Quand les services de recouvrement et de l’assiette de l’Etat toussent, c’est le pays qui s’enrhume. Pour guérir l’Administration malienne de sa « grippe de chat », le président de la république Amadou Toumani Touré vient d’entamer une purge. Après le traitement de choc contre tous les DAF, la semaine dernière, c’était, le tour hier des dirlos de la Douane, des Impôts, des Marchés publics et des Domaines et du cadastre de passer chez le coiffeur.
Mais qu’est-ce qui peut bien motiver ce traitement de cheval, administré à ces responsables? Le détournement du dénier public ou les malversations auxquelles ces hommes se sont rendus coupables au fil des ans ? Une certitude : la mauvaise gestion des fonds au sein des services de l’Administration malienne n’a pas manqué de susciter l’ire du chef de l’Etat. Non plus les accointances avec certains membres de l’équipe sortante.
D’abord, celle des partenaires financiers, qui en ont gros sur la patate, de colmater les brèches engendrées par cette mauvaise gestion au sein des structures de notre Administration et ses contre-performances. C’est que l’escarcelle du Mali à beau être garnie par les bailleurs, elle se trouve percée sans le sous vaillant comme un panier percé.
Ensuite, vient la colère du chef de l’Etat. A l’en croire, ce n’est pas la gestion du dénier public, qui doit être améliorée. Mais, celle des patrons de l’Administration, qui doit être corrigée ! Quand les services de recouvrement et de l’assiette de l’Etat s’enrhument, c’est le développement économique du pays qui tousse.
Aux grands maux les grands remèdes
A un an de la fin de son second et dernier mandat, à la tête de notre pays, le président ATT tente de prendre le taureau par les cornes. Mais aussi, de prouver au maliens que la lutte contre la corruption ne sera plus un vain mot.
« Aucun dossier, ni du vérificateur, ni des autres structures de contrôles ne restera dans mon tiroir. Tous les dossiers seront remis à la justice pour un examen minutieux…, », martelait le chef de l’Etat. C’était, lors de la remise du rapport 2010 du vérificateur à Koulouba.
Coup de tonnerre dans un ciel serein : après le limogeage de tous les DAF la semaine dernière, des dirlos tapis dans les entrailles de l’administration et qui n’entendaient que de s’éterniser à la tête de leur structure, viennent de faire les frais de leur « imprudence ».
Il s’agit, respectivement, du Directeur général des Douanes, le Colonel Amadou Togola ; du directeur général des Impôts, Dionkè Diarra ; du directeur général des Marchés Publics et des Délégations de Service public, Satigui Sidibé et du Directeur national des Domaines de l’Etat et du Cadastre, Kardigué Coulibaly dit Moriba.
S’agissant du boss des Douanes et des impôts, ils ont été rappelés à l’ordre pour leur contreperformance pendant ces derniers temps et le fait qu’ils traînent derrière eux des casseroles. S’y ajoutent, leurs accointances avec le clan de l’ancien PM. Quant à celui du marché public, il a été radié pour s’être mouillé les babines dans l’affaire du Fonds Mondial. Mais aussi, d’être lié à l’ancien ministre de la santé, Ibrahim Touré par un deal.
Enfin, quant à l’indéboulonnable dirlo des domaines de l’Etat et du cadastre, il est impliqué dans plusieurs trafics de lots. Aussi, il est soupçonné par le bureau syndical de sa structure d’avoir passé à la fourchette une partie des 0,6% des primes de l’année 2010 attribuées aux travailleurs par l’Etat. Un montant qui s’élève à 300 millions de francs CFA.
Face à ces gabegies en séries, le conseil des ministres d’hier, a décidé de mettre ces détourneurs en rond sur la paille. Une manière d’annoncer aux maliens que le général ATT vient de porter son béret rouge contre les détourneurs en rond. Mais aussi, que le président de la république a la volonté de donner un signal fort dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière.
Et comme pour dire à ces désormais ex-dirlo, que c’est la fin des haricots, le conseil des ministres a nommé à la tête de la Douane Modibo Maïga (Inspecteur des douanes) ; au niveau des Impôts Amadou Ba Aly Traoré (Inspecteur des Impôts) ; à la direction des marchés publics Sidi El Moctar Ba (Inspecteur du Trésor) et au domaine de l’Etat et du cadastre Imarane Abdoulaye (ingénieur des constructions civiles).
Du coup, c’est le sauve qui peut au sein de ces structures. Où tous ces anciens dirlos sont épinglés par les rapports du Végal ou par ceux de la CASCA pour avoir dégusté à la petite cuillère, des milliards de nos francs. Soit à travers des marchés fictifs. Soit à travers des marchés de gré à gré.
Certains de ses responsables, qui ne détenaient pas le « sous vaillant » à leur nomination, se sont enrichis. Mais aussi, ils ont amassé des fortunes pour leur lointaine descendance. Avant de s’octroyer à prix de diamant des forteresses dans notre pays ou à l’étranger. D’autres sont devenus des nantis parce qu’ils ont blanchi leurs argents sales en devenant des actionnaires majoritaires dans certaines banques ou agences immobilières de la place.
En attendant, nos concitoyens se posent la question de savoir si le président ATT va continuer sur cette lancée.
Jean pierre James
