De Modibo Kéïta on retiendra que ce grand patriote aimait le Mali, qu’il a tout de même violemment brimé une couche de Maliens au profit d’autres. De Moussa Traoré on peut retenir qu’en aimant le Mali il plaçait son pouvoir au-dessus de tout. Il a violemment brimé une couche de Maliens avant de permettre les tueries d’enfants de ce pays. Quant à Alpha Oumar Konaré, au lieu de dire qu’il aime ou qu’il n’aime pas le Mali, nous retiendrons plutôt qu’il tient à l’Adéma comme à la prunelle de ses yeux. Il a violemment brimé les étudiants et les opposants à son régime. ATT aime le Mali et l’ensemble des Maliens. Il faut le dire à haute et intelligible voix. Et pour causes ?
Modibo Kéïta était grand patriote, il aimait le Mali. Comme en témoigne son engagement franc, total et désintéressé. Car personne au Mali ne saurait montrer du doigt une villa du Président Modibo Kéïta. Le jour de son arrestation dont il avait les échos, il s’est rendu dignement pour éviter toute effusion de sang. Et faut-il rappeler que Modibo fut appelé au pouvoir, il n’a jamais demandé à être Président. C’était d’ailleurs la règle à l’USRDA, le responsable politique se distingue et les autres portent librement leur choix sur lui. Modibo a tout fait pour mériter cette confiance de ses camarades. En outre, le socialisme a beaucoup contribué à la promotion de Modibo en faisant de lui le chef de file de la révolution. Et comme on le sait, ce système est focalisé sur un guide dont on fait la promotion. Au Mali, le clan qui s’était fixé cette tâche était l’USRDA, son parti.
A Modibo on peut reprocher qu’il a violemment brimé une couche de Maliens (commerçants et responsables politiques du PSP arrêtés et torpillés pour leur opinion) au profit d’autres (USRDA). Son régime était devenu sanguinaire en raison des aléas du contexte : socialisme, lutte anti-impérialiste, exactions de la milice populaire… Modibo était-il victime ou coupable, allez en savoir !
De Moussa Traoré on peut retenir qu’en aimant le Mali, il aimait tellement son pouvoir que l’important pour lui était qu’on n’y touche pas. Ainsi les Kissima et Tiékoro ont tout fait jusqu’au jour où ils ont voulu toucher à la part du Lion. Comme on peut le dire à la suite de Moussa lui-même, ces deux noms symbolisaient la terreur. Leur arrestation a été fêtée par beaucoup de Maliens avant que Moussa ne sorte de sa toge pour montrer sa vraie face aux Maliens. Après avoir donc écarté les uns ou physiquement éliminé les autres qui étaient ses collègues « puissants » du Comité Militaire de Libération Nationale, après l’assassinat de Modibo et de Abdoul Karim Camara dit Cabral, Moussa a permis (c’est lui qui pouvait arrêter) les tueries d’enfants de ce pays, principalement les élèves et étudiants, de même que ceux qu’il appelait les badauds. Les os de citoyens maliens ont craqué sous le feu dans la boutique ADC au centre-ville de Bamako. Les Maliens ont enterré une centaine de jeunes filles et garçons en mars 1991. Ce fut lors de l’insurrection populaire (révolution de 1990-91) dirigée par le Mouvement Démocratique. Moussa Traoré était donc très imbu de sa personne et son clan était d’abord le CMLN auquel succéda le Bureau Exécutif Central de l’UDPM. Là, le contexte était celui du régime de parti unique avec un militaire zélé au pouvoir. La carte UDPM était un passe-droit.
Quant à Alpha Oumar Konaré, on mettra du temps à convaincre les uns de son patriotisme et les autres du contraire. Nous retiendrons de ce grand homme d’Etat plutôt qu’il tenait à l’Adéma comme à la prunelle de ses yeux. De ce pas, il n’a jamais réussi à se mettre au-dessus de la mêlée pour mieux incarner son statut de Président de tous les Maliens. Au gré des événements, il sera face à la radicalisation de l’opposition dont les ténors seront violemment emprisonnés suite à débâcle électorale de 1997. Des morts et des blessés seront victimes de cette situation, en rajoutant à la malheureuse situation née de la violence infernale au sein de l’école malienne où des responsables estudiantins ont été internés à la maison centrale d’arrêt de Bamako. Cependant sous Alpha, avec le contexte de multipartisme on ne saurait parler raisonnablement de la promotion d’un homme, mais l’on retiendra l’enrichissement flagrant des abeilles, constituant son clan (aujourd’hui Adéma, RPM, URD) avec leurs villas qui poussaient comme des champignons. Allez à Titibougou, vous verrez la résidence de Alpha Oumar Konaré et à Sébénikoro celle de Ibrahim Boubacar Kéïta son Premier ministre comptable des arrestations d’opposants et d’étudiants.
Au Sphinx, car c’est à lui que nous répliquons, nous dirons que Att a des défauts comme tout humain. Il présente même beaucoup d’insuffisamment notamment au niveau de la gestion des hommes qu’il a responsabilisés çà et là. Alors nous attendons que le Sphinx nous montre la pièce de rechange, notamment l’homme ou le parti qu’il faut à la place de Att. N’est-ce pas ce qui lui reste à faire, choisir à la place des Maliens en poussant à la révolte sur du faux afin d’en tirer les profits savamment orchestrés ?
Mamadou DABO
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