Les directions régionales de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) de Mopti et de Koulikoro étaient sur la sellette de la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (Casca) en 2005. Elles sont de nouveau épinglées par la Casca dans son bulletin de 2006 pour leur gestion cahoteuse.
Si les rapports de la Casca sur le contrôle de l’administration avaient un sens et une finalité, des services étatiques comme les directions régionales de l’INPS de Koulikoro et de Mopti n’allaient pas être épinglés deux fois de suite. De toutes les directions de l’intérieur et de Bamako, ce sont ces deux qui s’illustrent dans la « délinquance financière » dans les rapports 2005 et 2006 de la Casca.
Tenez ! En 2005, les vérifications effectuées à la direction régionale de la caisse des retraites de Koulikoro avaient révélé l’existence d’un écart non justifié de 122 938 393 de F CFA entre le solde théorique et le solde physique et l’incapacité du chef de la section comptabilité à fournir des explications. Une plainte avait été déposée auprès du Tribunal de première instance de Koulikoro. La suite : le directeur s’est tout simplement engagé à rembourser le manquant. Il sera relevé et remplacé par un intérimaire en 2006.
Le bulletin 2006 souligne qu’à la passation de service, l’on a constaté un déficit de 134 331 528 millions de F CFA. Le dossier « dort » dans les bureaux du Pôle économique.
A Mopti, les irrégularités relevées à la direction régionale de l’INPS, avaient pour noms en 2005 : absence de cadre organique, cumul de fonction, gestion du magasin par le planton, non-tenue de la comptabilité-matières.
Au plan financier, l’existence d’écarts entre les montants mensuels recouvrés, le dépassement des crédits destinés aux prestations techniques pour un montant de 41 835 285 de F CFA et celui des crédits destinés à l’équipement et au fonctionnement pour un montant de 31 274 515 de F CFA, le reversement de 6 006 598 de F CFA représentant des dépenses de vieillesse de 2004 non payées, l’existence de procurations irrégulières et illisibles…
745 000 F de carte de crédit du directeur
Face à cette hémorragie économique, la Cellule avait suggéré un contrôle approfondi par le Contrôle général des services publics de la gestion de ladite direction. Peine perdue. Car, dans son bulletin de 2006, la Casca a encore mis le grappin sur la même direction pour une vingtaine d’irrégularités graves. Il s’agit, entre autres, de la non-nomination d’un chef de bureau de Bandiagara, tenu depuis 2004 par une secrétaire, l’existence de deux comptes bancaires au nom de la direction régionale de l’INPS de Mopti, le cumul par le comptable de fonctions incompatibles, l’attribution à un tâcheron en 2004 et 2005 pour 10 228 600 de F CFA et 20 001 449 de F CFA de divers travaux d’aménagement sans appel à la concurrence.
Les agissements du directeur sont également dénoncés : achat de carte de crédits pour son portable pour un montant de 745 000 F CFA, achat de verres progressifs pour un montant de 160 000 F CFA, l’exécution de travaux sans devis estimatif pour un montant de 10 356 000 de F CFA, le paiement de 16 500 000 de F CFA pour des travaux non entièrement exécutés.
Autres faits reprochés à cette direction régionale : l’absence d’actes de nomination des billeteurs, le paiement des allocations de l’IER/CCRA et du diocèse de Mopti à des personnes non mandatées, la non-disponibilité de 53 procurations pour les assurés de Mopti, de 4 pour ceux de Koro et 25 pour Djenné, la non-présentation de 21 mandataires et de deux autres au nom d’assurés décédés.
Les préjudices financiers de ces deux directions de l’INPS ne sont pas encore estimés. Mais ils dépasseraient largement le demi-milliard de nos francs. Une somme qui pourrait être doublée, voire quadruplée dans les prochaines années, si rien n’est fait pour arrêter ces fossoyeurs de l’économie nationale.
Sidiki Y. Dembélé
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