Rien ne va plus entre les travailleurs de l’Office des produits alimentaires du Mali (Opam) et leur direction. Les premiers accusent la seconde d’avoir pris des décisions suicidaires pour la structure, la seconde dément et dénonce une agitation malveillante.
Selon les travailleurs de l’Opam, qui ont organisé une assemblée générale extraordinaire la semaine dernière, les premières décisions prises par la nouvelle directrice, nommée au cours de la transition, sont de nature à dilapider les sous de la structure laquelle traverse déjà la plus grave crise financière de son histoire.
Plus grave, ces décisions impopulaires seraient prises unilatéralement par la directrice générale, sans avis du Conseil d’administration et en violation flagrante des règles de fonctionnement de l’Opam.
Les décisions de Mme Dembélé Orokia Dembélé qui semblent mettre le feu à l’Opam, concernent principalement le transfert des Dépôts à terme de l’Opam (DAT) de la Banque régionale de solidarité (BRS) à la Banque du sahel pour l’investissement et le commerce (BSIC) et un audit organisationnel qu’elle veut réaliser sur les fonds de l’Opam.
Ces décisions semblent être rejetées par tous les travailleurs. La preuve, tous les travailleurs présents à l’assemblée générale extraordinaire de ce mardi passé, ont dit non aux décisions de la DG.
«Il s’agit des décisions qui n’ont aucun intérêt pour l’Opam si ce n’est pour l’intérêt de la directrice. Nous n’avons aucun problème avec la BRS, mais nous ne savons pas pourquoi la directrice exige le transfert des DAT à la BSIC. Aussi, nous estimons qu’au moment où l’Opam traverse un problème sérieux de trésorerie, un audit organisationnel ne peut être menée sur ses fonds », a expliqué Bocari Soufoutera, secrétaire général du comité syndical mais aussi, chef comptable à l’Opam.
Pour lui, l’Opam a d’autres problèmes sérieux à résoudre qui ne sont pas le transfert des DAT et l’audit organisationnel. «Je pense que la nouvelle directrice doit chercher à recouvrer les 1,4 milliards CFA de créances de l’Opam auprès de l’Etat malien et les ONG pour régler le problème de trésorerie, au lieu de nous parler de faux problèmes», a indiqué M. Soufoutena.
Rappelons que le délai des DAT de l’Opam au niveau de la BRS est de trois mois, renouvelable automatiquement. Toutes choses qui permettent de payer les travailleurs sur les intérêts des DAT. Mais la directrice veut transférer ces DAT à la BSIC, afin de prolonger le délai à deux ans.
Il se trouve que les premières victimes de cette politique seront les travailleurs. A en croire, M. Soufoutera, si cette décision de la directrice passe, les travailleurs ne percevront plus leurs salaires à la fin du mois. C’est pourquoi, les travailleurs ont juré de faire obstacle à ces décisions. Dans les prochaines heures, ils entendent informer, par écrit, le ministre de tutelle, le Commissaire à la sécurité alimentaire et tous les acteurs du secteur. «Nous n’hésiterons pas de décréter une grève, s’il le faut », menace le secrétaire général du comité syndical.
Quant à la directrice de l’Opam, Mme Dembélé Orokia Dembélé, elle ne veut pas non plus revenir sur ses décisions. Mieux, pour se faciliter la tâche, il n’a pas hésité à relever, cet après-midi, le directeur financier et le chef comptable de l’Opam respectivement El Hadj Touré et Bocari Soufoutera lesquels résistent à ses décisions.
C’est dire que désormais c’est la guerre ouverte entre la directrice et les travailleurs de l’Opam
Nous avons été saisis par un membre de la direction qui dément les allégations de ce comité syndical qu’il qualifie d’agitateur. Pour lui, aucune décision compromettante n’a été prise par la directrice et ces agitateurs ont intérêt à la fermer.
Yattara Ibrahim