Le Gouvernement face au défi économique : Ça passe ou ça casse

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Malgré l’embellie économique enregistrée ces dernières années et le respect de la plupart des critères de convergence économique, les indicateurs sociaux du Mali restent encore parmi les plus faibles du monde. Une situation résultant de la combinaison de plusieurs facteurs tels que : une base de ressources limitée, la vulnérabilité aux chocs exogènes, le sous-développement des infrastructures, une dépendance étroite des conditions climatiques, etc. Son taux de croissance actuel, qui tourne autour de 5%, reste faible pour faire reculer la pauvreté de façon significative. C’est pourquoi, à l’horizon 2012, il est prévu une croissance moyenne de 7%, seuil obligatoire pour engranger des actions efficaces de décollage économique véritable. En attendant, une batterie de mesures doit être mise en branle pour extirper à la racine certains maux qui gangrènent le processus de développement du pays.

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Si l’on en juge par le sens du détail dont il a fait preuve lors de la première session du Conseil des ministres le 8 octobre dernier, ATT semble conscient des défis qui l’interpellent. Il a touché du doigt les attentes des différentes couches de la population. C’est une confirmation de la pertinence du projet de société soumis à la sanction des Maliens lors des dernières élections. En effet, la première ambition du PDES -qui sert désormais de référence au Mali- est d’assurer une croissance forte et soutenue produisant les opportunités et la prospérité pour tous les citoyens, ouvrir la voie à l’atteinte des OMD à l’horizon 2015 ; permettre ainsi à tous les Maliens d’acquérir enfin les droits fondamentaux de tout être humain : manger à leur faim, avoir accès à l’eau potable, bénéficier des soins de santé, d’éducation et de formation, créer les conditions d’emplois pour la majorité des jeunes du pays. En somme, il s’agit de sortir 56% de Maliens de leur pauvreté quotidienne.

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Le choix des hommes

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En pleine campagne électorale, ATT donnait déjà le ton : il a mis à profit son premier quinquennat pour bien connaître les femmes et les hommes de ce pays. En effet, le choix des hommes est le premier acte en mesure de  requinquer les populations et de les remettre au travail. A ce niveau, la formation du tout nouveau gouvernement répond exactement à une ferme promesse consignée en bonne place dans le PDES par ATT : «Le poisson pourrit par la tête, disent nos braves pêcheurs. La tête doit être bonne, c”est-à-dire que nous devrons avoir un excellent Gouvernement. Celui de l’après élection sera mixte et complémentaire : politique et technique. Il sera resserré, avec des compétences réparties autour de quelques grands pôles. L’équilibre sera établi de façon proportionnelle entre les forces politiques qui soutiennent notre action, mais tiendra compte de la conviction, de la compétence et de l’intégrité des hommes et des femmes proposés. Les postes qui requièrent des compétences techniques particulières iront à des professionnel(le)s de haut niveau qui répondent aux critères définis. Parce qu’il y a de plus en plus de Maliennes qui répondent à nos critères de choix, le Gouvernement fera une place importante aux femmes ».

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Affecter 20% du budget national à l’agriculture

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Le secteur agricole, encore très largement en jachère, sera le moteur de l’accélération de la croissance économique. Il emploie actuellement près de 80% de la main d’œuvre active et plus de 75% de la population vivent en zones rurales. Dans les cinq années à venir, il est prévu d’aménager 103.356 hectares de terres cultivables dont 61910 en maîtrise totale de l’eau pour un coût total de 212 milliards de FCFA. L’Etat entend financer toutes ses interventions dans le cadre du Fonds national de développement agricole. D’ailleurs, selon une disposition de la Loi d’Orientation Agricole, 20% du budget national doivent être consacrés à l’agriculture.

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Ces mesures n’empêchent en rien le fait de donner un coup de pouce au projet de compétitivité et de diversification agricole (PCDA) en cours d’exécution, sur financement IDA de 3,67 milliards de nos francs. Ce projet vise à lever les contraintes au développement des filières commerciales agricoles pour lesquels le Mali se prévaut d’avantages comparatifs et de débouchés assurés. C’est ainsi que 23 filières agricoles ont été éligibles à ce projet.

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Convergence vers la terre

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Le secteur agricole est un grand pourvoyeur d’emplois et se présente comme une alternative crédible pour la résolution de la question du chômage des jeunes. L’Agence pour la Promotion de l’Emploi des jeunes (APEJ) a commencé à exploiter ce créneau et ATT envisage de multiplier les actions en ce sens pour faire converger plusieurs milliers de jeunes vers le travail de la terre, non sans préciser: « C’est la perception des jeunes par rapport à la terre qu’il faut changer. Il est impératif que les uns et les autres comprennent qu’il est plus intéressant de travailler à la campagne en gagnant sa vie que de chômer dans les centres urbains à la recherche d’un hypothétique emploi ». Le développement rural devra se fonder sur le triptyque agriculture, élevage et pêche.

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Appui à l’élevage et à la pêche

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L’élevage, troisième produit d’exportation après l’or et le coton, présente un énorme potentiel à valoriser. Dans la période 2007-2012, une batterie de projets et programmes sera déployée en faveur de l’élevage : Programme d’aménagements pastoraux (23,4 milliards CFA), Projet d’appui au développement de l’élevage dans la zone Kayes sud (13,6 milliards CFA), appui au développement de l’élevage dans le sahel occidental, Padeso (8,3 milliards CFA), phase II du développement de l’aviculture (12,5 milliards CFA), sans compter les mesures à court terme pour protéger le cheptel et lutter contre les épizooties.

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La pêche, à son tour, bénéficiera d’un programme quinquennal d’aménagements piscicoles (13 milliards CFA), d’un projet de développement de la pêche traditionnelle dans le bassin du Niger (3,5 millions CFA) et dans le bassin du Fleuve Sénégal (1,5 milliard CFA). Enfin, le marché moderne de poisson tant attendu et réclamé à Bamako verra le jour avec un coût de 2,2 milliards CFA.

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Restructuration du secteur privé

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Naturellement, pour augmenter les exportations dans ces différentes filières, il faudra prendre des mesures pour accroître les activités du secteur privé en général et mettre un accent particulier sur les opérateurs économiques de l’agriculture, de l’agro-industrie et de l’industrie de transformation. A ce sujet, le secteur privé bénéficiera d’un appui certain à travers le Projet d’appui aux sources de croissance, le Millenium Challenge, le Programme de croissance économique accélérée et le Programme de restructuration et de mise à niveau des entreprises. Au total 284 milliards de francs CFA seront absorbés par ces quatre projets. Si on y ajoute l’appui prévu dans le cadre du 10ème FED, on voit bien que le secteur privé absorbera, à terme, plus de 400 milliards de nos francs dans le cadre de sa restructuration.

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Une nouvelle politique énergétique

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La mise sur orbite de notre économie ne saurait se faire sans une bonne politique énergétique. Non seulement il conviendra de tirer à la baisse le coût de l’énergie, mais il faut parvenir à appliquer le bouquet de solutions suivantes: construction de nouveaux barrages hydro-électriques, intensification des actions d’électrification rurale, promotion des énergies alternatives telles que les énergies végétales (pourghère par exemple), extension du réseau interconnecté, etc. Un investissement de 715 milliards de F CFA est prévu pour soutenir la politique énergétique.

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Oser secouer le cocotier

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Cependant, au-delà des promesses et engagements, il convient d’oser secouer le cocotier pour le débarrasser des fruits et feuilles pourris. En d’autres termes, il faudra prendre certaines mesures raides, pour se dégager de l’emprise de groupes de pression constitués ça et là. Par exemple, en finir avec les dossiers de privatisations (CMDT et Sotelma), la restructuration de la filière coton, la question de la signature des APE, l’amélioration des circuits de commercialisation des céréales pour nous délivrer de la hantise des pénuries, la mise en place d’un dispositif financier en faveur des PME, l’initiation et le soutien à des projets porteurs pour notre économie.

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Au niveau du secteur privé, un simple appui ne suffit pas. Il faut absolument procéder à sa modernisation pour le rendre compétitif et innovant. En plus, il est actuellement en lambeaux, il faudra donc recoller ses différents morceaux et mettre un terme aux situations de rente causées par la prolifération d’exonérations fantaisistes et les monopoles de fait qui rendent captifs les marchés publics. On ne peut oublier le toilettage des textes législatifs et réglementaires perçus comme une contrainte à l’investissement et à la performance. Tout ceci doit être soutenu par une lutte sans répit contre la corruption, les pratiques anticoncurrentielles et la délinquance financière car l’un des plus grands maux de notre économie est bien entendu : l’impunité des voleurs à col blanc.

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Amadou Bamba Niang
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