribuent à enfoncer davantage les pays dans le bourbier de la dette. Pyromanes, elles affirment sauver les pays pauvres, en leur prêtant de l’argent non seulement à fort taux d’intérêt, mais surtout en posant des conditions aux conséquences économiques et sociales dévastatrices. En ce qui concerne le Mali, notre ancien président, Alpha Oumar Konaré et son complice et Premier ministre de l’époque, Ibrahim Boubacar Keïta, en vue de plaire au FMI, n’ont pas hésité à vendre à vil prix les organes économiques de son pays. Nous vous livrons ici quelques exemples de ce gâchis.
La crise de la dette résonne comme un coup de tonnerre dans le monde politique et économique. Les institutions internationales, censées réguler le système et prévenir les crises, n’ont rien vu venir. Dès qu’un pays est contraint de stopper ses remboursements, le Fonds Monétaire International (FMI) arrive en pompier financier. Mais un drôle de pompier, qui a exacerbé le vice des pyromanes. Plus personne d’autre ne veut prêter à ces pays qui ne peuvent plus rembourser. Le FMI est leur seul recours. Il accepte de prêter l’argent nécessaire (qui permet surtout de sauver les créanciers, souvent privés du Nord), au taux fort bien sûr, mais à condition que le pays concerné accepte de mener la politique décidée par ses experts : ce sont les fameuses conditionnalités du FMI. En un mot, la politique économique de l’Etat endetté passe sous contrôle du FMI et de ses experts ultralibéraux.
Là se situe l’apparition d’une nouvelle colonisation : une colonisation économique. Même plus besoin d’entretenir une administration et une armée coloniale sur place, le mécanisme de la dette se charge tout seul de gérer la dépendance. Les mesures préconisées sont inscrites dans un Plan d’ajustement structurel (PAS), qui correspond toujours au même schéma : abandon des subventions aux produits et services de première nécessité : le pain, riz, sucre, combustible, austérité budgétaire et réduction des dépenses, en général, baisse drastique des budgets sociaux « non productifs » ( santé, éducation, subventions aux produits de base), dévaluation de la monnaie locale, taux d’intérêts élevé pour attirer les capitaux étrangers avec une rémunération élevée, production agricole toute entière tournée vers l’exportation ( café, coton, cacao, arachide, thé etc.) pour faire rentrer des devises, donc réduction des cultures vivrières et déforestation pour gagner de nouvelles surfaces, ouverture totale des marchés par la suppression des barrières douanières, libéralisation de l’économie, notamment abandon du contrôle des mouvements de capitaux et la suppression du contrôle des changes, fiscalité aggravant encore les inégalités avec le principe d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la préservation des revenus du capital, privatisations massives des entreprises publiques, dont un désengagement de l’Etat des secteurs de production concurrentiels. La potion est très amère.
Comment le FMI a contraint Alpha à vendre le Mali
Alpha Oumar Konaré, est élu président de la République du Mali en 1992, après la dictature du Général Moussa Traoré. Sa politique fut docile à l’égard du FMI et son but était le rétablissement des grands équilibres macro-économiques. Il s’appliqua à promouvoir les activités marchandes privées et à assainir le secteur public, comme on le veut le FMI. Les effectifs de la fonction publique passèrent alors de 45 000 en 1991 à 37 700 en 1998, et les salaires publics subissèrent une baisse en valeur réelle comprise entre 11% et 18%.
La pression fiscale est passée de 8,5% en 1988 à 14% en 1998, tandis que les dépenses courantes sont passées de 15% du PIB à 10,8%. Une misère avec laquelle pourtant le gouvernement était tout fier, dont il en déduisait auprès du FMI, que sur le plan des grands équilibres, « la politique d’ajustement a permis une amélioration notable » !
Pourtant le niveau de vie des populations n’avait pas décollé pas pour autant. Quelques chiffres suffisent à cet effet : en 1999, le taux brut de scolarisation primaire était de 56% ; le nombre moyen d’élèves par enseignant dans le primaire était de 79. 27% des enfants de moins de 5 ans souffraient de malnutrition ; 59% de la population avait accès à un centre de santé à moins de 15 kilomètres ; 17% des logements avaient l’eau courante, alors que seulement 12% de la population avait accès à l’électricité.
Abdoulaye Diakité