«Si tu promets de faire porter une culotte à un éléphant et que tu tiennes promesse, tu auras réussi une grande entreprise. Mais si tu échoues, tu auras fait une grande déclaration». C’est à l’aide de ce dicton du terroir que nombre d’analystes commentent désormais la lettre de cadrage du Président de la République. Il s’agit en effet d’un programme aussi ambitieux qu’ardu à réaliser eut égard aux contraintes conjoncturelles et aux contingences d’une période pleine d’incertitudes. Ces recommandations que nous avons classées en vingt (20) commandements, pour des raisons de commodités, méritent qu’on s’y arrête.
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La lettre de cadrage ou mieux, le Projet de Développement Economique et Social (PDES) du Président de la République comporte six axes prioritaires. A savoir: «mieux organiser l’action publique pour soutenir efficacement les autres composantes du Programme, améliorer la production primaire et renforcer la sécurité alimentaire, mettre en place un environnement propice à l’émergence et au développement du secteur privé, insérer les femmes et les jeunes dans les circuits productifs, développer les secteurs sociaux, procéder aux reformes de société». On notera que le président de la République s’est vite empressé d’ajouter que tous les programmes sont, en fait, prioritaires. Afin de mettre toutes les chances de son côté, il a surtout tenu à réaffirmer les pouvoirs du P.M.
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Le PM a les mains libres. Mais…
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On retient ceci dans la conclusion de la lettre de cadrage: «Telle est la feuille de route du Gouvernement en vue de la réalisation de notre PDES. Pour cela, vous devez assurer la cohérence, la cohésion et la continuité de l’action gouvernementale. Ce Rôle vous confère un pouvoir d’instruction, d’arbitrage et de sanction dans tous les secteurs de l’administration».
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Ce passage mérite une attention particulière. Et pour cause : les prédécesseurs de Modibo Sidibé, à savoir Ag Hamani et Ousmane Issoufi Maïga ont quelque peu souffert de l’intrusion et de l’ingérence de certains proches du Président ATT. Ces «interventionnistes» n’ont pas facilité la mission des appelés. En réaffirmant aujourd’hui le plein pouvoir de l’actuel Premier Ministre, le Président de la République indique sa volonté réelle du changement. Mais dans une société où les contraintes sociales sont très vivaces, où le président de la République lui-même se veut le président du parti de la Demande Sociale et le champion du consensus, l’on se demande bien si cette option tiendra encore bien longtemps.
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LES 20 COMMANDEMENTS
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Voici les 20 recommandations, suivis de nos commentaires. L’importance des points retenus ne fait l’ombre d’un doute. C’est plutôt leur mise en œuvre qui risque d’être contraignante, eut égard à certains facteurs.
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1. Bonne gouvernance
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«J’attends du Gouvernement, comme l’ambitionne le PDES, de faire de l’Etat un modèle de bonne gouvernance. Poursuivre l’émergence d’un Etat fort, d’une administration efficace, d’une justice assainie et des collectivités locales renforcées sera au cœur de votre action… Il convient de responsabiliser les cadres à tous les niveaux, d’avoir le souci de leurs carrières, de récompenser leurs résultats et mérites et de sanctionner les fautes dans l’équité et la justice… J’attends du Gouvernement que la culture du résultat, de l’évaluation et de l’audit devienne la règle. Au niveau de l’administration centrale, des organismes personnalisés et des entreprises publiques, certains postes de direction stratégiques seront pourvus sur la base d’appels à candidatures, ouverts aux maliens de l’intérieur comme de l’extérieur, pour disposer des compétences les meilleures… Vous devez en même temps, poursuivre le renforcement de l’autorité de l’Etat à tous les niveaux par une organisation plus efficiente de l’Etat et de l’administration, par la culture du sens de l’Etat et du civisme, l’application de la loi et du règlement et par la lutte contre la corruption».
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Le président de la République veut un Etat fort. Normal si l’on sait que la quasi totalité des maux de nos sociétés sont incités par la faiblesse de l’Etat. La bonne gouvernance cependant se traduit par la capacité des populations à s’autogérer. En somme, la mise en œuvre de la décentralisation est une composante incontournable d’une bonne gouvernance. La meilleure façon de gouverner, dit-on, c’est de ne pas gouverner, mais de laisser gouverner. Le chef de l’Etat ne s’est malheureusement pas appesanti sur ce chantier qui, visiblement, accuse un grand retard et de nombreuses difficultés.
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2 . Lutte contre la corruption
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«Dans le cadre de la lutte contre la corruption […], les chantiers à ouvrir en priorité seront la relecture du code des marchés publics, la réforme des Directions Administratives et Financières (DAF) et l’organisation des Etats Généraux de la lutte contre la corruption dès le premier semestre 2008 pour parvenir à un projet national partagé de lutte contre la corruption et instaurer les bonnes pratiques dans la gestion des affaires et des deniers publics».
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La tenue des Etats Généraux de la lutte contre la corruption est une nécessité. Il ne sera pas inutile à cette occasion de définir ce mal dans le contexte malien où la marge entre certaines pratiques culturelles (solidarité, entraide, assistance, entre autres) et les actes de corruption est très mince.
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Il faudra retenir en outre que le Bureau du VEGAL lequel constituait jusque là le cheval de bataille du Président de la République, n’est pas exempt de critiques. On lui reproche sa méthodologie, sa méconnaissance de l’administration publique, d’ignorer déliberement ou non le principe du contradictoire et surtout, d’être léger dans ses rapports. Les Etats généraux de la lutte contre la corruption seront certainement un cadre approprié pour redéfinir bien de points.
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3. L’abstentionnisme
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«Le renouveau de l’action publique c’est aussi l’approfondissement de notre démocratie. Le faible niveau de participation aux différentes consultations électorales nous interpelle sur la pertinence de notre système électoral et sur les coûts des élections… A cet effet, […] je confierai à une éminente personnalité, la mission de réfléchir sur les voies et moyens en vue de permettre au plus grand nombre de nos concitoyens de participer à la vie politique du pays. Renforcer le statut de l’opposition dans le cadre de la loi sur les formations politiques, faire du principal leader de l’opposition une personnalité reconnue de l’Etat, seront également à l’ordre du jour de cette réflexion. J’invite le Gouvernement à apporter tout son soutien à cette action en vue de la consolidation de notre démocratie ».
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L’abstentionnisme n’est pas un phénomène propre au Mali quand bien même ici, il est fortement encouragé par des facteurs liés à la perception et à l’image que les politiques reflètent sur les citoyens. Un autre fait marquant a récemment contribué à démobiliser les électeurs pendant cette dernière décennie. Il s’agit des arrêts très souvent contestés mais inaliénables de la Cour Constitutionnelle. Les électeurs ont l’impression et très souvent la preuve que leurs voix ne comptent pas. Au bout du compte, on retrouve des candidats et des élus complètement en déphasage avec les électeurs qui ne se reconnaissent pas en eux et des électeurs au comble de la frustration. Sous d’autres cieux, c’est un conseil constitutionnel, plus flexible et moins solennel qui valide les candidatures et proclame les résultats définitifs des scrutins. Dans le cas malien, aucune reforme concernant la Cour Constitutionnelle n’est possible sans une relecture des textes fondamentaux. Ainsi le veut la loi.
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4 Les réformes de société
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«J’invite le Gouvernement à se pencher sur les réformes de société qui se posent à tous les pays à différents moments de leur parcours au fil du temps et des générations. Le nôtre n’y dérogeant pas, les débats y afférents doivent se dérouler dans la sérénité, la tolérance et le respect qui caractérisent notre peuple».
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Procéder à de profondes réformes de sociétés dans le contexte actuel n’est pas sans risques pour la paix sociale. Le tollé soulevé par le projet d’abolition de la peine de mort constitue d’ores et déjà un avertissement. Le nouveau code de la famille risque d’être la goutte de trop. Si ces réformes sont effectivement incontournables, il faudra bien choisir le moment pour ce faire. Dans un contexte surtout empreint d’augmentations des prix de denrées de première nécessité, certaines reformes ne contribueront qu’à exacerber le mécontentement général et à accentuer les risques de troubles sociaux.
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5. Sécurité –Forces de l’ordre
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«[….] Nous tourner vers le futur, en construisant l’Armée de nos besoins avec un outil de défense efficient et évolutif s’adaptant constamment à notre situation. Il faut donc poursuivre nos efforts dans la réorganisation de l’appareil de commandement, le maintien en condition du matériel et la préparation opérationnelle des troupes, le renforcement qualitatif des effectifs, l’accroissement de la qualité de l’enseignement militaire dans nos centres de formation et écoles, l’amélioration des conditions de vie et de service, ainsi que l’équipement adapté de nos différents corps. L’Etat veillera au renforcement de la sécurité des personnes et des biens. Le Gouvernement doit poursuivre la mise en place d’un dispositif de couverture sécuritaire du territoire plus adapté, d’alerte et d’intervention, à même de répondre aux situations d’urgence en matière de sécurité et de faire face aux risques de catastrophe. L’application du plan d’action issu des Etats généraux de la sécurité sera soutenue par le renforcement des ressources humaines, de la logistique et de la gouvernance de la sécurité. Vous veillerez particulièrement à la sécurité routière qui constitue pour moi un axe majeur de ce mandat. J’engage le Gouvernement à repenser notre politique de sécurité routière et [ …] à prendre rapidement un train de mesures de nature à juguler l’insécurité routière devenue une des plus graves menaces pour la vie et la santé des populations».
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Voici une autre question qui fâche : le septentrion malien. La question touarègue constitue en effet une épine dans le pied des autorités maliennes. Le gouvernement doit s’empresser de régler définitivement cette question au risque que la crédibilité de notre armée en pâtisse. La preuve de cette assertion nous est fournie par l’attitude des voisins guinéens lesquels ont eu la témérité de perpétrer une attaque sur le territoire malien en faisant plusieurs morts et de nombreux dégâts matériels. On murmure déjà que cet acte n’aurait pas été possible dans un passé récent sous un autre régime. Il mérite, en tout cas, qu’on y réfléchisse. Avec sept frontières poreuses, nos forces armées et de sécurités se doivent d’être quelque peu agressives afin de dissuader certaines velléités.
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6. Secteur privé et Croissance
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«Au regard des résultats économiques des cinq dernières années, il vous appartiendra d’impulser une croissance économique plus forte d’au moins 7% par an sur la période 2007-2012 […] Il s’agira de cibler la promotion économique sur la création de richesses, concentrer nos moyens là où nous avons des potentiels et des atouts et « prendre des risques en investissant là où nous avons la chance d’être parmi les meilleurs», avec un rôle prédominant de l’investissement privé et un rôle nouveau de l’Etat, efficace dans un partenariat public-privé.
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Le Gouvernement doit conforter nos industries naissantes ; il devra notamment identifier, promouvoir et soutenir des projets privés portant sur la création de nouvelles unités dans les secteurs : de l’agro-industrie (développement des rizeries, transformation de céréales sèches et minoteries, intrants agricoles, transformation et exportation de fruits et légumes..), de l’élevage et de la pêche (laiteries, abattoirs modernes, pisciculture…), des matériaux de construction (notamment cimenterie, briqueteries…), des secteurs sociaux (écoles et centres de formation privés, cliniques et laboratoires privés…), du tourisme (agences, centres, hôtels…)…. «J’attends du Gouvernement que tous les engagements pris par l’Etat dans la LOA soient mis en œuvre afin de favoriser l’émergence d’un Mali exportateur de produits agro-alimentaires, transformés et labélisés. Ceci nous impose d’enclencher le processus de transition de nos systèmes traditionnels vers des techniques modernes de production agricole…Il s’agit dans les cinq prochaines années de créer les conditions favorables à l’essor du secteur privé et au développement de nos capacités productives… Le Gouvernement doit commencer par définir un cadre stratégique de développement de notre secteur privé, à travers une Loi d’Orientation du Secteur Privé (LOSP)».
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C’est la règle : partout dans le monde, le secteur privé constitue le moteur du développement. Il a cependant besoin pour ce faire, de financements. Mais malgré les injonctions de l’Etat malien, les banques de la place qui possèdent cependant d’importantes ressources se sont abstenues de financer les privés, préférant traiter avec les structures affiliées à l’Etat. En somme, ces banques ne sont pas encore disposées à prendre des risques contrairement au vœu du chef de l’Etat : «prendre des risques en investissant là où nous avons la chance d’être parmi les meilleurs». En somme, la balle est toujours dans le camp des autorités. A titre illustratif et pour coller à l’actualité, la FENATRAM, (Fédération des Transformateurs des Produits agricoles du Mali) réclame à hue et à dia des financements sans succès. Gageons que cette Loi d’Orientation du Secteur Privé (LOSP) permettra de rectifier le tir. S’agissant d’une croissance moyenne de 7%, il faudra certainement revoir les ambitions à la baisse. A cause des aléas du moment, le Représentant résident du FMI au Mali estime ce taux à 5%.
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7. Développement Agricole. O.N
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«L’Office du Niger revêt une grande importance à mes yeux. Je le considère comme l’un des plus grands pôles de développement du Mali. Pour la période 2007-2012, l’objectif est d’aménager 60.000 ha de plus dans l’Office du Niger et d’atteindre une production de 1 million de tonnes de riz paddy, soit la quasi-totalité de la consommation nationale en tenant compte de l’accroissement des besoins. D’autres cultures devront s’y développer rapidement dont le blé, la canne à sucre et les cultures maraîchères. Pour arriver à ces résultats, nous devons préserver le fleuve Niger qui est la principale source d’eau du Mali…. L’assèchement de ce fleuve sur certaines parties de ses bassins est une hypothèque dangereuse pour l’avenir. C’est pourquoi, vous ferez du combat pour la survie du fleuve Niger une priorité absolue. Une grande attention doit être portée également au suivi de la mise en œuvre par l’ABN du Programme de lutte contre l’ensablement dans le bassin du fleuve Niger».
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S’il y a un domaine dans lequel le président paysan excelle particulièrement, c’est bien celui-là. Il a touché du doigt l’essentiel de la question : préserver d’abord le fleuve Niger, et y aller très vite. On apprend malheureusement des partenaires Allemands lors d’une conférence de presse, que le Mali préfère, ou du moins, a jusque là préféré, le financement d’autres projets que celui relatif à la sauvegarde de ce fleuve…
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8. Environnement
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«La préservation de l’environnement et la gestion rationnelle de nos faibles ressources naturelles constitueront également des axes forts de votre politique. Le Gouvernement doit mieux réfléchir sur notre politique environnementale et définir des actions de préservation de nos ressources nationales».
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Voici une problématique : dans son ouvrage récemment paru, l’ancien ministre de l’Environnement Nancoma Keïta démontre avec brio qu’il existe un lien étroit entre flux migratoire – pauvreté et environnement. Il s’agit en effet, d’une question essentielle. Mais combien de mines à ciel ouvert ont été abandonnées au Mali après l’exploitation des gisements ? Combien de villes mortes compte-t-on désormais dans les régions aurifères du pays après le passage des multinationales et l’épuisement des ressources ? Si le code minier se veut intraitable en théorie sur la question environnementale, dans la pratique malheureusement, nos autorités observent un laxiste plutôt motivé par la… fièvre de l’or. La preuve…
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9. Industrie et mines
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«Vous accentuerez les efforts en matière d’industrie minière notamment l’exploitation optimale de l’or dont nous devons tirer davantage de ressources pour soutenir nos programmes de développement, et la recherche en matière de pétrole et de gaz».
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On notera ici, que les recommandations du Président de la République à l’endroit de son Premier Ministre se veulent fermes :«vous accentuerez les efforts… pour une exploitation optimale de l’or». Mais dans le cadre de la préservation de l’environnement, le P.M est presque gentiment invité à «réfléchir sur notre politique environnementale… ».
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Parlant de l’exploration et éventuellement de l’exploitation du pétrole dans notre pays, l’on est en droit de s’interroger, eut égard au cas de l’or, si cette ressource profitera bien aux Maliens. Il importe certes, de rendre notre code minier attractif, mais il est impérieux de sauvegarder les intérêts du pays et d’être très regardant sur les sociétés minières dont la moralité n’est pas toujours sans reproches.
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10. Sécurité alimentaire
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« […] La sécurité alimentaire a toujours été au cœur de mes préoccupations. Aussi, je vous demande de veiller à la mise en œuvre diligente des différents programmes initiés, dont le Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) qui concerne l’ensemble des villages du Mali. Vous veillerez également à augmenter progressivement les stocks nationaux de sécurité alimentaire de manière à atteindre 100.000 tonnes en 2012».
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Rien à dire pour qui sait que la nourriture constitue désormais une arme de guerre. En priver un peuple, c’est l’exposer à tous les risques. Les stratèges l’utilisent souvent dans certains conflits. On l’appelle l’arme verte. La constitution d’importants stocks de sécurité est le moyen le plus sûr de mettre le pays à l’abri des éventualités désagréables.
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11. Infrastructures et transports
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«Il est important de poursuivre notre politique de développement interne et externe du réseau routier qui concernera plus de 4600 km, en veillant principalement à la bonne réalisation du Programme Sectoriel des Transports (2) et à l’exécution des axes routiers retenus dans le 10ème FED».
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L’on se réjouit à raison de l’extension du réseau routier dans notre pays. Même les étrangers de passage apprécient l’effort fait dans ce domaine. Il y a cependant un hic ! Ces infrastructures, pour la plupart, comportent des défauts de conception qui les rendent presque inutilisables seulement après quelques années de service.… La corruption, à ce niveau, a des conséquences dramatiques pour les usagers. Il importe donc de veiller sur l’exécution correcte des marchés relatifs à la construction des routes.
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Par ailleurs, le secteur du transport est vital pour le pays à cause de son enclavement. Il se trouve hélas, que la plupart des compagnies maliennes de transport Fret, ont mis la clef sous le paillasson abandonnant le secteur aux étrangers ; ce, dit-on, à cause des contraintes et des tracasseries sur le tronçon malien.
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D’autres parts, si la l’on se réjouit encore de la naissance d’une nouvelle compagnie aérienne au Mali, l’on ne doit cependant perdre de vue la déconfiture dans laquelle se trouve la compagnie de navigation dont les activités restent vitales pour des millions de personnes. Hélas, le chef de l’Etat l’a semble-t-il omis.
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12. Energie
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« […] L’énergie reste un des points névralgiques du développement de notre économie et du bien être de nos populations. Aussi, vous ferez de l’extension/diversification des sources et de l’utilisation rationnelle de l’énergie des axes majeurs de votre action.
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Vous poursuivrez l’élargissement du parc de production électrique et l’augmentation du taux d’accès des populations à l’énergie, singulièrement dans le milieu rural. Pour le cas spécifique des entreprises, le Gouvernement devra favoriser la mise à leur disposition d’énergie de qualité, à un coût maîtrisé, voire des prix préférentiels, en vue de soutenir leur compétitivité… Le Gouvernement devra tout aussi s’atteler à la préparation et au lancement d’un grand programme intégré de développement des biocarburants ».
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L’énergie n’est pas UN DES points névralgiques. C’est LE point névralgique… ! Que de promoteurs industriels s’en sont retournés après avoir évalué le coût du kilowatt-heure au Mali ? La simple consommation domestique constitue un casse-tête pour les ménages. Pour des raisons sociopolitiques, l’Etat malien subventionne à hauteur d’environ 4 milliards F CFA ce secteur. Une situation, on le sait, qui ne saurait perdurer. L’interconnections avec d’autres réseaux, les énergies renouvelables et même l’éventualité d’une centrale nucléaire sont autant de palliatifs. Autrement, le risque d’un court-circuit ira crescendo. L’alerte a été donnée pendant cette période hivernale quand les pluies ont tardé à s’installer. Aussi, les charges récurrentes à la production de l’énergie thermique sont insupportables. En somme, tous ces beaux projets de Monsieur le Président de la République risquent bien d’aller à l’eau tant que ce domaine ne sera pas maîtrisé. Et ce n’est pas demain la veille de l’avènement d’une «énergie de qualité, à un coût maîtrisé, voire des prix préférentiels ».
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13. Jeunesse et Formation
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«En matière de formation professionnelle, notamment pour les jeunes chercheurs d’emplois, vous veillerez à adapter les programmes de formation aux besoins réels du marché de l’emploi. Les métiers du machinisme agricole et des BTP méritent une attention particulière. Tout comme celui de l’auto emploi dans les secteurs de la maintenance et du commerce…. Il convient de lancer un programme de « réconciliation des jeunes avec la terre ». Ce programme, de type didactique, visera surtout à changer la perception des jeunes par rapport aux métiers de la terre, qui peuvent être rémunérateurs… Le Gouvernement devra prendre les mesures nécessaires pour former les jeunes dans ce sens et inciter les jeunes promoteurs privés à investir dans les filières agricoles, pastorales, piscicoles et forestières, dans les domaines de la transformation dans l’agro-industrie, de la fabrication et de la maintenance des équipements agricoles, le transport et la commercialisation… »
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Demandez un paysan s’il mène une activité professionnelle. Il vous répondra par la négative. En clair, ce paysan croit être un chômeur. Il ne l’est pas. Il faudra chercher loin, très loin, l’origine de cette vision erronée des faits, certainement dans la stratégie d’acculturation du colon blanc, dans une erreur d’appréciation de nos gouvernants… Bref, il s’agit d’un véritable paradoxe : considérer l’agriculture comme un des piliers de l’économie nationale et un moteur du développement et ne pas mettre le paysan au cœur du même système ! Il faudra bien revaloriser le travail de la terre en faisant sauter ce goulot d’étranglement. La «réconciliation des jeunes avec la terre» peut bien servir de déclic pour le changement des mentalités d’une manière générale au Mali.
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Parlant de l’inadéquation entre formation et emploi, le chef de l’Etat a touché du doigt l’une des causes profondes du chômage dans notre pays. Une anecdote suffit : pour les besoins du marché de l’emploi, la FAFPA a du récemment initier un programme de formation de 18 à 24 mois à l’intention des jeunes diplômés de l’Ecole Fondamentale, année 2007. Tout simplement, parce que la demande est présente et pressente. Très souvent mal orientés, mal conseillés, nombre d’entre les jeunes se lancent dans des filières longues et incertaines.
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14. Santé : la faute des hommes
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«[….] Le Gouvernement devra redoubler d’efforts pour améliorer la santé des populations, étendre et garantir l’accessibilité et la qualité des soins, poursuivre l’équipement et la modernisation des Centres de santé de référence et des hôpitaux, accroître l’effectif et la qualité du personnel sanitaire et médical. Il veillera à la progression de la part de la santé dans le budget récurrent de l’Etat et fera de l’institution de l’assurance maladie obligatoire une dominante de sa politique sociale ».
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Les efforts du Gouvernement dans le cadre de l’amélioration de la santé au Mali sont louables eut égard à la modestie des moyens disponibles. La plupart des maux qui gangrènent ce secteur relèvent de la responsabilité des praticiens. Les Maliens ont encore à l’esprit ces grèves meurtrières sans service minimum dans certains hôpitaux et d’autres pratiques qui jurent avec le serment d’Hippocrate. Une attitude des étudiants en médecine cette année expliquerait peut-être le comportement des aînés : suite à un mouvement de grève, ces étudiants ont tenté de saccager le laboratoire de recherches sur le paludisme. C’est le comble de l’irresponsabilité pour un futur médecin.… Encore cette autre anecdote : même les moustiquaires initialement réservés aux femmes en couche dans les maternités se retrouvent sur le marché en vente libre.…
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15. Logements
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«Vous veillerez au développement du programme de logements sociaux pour faciliter l’accès des ménages à faible revenu à un logement décent et à moindre coût, en mettant en chantier des milliers de logements sociaux sur la période 2007-2012, combinant l’intervention de l’Etat et celle des sociétés de promotion immobilière».
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Ici, c’est le président du parti de la demande sociale qui parle. Croyons-le donc sur parole. Mais si la construction de logements sociaux constitue une de ses grandes réussites, les critères d’attribution, par contre, ne sont pas sans reproches.
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16. Art et culture
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«Dans un contexte de mondialisation qui menace l’identité culturelle de tous les pays, il est impératif de donner à notre patrimoine culturel un nouveau souffle. Le Gouvernement accordera toute son importance au développement culturel du Mali et devra, dans les 5 prochaines années, impulser une politique conséquente d’essor des industries culturelles dans un environnement plus propice qui permet aux femmes et hommes de culture de vivre de leur métier et de participer au développement de leur pays».
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Qui disait déjà que le Mali est une puissance culturelle ? Cela est peut-être bien vrai. Mais ces valeurs ne sont pas exploitées de manière efficiente. Malgré la richesse de notre patrimoine culturel, avions-nous jamais exporter un pas de danse, par exemple à l’image de la musique et des pas de danse crées par les ivoiriens, sénégalais, congolais et dont raffolent notre jeunesse? Pire, il n’est pas rare que des voisins viennent s’inspirer là avant de nous imposer leurs styles. En clair, la culture doit servir de sources d’inspiration à nos créateurs. Mais exception faite à feu Chrys Seydou pour le bogolan, aucun styliste malien, aucun musicien n’a revalorisé un pan du patrimoine national de manière à l’exporter. L’on sait par exemple que tous les genres musicaux et les pas de danses même modernes ont leurs racines profondes dans les terroirs (Makossa, rumba salsa, blues, mapouka…). La revalorisation de notre patrimoine dans ce contexte précis, constitue le meilleur moyen d’exporter le produit et de faire vivre son homme, c’est à dire les artistes. Ces derniers sont les premiers ambassadeurs d’un pays. Leur rôle a été par exemple déterminant dans le retour au calme en Côte d’Ivoire.
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17. Sport
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«Le Gouvernement doit renforcer cette dynamique en appuyant de façon résolue les acteurs par la construction ou le renforcement des infrastructures, notamment le nouveau Pavillon des Sports, la stimulation des pratiquants et de l’encadrement sous diverses formes. Le Gouvernement soutiendra le développement du sport populaire et scolaire en poursuivant la construction d’infrastructures sportives de proximité dans les quartiers et autres collectivités de base et en prenant des initiatives de compétitions propres à stimuler ce sport ».
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Rien à dire sauf que le même chef de l’Etat promettait, il y a trois ans, la construction très prochaine d’une salle multifonctionnelles. Presque quatre ans plus tard, samedi dernier et dans les mêmes conditions et toujours dans l’ancienne salle du pavillon des sports où il fit la promesse, il présidait la finale de la Coupe du Mali de basket-ball.
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18. Diplomatie
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« La gestion des Maliens de l’extérieur est au centre des priorités de notre politique extérieure. Le Gouvernement poursuivra les efforts pour améliorer les prestations des Missions diplomatiques et consulaires au bénéfice de la communauté malienne, encourager leur participation au processus de développement et mieux valoriser l’image des Maliens et du Mali ».
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Bamako est désormais la plaque tournante des grandes rencontres, sous-régionales, continentale et même mondiale. Toute chose qui atteste de la vivacité de notre démocratie. Mais tout n’est pas rose. Et pour cause : au même moment, les maliens subissent des revers à l’extérieur (Libye, France, ente autres) ; il n’y a presque pas de politique de promotion des cadres maliens dans les organismes internationaux.…
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19. La Communication
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«Le Gouvernement s’emploiera à impulser une politique de communication gouvernementale forte dans le but de mieux faire percevoir les options fondamentales de l’Etat dans tous les secteurs de la vie nationale, mais aussi de rendre compte aux citoyens des actions de l’exécutif. Les médias nationaux, du service public comme du privé, sont les premiers relais de l’action gouvernementale. La professionnalisation des entreprises de presse, la formation de leurs acteurs bénéficieront de l’accompagnement de l’Etat. Le Gouvernement mettra en chantier un nouveau bâtiment pour la Maison de la Presse dès 2008 et encouragera la pluralité dans l’offre de médias surtout audiovisuels ».
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La presse malienne en général et privée en particulier se réjouit de tout l’intérêt que le Chef de l’Etat lui accorde. Sa vision de la communication est constante et productif. Mais est-il bien compris ? Tenez par exemple : «l’utilisation de l’outil informatique par les services publics doit être généralisée » a-t-il recommandé. Mais dans les faits, très peu de chargés à la communication au sein des départements ministériels ont le reflex d’adresser leurs communications par e-mail à la presse. Ce ne sont pourtant pas les moyens qui font défaut. C’est la cellule de communication de la Présidence de la République et le Ministère de la santé qui utilisent à bon escient cette opportunité. Et çà marche fort. Tous les organes de presse recoivent par exemple à temps réel les communiqués des conseils des ministres. Plus besoin de faire des acrobaties… La meilleure façon de savoir à quoi sert la communication, c’est d’arrêter de communiquer. ATT le sait
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20. Le dialogue et la concertation
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«La concertation et la participation doivent être la règle dans tous les compartiments de l’action gouvernementale. Il sied dans ce cadre de développer le dialogue social à tous les niveaux».
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Voici de sages conseils que la nouvelle équipe gouvernementale doit constamment avoir à l’esprit.
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B.S. Diarra
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