Les Élus sont-ils forcément patriotes ?

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Ils sont fiers d”avoir été élus et le laissent volontiers entendre, surtout quand on les compare aux ministres. Ils s”étonnent que ceux-ci soient mieux  traités et mieux considérés, alors qu”ils ne sont que des exécutants (étymologiquement en effet ils sont des " hommes de main "), tandis qu”un député est, à l”origine, un noble, un patricien, c”est-à-dire appartenant à une catégorie d”hommes qui a longtemps méprisé l”instruction, considérant que la guerre est son métier et que le pays lui appartient.

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 Il en est de même pour les élus locaux, les conseillers municipaux. En cette ère de démocratie, les uns et les autres se recrutent parmi les meilleurs, les aristocrates (par la naissance ou par l”argent), les notables de la circonscription. Si en la matière le cas des régions féodales du Nord est flagrant, avec des candidats " visibles " par la couleur ou par le nom, il en de même pour toutes les autres villes, même si, depuis l”indépendance, on observe la venue de candidats du peuple, c”est-à-dire de basse extrace. C”est sur ceux-là qu”on veut exercer l”attrait de l”argent avec 2 millions de francs Cfa pour le salaire mensuel, 10 millions pour s”installer, 4 millions d”indemnités,  sans compter les 120 jours de sessions ordinaires par an à raison de 50 mille francs de frais par jour.

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Qu”on ne soit donc pas surpris de voir les jeunes gens et les jeunes filles se ruer vers l”or parlementaire, alors que l”auguste enceinte de Bagadadji ne devrait accueillir que des vieux et des vieilles plus soucieux de se préparer une bonne place dans l”autre monde que dans celui-ci, d”où la sagesse qu”on leur reconnaît. Et il vaut mieux pour la jeunesse, qui a de son côté la force, le courage et l”intelligence, d”aller au bout du monde pour tenter de faire fortune.

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Quant aux jeunes femmes, elles ne sont pas faites pour diriger la Cité, ni pour y légiférer, vu leur grande émotivité (une éminente qualité par ailleurs selon Senghor) : elles sont les premières à le reconnaître, mal gré qu”en aient certaines ONG. Elles ne sont donc pas les meilleures porte-parole des femmes, pas plus que les députés qui ont voté récemment la faramineuse augmentation de salaire (en l”absence d”IBK, signale-t-on), ne sauraient pour cela être considérés comme de bons porte-parole pour les hommes.

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Qu”en est-il des maires ? Ils sont vraiment gâtés, avec les deux mamelles auxquelles ils se nourrissent : la terre et les taxes municipales. Ces élus locaux dont ATT disait qu”ils avaient une tâche plus ardue que celle de président de la République sont de véritables roitelets, même si, à la suite des nombreuses affaires louches dans lesquelles ils se mettent avec les spéculateurs fonciers, nombre de maires finissent leur mandat en prison. Ainsi, la rue 251 à Magnambougou, était une des plus larges de la capitale, l”artère aorte de ce quartier loti par les Américains, avec des ruelles à vous faire penser à nos petits villages d”autrefois. Cette avenue de plus de 100 mètres de large n”est plus qu”une petite rue.

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En effet, ses deux tiers sur le côté Sud ont été cédés (on devine à quelles conditions) à des particuliers qui s”empressent d”y ériger des bâtiments. Toutefois, le maire de cette commune n”a fait qu”imiter l”Etat lui-même dans l”opération ACI à Hamdallaye, lorsque l”ex-zone aéroportuaire, qui devait servir d”espace d”aération à l”Ouest de la capitale, a été morcelée et vendue à coups de millions. N”est-ce pas ainsi que dans nos villes il n”y a pratiquement plus d”espaces verts ni de places publiques, celles qui restent étant violemment disputées par les jeunes qui veulent en faire leurs terrains de jeux ?

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De telles rébellions sont saines et sont la véritable vocation d”une jeunesse saine, qui ne cherche pas à s”asseoir prématurément sur le mirador public. Tout le monde a dans la tête les terribles phrases de la chanson du groupe Tata Pound sur les maires, déshonorant gravement les Honorables locaux. C”est aussi peut-être pourquoi ATT, chaque qu”il évoque les responsables nationaux, emploie le mot " patriotes ", ces hommes qui, loin de profiter de la loi, font, en dépit des imperfections toutes naturelles de celle-ci, du bon travail pour leur pays.

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Ibrahima KOÏTA

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