Le nouveau président, élu dimanche dernier en Mauritanie, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, doit désormais relever de nombreux défis dans un pays marqué par les séquelles de l’esclavage, officiellement aboli en 1981, et des violences interethniques de 1989-1991.
Cet ancien ministre issu de la communauté majoritaire des Arabes, rentré au pays en 2003 après après plusieurs années, se donne comme priorité de bâtir un Etat de droit et promet de raffermir l’unité nationale de son pays exposé à des problèmes ethniques et socioéconomiques.
Il promet notamment la réhabilitation dans leurs droits de centaines de négro-mauritaniens qui ont souffert d’exactions et de plusieurs milliers autres qui ont été expulsés vers le Sénégal et le Mali entre 1989 et 1991. La minorité négro-mauritanienne vit dans le sud du pays, près du fleuve Sé-négal, région où il est largement arrivé en tête au second tour. Avant sa victoire, il s’était engagé à «régler le problème des réfugiés en un an, voire six mois».
Il doit aussi s’attaquer au problème de l’esclavage. Les cas qui subsistent encore «seront sévèrement punis», a-t-il promis, et «une législation spéciale criminalisant l’esclavage» sera adoptée.
Les anciens esclaves, frappés de plein fouet par l’extrême pauvreté, bénéficieront d’une «politique de discrimination positive, prévoyant des programmes économiques ciblés».
Les observateurs soulignent que le soutien décisif apporté à Ould Cheikh Abdallahi au second tour par le seul candidat issu de la communauté des Haratines (ex-esclaves), Messaoud Ould Boulkheir, connu pour son militantisme en faveur de cette communauté, lui facilitera la tâche.
Outre le dossier sensible de l’unité nationale, d’autres défis attendent cet homme discret, adepte du «consensus». Ces grands défis sont multiformes et se posent en terme d’urgences que le nouveau président sera amené à prendre à bras-le-corps.
Parmi ces défis, on cite la question des droits de l’Homme ; l’amélioration du niveau de vie des populations. En Mauritanie, pays en grande partie désertique, peuplé de 3,1 millions d’habitants, un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Et l’exploita-tion du pétrole depuis un an n’a pas encore fondamentalement changé la donne.
«La ménagère doit sentir les effets induits du pétrole et des autres richesses du pays au niveau de sa casserole, le travailleur au niveau de son traitement (salaire) et le chômeur par la multiplicité des possibilités de travail dans les secteurs porteurs», estime Ahmed Ould Dah, spécialiste en économie.
En somme, le plus dur reste à faire pour le nouveau président mauritanien.
Mahamadou Diallo
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