Le tout nouveau ministre de la justice, Maharafa Traoré, au pôle économique : «J’ambitionne d’imprimer un nouvel élan à la lutte anti-corruption»

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Pour sa toute première sortie, le tout nouveau ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Maharafa Traoré, s’est rendu hier, lundi 15 octobre, au pôle économique de Bamako, sis dans le quartier huppé de Hamdallaye ACI 2000. Là, il a trouvé le tout-puissant procureur anti-corruption, Sombé Théra, entouré de ses collaborateurs. Ensemble, ils ont visité les locaux qui abritent cette structure de la Justice, spécialisée dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière. L’occasion était donc bonne pour le ministre Maharafa Traoré d’afficher ses intentions : « J’ambitionne d’imprimer un nouvel élan à la lutte contre la corruption et la délinquance financière, tout en respectant les principes cardinaux de la Justice à savoir la présomption d’innocence et le droit de la défense ».

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L’hôte du pôle économique a donc visité les nombreuses salles non-équipées du  bâtiment imposant dans lequel travaillent les magistrats, les officiers et agents de police judiciaire. Ensuite, il a constaté, de visu, les nombreux dossiers, entassés dans le bureau du procureur Théra. Ce dernier lui a montré le dossier qui se trouvait sur sa table et qui  selon lui-même est en voie de règlement. Il s’agit d’un dossier de la BMCD concernant Seydou Diarra dit platini. L’affaire remonte en 1999.

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D’où l’étonnement du ministre qui s’est interrogé en ces termes : «combien de temps un dossier peut-il prendre avant d’être jugé ?».«Il n’y a pas de temps précis et ça dépend surtout de la complexité du dossier», a répondu le procureur Sombé Théra.

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Son armoire est également rempli de dossiers, notamment ceux de la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration (CASCA) et du Vérificateur Général (nous reviendrons dans nos prochaines parutions sur les nouveaux dossiers envoyés au pôle économique).

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En outre, le Garde des Sceaux a rencontré tous les travailleurs de ce service sensible de son département. Votre fidèle serviteur n’a pas été autorisé à suivre cette rencontre.

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Auparavant, le ministre Traoré s’était prêté à nos questions. C’est ainsi qu’il nous a expliqué le sens de sa visite au pôle économique, en des termes très clairs : «La lutte contre la corruption et la délinquance financière est une des priorités du second quinquennat du président, Amadou Toumani Touré. Elle est inscrite en bonne place dans le Programme de Développement Economique et Social (PDES) sur la base de laquelle ATT a été réélu. Il faut donc tout faire pour tenir cette promesse. Il nous revient, en tant que ministre de la Justice, Garde des Sceaux, de traduire en actes concrets l’engagement du président relatif à la lutte contre la corruption et la délinquance financière. C’est dans cette optique que j’ai décidé de visiter le pôle économique d’abord avant de prendre contact avec les autres services relevant de mon département. Nous attachons de l’intérêt à ce service et j’y suis pour m’enquérir des conditions de travail du personnel, identifier les goulots d’étranglement, les problèmes et y apporter les mesures correctives. J’attache une grande importance au traitement rapide des dossiers. Nous y tenons et nous essayerons de dégager les voies et moyens idoines pour une bonne distribution de la justice».

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En clair, le ministre Maharafa Traoré n’a pas caché ses intentions : «J’ambitionne d’imprimer un nouvel élan à la lutte contre la corruption et la délinquance financière, tout en respectant les principes cardinaux de la Justice, à savoir la présomption d’innocence et le droit de la défense».

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Par ailleurs, nous avons demandé au procureur Sombé Théra de nous présenter le pôle économique. Il ressort de son intervention que les pôles économiques sont au nombre de trois en République du Mali. Ils sont institués au niveau des Cours d’Appel de Bamako, Kayes et Mopti. Celui de la capitale relève directement du procureur du tribunal de première instance de la commune III.

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50 dossiers en cours d’instruction et 50 autres devant la brigade, selon le procureur Théra

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Leurs missions est, entre autres, de procéder aux enquêtes et à l’ouverture d’une information sur des infractions relatives au blanchiment, à la concussion, aux délits d’initiés, aux infractions concernant le code des marchés publics et à toutes formes d’atteintes aux biens publics ainsi que la corruption.

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Le pôle économique, selon Théra, a un parquet spécialisé, fort d’un ou de plusieurs substituts, de trois cabinets d’instruction (deuxième, cinquième et sixième) d’une brigade économique et financière dirigée par un colonel de la gendarmerie, de 15 officiers et de 9 agents de police judiciaire et de plusieurs assistants spécialisés. Il s’agit des fonctionnaires de l’Etat qui ont une expertise pointue dans le domaine financier et économique.

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Cependant, l’orateur n’a pas omis d’égrener quelques difficultés portant sur l’insuffisance du personnel par rapport au volume du travail et au manque criard de matériel de travail.  

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Interrogé sur la lenteur dans le traitement des dossiers judiciaires, le procureur Sombé Théra a laissé entendre que le travail se fait normalement et qu’une cinquantaine de dossiers est en cours d’instruction.

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Autant de dossiers sont pendants devant la brigade d’investigation et certains en provenance du Bureau du Vérificateur et de la CASCA sont devant le parquet.

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C’est dire qu’une nouvelle ère s’ouvre pour la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Sera t-elle la bonne ?

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Chahana TAKIOU

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