Lourd Passif du Gouvernement Pinochet : Modibo Sidibé déjà au pied du mur de la corruption d’Etat

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Le départ de Pinochet de la Primature n’est pas passé inaperçu, c’est le moins que l’on puisse dire. Surmédiatisation, déclarations d’auto satisfaction (l’homme n’en est pas avare), bilan élogieux: depuis mai 2004, le Mali n’avait visiblement jamais été autant bien dirigé et surtout mieux géré! De mémoire de Malien, on n’avait jamais assisté à un départ aussi tonitruant. Et pourtant Ag Hamani, Modibo Kéita, Mandé Sidibé, sont pourtant bien passés par là ; ont servi l’Etat et sont partis sans  aucun barouf. Et la question légitime: y a-t-il anguille sous roche?

De fait, on aura surtout assisté à une construction à la fois sémantique et sémiologique par vecteur cathodique, une de plus, destinée à enrichir le mythe que Ousmane Issoufi Maïga n’a jamais cessé de construire autour de sa personne. Il est point besoin de revenir sur bien des aspects sombres (voir édito). Il suffit simplement d’ausculter la santé économique du pays pour se rendre compte d’une réalité autrement triviale qui met en cause les actions, mais surtout la méthode. Car en fait d’actions concrètes, il faudrait certainement repasser! En sortant de l’ombre, le nouveau chef du gouveement ne manquera d’être aveuglé par une lumière plutôt crue, et pour cause !

Pinochet laisse un lourd passif à Modibo Sidibé, sur lequel, continuité de l’Etat oblige, le promu sera immanquablement jugé. Si IBK avait solidement établi sa réputation d’indécrottable pantouflard, la devise de Pinochet pourrait être “ il est urgent d’attendre”, tant l’immobilisme a caractérisé une équipe qui a raté consciencieusement tous les grands rendez-vous où l’on attend que des responsables gouveementaux s’assument: Affaires ATT-cratie et don d’argent de Gbagbo à ATT, Coup de semonce, puis dissidence de Fagaga suivie de l’insurrection armée du 23 mai, dont le couronnement aura été la bourde monumentale voire dangereuse pour la vie des otages aux mains des narco-rebelles, publiée par notre confrère Le Républicain, pinceaux emmêlés dans les crises acridienne et céréalière de 2004 et 2005, affaires sordides de passations de marchés de véhicules, des fouitures scolaires (25 milliards en cinq  ans dépensés par l’Etat, toujours au profit d’un même opérateur et toujours pour fouir les élèves maliens en manuels scolaires sans aucune évaluation), BTP comme récemment le marché accordé à Razel, le dossier électoral où malgré ses rodomontades, le sortant a laissé une ardoise financière qui sera sous peu brandie au nez de son successeur. Et l’on en passe des meilleurs, genre exonérations totales pour l’importation, généreusement octroyées souvent à des … morts, etc.

Mais le nec plus ultra en matière de corruption à grande échelle de la haute administration d’Etat, le marché du Programme de Vérification des Importations, avec son corollaire judiciaire dans lequel l’Etat a ramassé une gamelle. Résultat,  ici au bout de la course, non seulement Bivac, en moins d’un an multiplie les contentieux avec des opérateurs économiques, mais la quasi-totalité de ceux-ci et une bonne frange de l’administration douanière posent crûment la question de savoir comment l’Etat malien a pu accorder un marché aussi économiquement stratégique à une société dont tout le monde s’accorde sur l’amateurisme et le peu de professionnalisme. Un dossier à multiples facettes Le contrat qui lie Bivac à l’Etat malien a été signé pour une durée de trois ans, comme tout contrat classique de PVI.

Seulement, une des incohérences majeures consiste à adjoindre au PVI classique, le scanning au bénéfice également de Bivac, mais pour lequel il n’existe aucune base juridique. Si bien que de trois ans de délai signé, on se retrouve à huit ans fermes au bénéfice des mêmes acteurs, Bivac et CNPM, lequel ne dispose pourtant à son tour que d’un mandat de trois ans ! Subterfuges juridiques et entorses à la légalité, le ministre sortant des finances Abou-Bakar Traoré et Moussa Balla Coulibaly le président du CNPM n’ont épargné aucun effort pour parvenir à des fins sordides dont l’Etat paiera inévitablement la facture. Il faut sans doute inscrire à ce tableau, le récent séjour du Bureau du V égal à la DNCC puis au CNPM pour vérifier les comptes du PVl gérés par le CNPM, un contrôle de fonds public routinier mais qui a donné lieu à des découvertes particulièrement intéressantes.

Le nouveau Premier Ministre, qui n’est pas sans ignorer cette situation du poste privilégié qu’il occupait il y a peu, s’inscrira-t-il dans la continuité de ce déni de justice systématique auquel s’est adonné le précédent gouveement ?

Adama Dramé

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