Après le scandale des 100 millions de thé au ministère de l’Equipement et des Transports, un autre scandale de même nature défraie la chronique aujourd’hui au Mali. Il s’agit du véhicule de mission de l’Office Malien de l’Habitat, de marque Toyota Land Cruiser immatriculé K – 2563 réparé à 21 millions de F Cfa.
A en croire le bureau du Vérificateur général qui a levé le lièvre, ce véhicule a englouti beaucoup d’argent au cours de sa durée de vie. Pour la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Etat (CASCA) qui a repris l’information dans son dernier rapport, lumière doit être faite sur cette affaire des frais de réparation.
Quant aux maliens lambda qui courent jour et nuit derrière la pitance quotidienne, c’est la preuve manifeste de la mauvaise gestion des fonds publics, de la gabegie et de la corruption généralisée.
Face à toutes ces récriminations, les responsables de l’Office Malien de l’Habitat ont décidé de sortir de leurs réserves pour expliquer en réalité ce qui s’est passé. Et dire comment ces 21 millions de F Cfa ont été engloutis dans les frais de réparation de la Toyota Land Cruiser K – 2563. Selon eux, tout est parti de la mission de vérification du bureau du Vérificateur général à l’OMH. Les vérificateurs, diront-ils, ont fait le cumul des frais de réparation durant les dix ans de vie dudit véhicule. «Tout cet argent a servi aux frais de réparation. L’OMH qui avait demandé de le réformer n’a pas été suivi», feront-ils savoir.
Selon un responsable de l’OMH, ce véhicule de marque Toyota Land Cruiser a été acquis le 28 novembre 2000 c’est-à-dire près de 10 ans aujourd’hui. Il a été largement sollicité pour les missions de l’OMH devant se rendre dans tous les sites à travers le pays abritant les logements sociaux. Pour chaque programme de réalisation des logements sociaux, ledit véhicule était le seul à faire les missions de visite de terrain, d’explication et de sensibilisation sur le programme à réaliser ; de suivie et de contrôle de l’exécution des travaux et aussi d’inauguration desdits logements sociaux.
«Pour le seul motif que le Conseil d’administration n’avait pas marqué son accord pour son remplacement nonobstant les multiples dépenses engagées dans sa réparation», nous expliqua-t-il. Selon le même responsable de l’OMH, l’achat d’un autre véhicule de mission n’a été autorisé enfin que par la 22e session du Conseil d’administration de l’OMH tenue le samedi, 15 décembre 2007.
Les différents ordres de mission qui nous ont été présentés témoignent d’ailleurs de l’ampleur des missions effectuées par ledit véhicule.
Ces mêmes explications, nous informe-t-on, ont été données à la mission de vérification du bureau du Vérificateur général qui a fait le contrôle de gestion.
Pourquoi la version de l’OMH n’apparaît pas dans le rapport final ? Où est passé le principe du contradictoire ? Autant de zones d’ombre qui enfoncent aujourd’hui l’actuel patron de l’OMH, Moussa Baba Diarra.
La tête du Directeur général mise à prix
Au-delà de l’affaire de la réparation du véhicule de service à 21 millions de F Cfa, l’OMH est victime aujourd’hui de la guerre de clans entre ses différents responsables. La nomination récente d’un directeur général adjoint en serait la cause principale.
L’Office Malien de l’Habitat a-t-il besoin d’un tel tiraillement après ce qui s’est passé au temps du Fonds National de Logement ? Le Fonds National de Logement était une petite structure chargée simplement de la collecte de la taxe de logement. Au cours de cette collecte, des malversations ont été décelées par l’actuel directeur général. Près de 360 millions de F Cfa ont en effet fait l’objet de détournement et les auteurs ont d’ailleurs été condamnés par la justice. A cette époque, le budget du Fonds National de logement n’était que de 300 millions de F Cfa à peu près.
Le Fonds National de Logement a été restructuré en Office Malien de l’Habitat en établissement public à caractère administratif (EPA) avec une autonomie financière en 1996. Des nouvelles dispositions prises ont confié le recouvrement de la taxe de logement, principale ressource de l’OMH aux impôts et au trésor. Et avec le suivi rigoureux des recettes, le budget de l’OMH tourne à ce jour autour de 6 milliards de F Cfa.
C’est dire que Moussa Baba Diarra est parvenu à faire aujourd’hui de l’OMH une structure viable. Il a participé à toutes les négociations rentrant dans le cadre de la réalisation du partenariat public-privé dans les logements sociaux.
Mécanisme de financement de l’Habitat, l’OMH entre dans tout le processus des logements sociaux parce que l’Etat lui a transféré tout son patrimoine immobilier à savoir les différents programmes des logements sociaux ainsi que la gestion de la Cité de la Solidarité. Les 14 années de gestion sont-elles de trop à l’action visible sur le terrain ? Doit-on changer une équipe qui gagne et qui fait décidément l’affaire du prince du jour ?
Birama Fall