L’élection du général Amadou Toumani Touré à la tête de l’Etat en 2002 a produit le désordre dans les rangs, en divisant la société malienne en trois ordres : les citoyens, les compagnons et les autres. Tous se regardent en chiens de faïence.rn
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Le Mali en est, à ce jour, à sa IIIe République, ce qui fait trop pour un Etat qui n’a pas un demi-siècle d’existence. La Ire République (1960-1968), au prix de mille sacrifices, a réussi à redonner à notre société sa dignité confisquée par plus de 50 ans de colonisation ; le régime suivant, qui fut plus un empire pourri qu’une République, fait d’un régime d’exception (1968-1978) et d’une bureaucratie militaire (1978-1991), nous a encore rendu aussi esclaves que sous la colonisation.
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Les événements de mars 1991 ont permis à Alpha Oumar Konaré de nous relancer dans la course des nations fréquentables, mais cette marche connut un coup d’arrêt à partir de 2002, suite à l’élection présidentielle qui a porté ATT au pouvoir.
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Sur cette élection, tout a été dit et écrit, même la grande fraude qui l’a caractérisée et qui a permis au perdant de devenir le vainqueur, les diplomates du Quai d’Orsay veillant au grain. Quoi qu’il en soit, alors que jusqu’ici, dans ce pays, il n’y avait qu’un seul peuple travailleur et uni, cette élection a amené du désordre dans nos rangs, en divisant la société en 3 ordres : les citoyens, les compagnons et les autres, tous se regardant en chiens de faïence.
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Notre champ politique s’est inutilement alourdi des citoyens en 2002, lesquels ne sont pas sortis de terre mais bien du contexte politique de l’époque dominé par le hold-up électoral. Le troupeau est hétéroclite et composé de tous les profiteurs qui, convaincus que le général est trop sensible aux flatteries, ont décidé de vivre à ses dépens.
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Au départ, ce mouvement bizarroïde était composé de gens sans position politique claire, par la suite, ayant constaté qu’il y avait suffisamment à boire et à manger dans l’affaire, ont rejoint le bateau tous les affairistes et tous les opportunistes politiques qui ont deviné et compris qu’ils peuvent facilement s’enrichir dans le voisinage d’un général qui a décidé de régner sans gouverner.
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Dans leur progression, fidèles à leur vocation d’enfants illégitimes de la IIIe République, ils se sont empressés d’accaparer tous les honneurs et toutes les places juteuses de la nation. Maintenant, des partis politiques, incapables de gagner la moindre élection et qui, de ce fait, ne sont représentatifs que de leur bureau, se sont aussi mis dans la mouvance des citoyens auxquels, par la bénédiction de Koulouba, sont reconnus tous les droits y compris voler l’Etat impunément, embastiller ceux qui ne soufflent pas dans la même trompette que le général et naturellement maltraiter durement les irrévérencieux qui ont le toupet de lui disputer le pouvoir offert à lui sur un plateau d’argent en 2002.
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Chaud devant
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En réalité, les citoyens sont si forts et coriaces que sous leur pression des chefs de l’Office du Niger, confondus et attrapés pour des affaires de détournement de deniers publics se chiffrant à plusieurs centaines de millions de F CFA, ont été libérés en toute impunité. Le Vérificateur général, qui aurait dû démissionner suite à ce cinglant désaveu à lui affligé par plus vérificateur que lui, n’en eut que ses yeux pour pleurer comme une Madeleine injustement corrigée.
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Beaucoup voient en eux des prédateurs de l’économie nationale, mais eux-mêmes, se cachant derrière un discours aux accents faussement patriotiques, se posent en seuls vrais fils dignes du pays prêts à se sacrifier pour la patrie. Pas du tout modestes, certains barons de la chapelle, en privé n’hésitent pas à confier : « L’Etat et la justice, c’est nous ».
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Les compagnons, c’est-à-dire les membres de la petite opposition, ont mis du temps à comprendre le jeu et les ambitions des citoyens et ont pour cela le réveil pathétique en réalisant que le pouvoir était accaparé par un clan vorace et qu’il n’y avait aucun moyen de s’en approcher. Même de grands partis politiques ont dû se faire tout petits, accepter le diktat des citoyens pour prétendre à une place autour de la table à Koulouba et à la Primature.
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L’histoire fut cruelle pour les compagnons, car pacifistes jusqu’à la déraison, ils se sont laissés voler la victoire en 2002 et ont espéré sur une hypothétique collaboration au nom d’un consensus qui n’a jamais fait l’objet d’un débat public sérieux, mais qui fut porté sur les fonts baptismaux par tous les partis politiques de la place. Ayant un pied dans le pouvoir et un autre dehors, par peur de l’affrontement, les compagnons se sont montrés pleins de bonne volonté, mais face à l’intransigeance du camp adverse décidé à leur rendre gorge, ils ont fait leur mea culpa et compris qu’un pouvoir ne se négocie pas, mais se gagne. Alors, à temps, semble-t-il, ils ont déterré la hache de guerre et sont montés au front avec leur chef qui a l’air de considérer les citoyens pour des politiciens de la 25e heure.
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Enfin, il y a les autres, le petit peuple des « Fantaakin » d’Abdoulaye G. Tapo. Il n’est ni dans le pouvoir ni même à côté, mais carrément dehors et loin de tous ces gens qu’il considère comme des menteurs et des tyranneaux. Pris pour de la bétaillère, on l’a obligé à voter massivement pour ATT en 2002 ; depuis on l’a laissé crever de faim comme un Maure du Hodh vivant au pôle nord. Mais, le moment pour lui d’être courtisé s’approche et il aura son mot à dire même si ce mot dit sera probablement truqué encore pour permettre à la patte de dernière d’être celle de devant.
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Dans leur grande majorité, les citoyens ou disons-le les carabiniers du président, sont sûrs de la victoire en 2007, mais pour l’observateur bien averti, vu le terrain social actuel et tous les bruits de casserole qu’ATT traîne derrière lui, rien n’est joué. Dans certains cercles qui sont dans le secret des dieux de la politique, il se chuchote que le général, s’il ne coule pas par les effets collatéraux d’ATTcratie et par le « baga-baga » ou l’Omerta qu’il veut imposer aux chefs des partis politiques, le sera par les violences et l’excès de zèle de ses partisans.
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Facoh Donki Diarra
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