Nouveau Quinquennat d''ATT : 2007 ne sera pas 2002

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Elu en 2002, puis en 2007, sans surprise, le Président Amadou Toumani Touré a su éviter au Mali une autre turbulence politique majeure. En effet, la période 1997- 2002 a fortement perturbé les fondements de la démocratie pluraliste, chèrement acquise en 1991. C’est donc dans un contexte de cafouillage presque total qu’ATT a dû réconcilier, par le consensus, une classe politique fortement divisée.

Pour rappel, Ibrahima Boubacar Kéïta, qui “régnait en maître absolu” selon ses détracteurs, sous le mandat de Alpha Oumar Konaré, détenait les rênes de l’ADEMA et du pouvoir politique. De simple militant à la base, il s’était vite hissé à la présidence du parti de l’Abeille, en tant que Premier ministre. Pendant 6 ans, il avait dirigé, avec une “main de fer” ,dit-on dans le milieu des opposants d’antan. Parmi eux figurent aujourd’hui les grands acteurs du mouvement démocratique.

L’on se rappelle des conditions catastrophiques dans lesquelles les élections présidentielle et législatives de 1997 se sont déroulées. Presque tous ceux qui en avaient contesté les résultats avaient eu maille à partir avec le pouvoir, et certains furent maltraités, souvent emprisonnés.

Après l’arrivée du Président ATT au pouvoir en 2002, l’un des impératifs du moment était de réunifier les partis politiques rivaux et d’identifier les vrais problèmes du pays, en vue de leur résolution. C’est ainsi qu’en cinq ans, Amadou Toumani Touré a initié la construction de logements sociaux, de plusieurs infrastructures, dont les routes, de centres de santé communautaires, la mécanisation de l’agriculture, l’achat et la distribution des tracteurs, la gratuité de la césarienne, et surtout, des médicaments anti-rétro-viraux…

Le Chef de l’Etat est au contact permanent avec la population, à l’intérieur, comme à l’extérieur. Depuis son arrivée au pouvoir, tous les partis politiques sont représentés dans le Gouvernement et les différentes structures étatiques. En dépit des dénigrements et mécontentements de certains acteurs politiques et sociaux, beaucoup de responsables de tous bords ont participé à la gestion du pouvoir. C’est dire que la gestion des affaires publiques incombe à toute la classe malienne, sans exception, ni distinction.

Pourquoi un second plébiscite d’ATT ?

En 2002-2007, il a dirigé le pays sans être issu d’un parti politique, ses seuls atouts étant son patriotisme, son engagement pour le peuple malien, et surtout, une autre vision pour le développement du pays. Vu son bilan élogieux, les Maliens ont réclamé ATT, pour un second mandat. C’est donc sans surprise que le Chef de l’Etat, qui se réclame le candidat de la demande sociale, a été réélu avec 71,20%.

. C’est ainsi qu’un Projet de Développement Economique et Social (PDES) a été proposé aux Maliens, lors de l’investiture présidentielle du 8 juin 2007, au Centre International de Conférence de Bamako. Depuis, ce programme a été salué et approuvé par tous les maliens épris de changement. Mais pour faire aboutir ce projet, l’implication des élus de l’Assemblée Nationale est nécessaire. Aussi, la mouvance présidentielle a ratissé large, lors des consultations législatives de 2007. En attendant la validation de ces résultats, par la Cour Constitutionnelle , des structures et organismes à mettre en place sont nécessaires pour le bon fonctionnement de ce projet.

Dans un Etat démocratique, l’Exécutif ne peut être opérationnel qu’avec l’installation d’une Assemblée Nationale, surtout lorsqu’on sait que le mandat de l’ancien parlement est arrivé terme. C’est partant de cette nouvelle configuration de l’Assemblée Nationale que le Président Amadou Toumani Touré procèdera procédera à un remaniement ministériel. Fidèle aux idéaux du 26 mars 1991, Amadou Toumani Touré est conscient de l’importance des composantes d’une démocratie. Aussi, les plus grands partis politiques ont accepté de le soutenir.

Et les résultats de ces législatives l’ont du reste démontré. ATT peut donc compter sur ces acquis. Le peuple malien a vécu d’amères expériences politiques, lors du premier mandat, avec les différentes scissions des grands partis.

Ce qui, du coup, a déteint sur les scores électoraux de bien des candidats politiques, lors des présidentielle et législatives 2007. Pourtant, le processus électoral a été élaboré de commun accord avec les acteurs politiques et l’administration territoriale.

Tirant les leçons des echecs de ses prédécesseurs, et de l’histoire sombre de la démocratie malienne, entre 1997 et 2002, Amadou Toumani Touré entend désormais associer le monde politique (majorité et opposition) autour d’un idéal, pour l’avancée du pays et le bonheur de la population. C’est dire que, puisqu’il faut adapter les stratégies aux réalités du moment, 2007 ne sera pas forcément 2002.

Ainsi, conscient de la nécessité du changement de comportement et de mentalité, ATT a initié ce nouveau projet. Pour ce faire, il faut réunir les bonnes conditions de sa réalisation. Le Programme de Développement Economique et Social, qui sera bientôt en marche, permettra de prendre en compte toutes les revendications d’ordre économique, politique et social.

Sadou BOCOUM
3 Août 2007

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