La preuve est faite qu’il n’est nullement aisé d’être maire d’une commune riveraine de la méga-pôle qu’est devenue Bamako. Déjà inextricable dans une capitale qui compte ses six communes, le problème foncier à Bamako a fortement déteint sur les communes des alentours.
Nous nous sommes fait l’écho, dans nos éditions passées, de la guerre ouverte autour de la place du marché central de Kalaban-coro. Car nous n’avons jamais compris comment un équipement collectif, en l’occurrence le marché de Kalaban, a pu être morcelé et vendu au plus offrant, dernier enchérisseur. Un marché d’une rare valeur, situé non loin des berges du fleuve Niger, sur une voie principale, parmi les plus fréquentées et par laquelle, la ville de Bamako s’est largement étendue vers le Sud-est. Dans cette commune, il n’y a d’ailleurs pas que le seul marché central de Kalaban-coro. Plus d’une dizaine de places de marchés de la commune dans la ligne de mire du nouveau maire Issa Bocar Ballo. Quand nous l’avions rencontré suite à un verdict du tribunal administratif le concernant pour fraudes électorales à l’issue des municipales du 26 avril 2009, le nouveau maire Issa Bocar Ballo énonçait ses priorités en ces termes : éducation, salubrité, sécurité, accès à l’eau potable, électrification, bitumage des routes, construction de ponts dans les villages…
Pour ce faire, le nouvel élu avait appelé sa population «à serrer la ceinture»
Quand nous sommes retournés sur les lieux, seulement une année après l’installation du maire Issa Bocar Ballo, nous avons été accueillis par une forte clameur de magouille. Surtout autour du marché central de Kalaban-coro qu’il fait morcelé et vendu. Les 76 000 habitants ne s’en remettent encore de l’empressement du maire Ballo à expédier le dossier du marché central. De quel soutien, autre que celui des habitants a-t-il pu bénéficier pour écarter certains membres du conseil municipal ? Et pour vendre le marché morcelé « à des nantis de Bamako », au détriment du plus grand nombre des pauvres de la commune de Kalaban-coro ? Bref, un passage en force du maire Ballo qui a fait que, un groupe de jeunes de Kalaban qui s’était opposé à sa manœuvre croupissent dans les prisons de Kati depuis le 25 mars dernier. Aucune des autorités de tutelle de la commune saisie du problème ne daigne encore lever le petit doigt pour ramener à la raison le maire Ballo et son adjoint, lui-même ancien maire de Kalaban-coro.
Dans la commune aujourd’hui des voix s’élèvent pour s’étonner comment celui qui demandait à la population de «se serrer la ceinture» se serait offert, en l’espace d’une année, un immeuble en étage à son domicile ? Question difficile à laquelle seul le maire Ballo a la réponse.
Seyni T. Kassambara