Gouvernement : Les malheurs de Modibo Sidibé

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Dur d’être Premier ministre au Mali par les temps qui courent. Le tout Premier ministre du premier gouvernement, Mohamed Ag Hamani fut obligé de recourir au consensus d’Amadou Toumani Touré pour circonscrire une crise politique par la formation d’un gouvernement de large ouverture le 14 juin 2002. Il n’avait pas de parti politique, Ag Hamani fut plusieurs fois ministres (jeunesse, tourisme, sport) sous le régime du Général Moussa Traoré. Il a également été Haut commissaire de l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et avait pris sa retraite après son dernier poste d’ambassadeur en Belgique.

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Une situation bien étrange pour un pays cité en exemple en matière de démocratie en Afrique avec soixante trois partis politiques (63) légalement reconnus. Le premier gouvernement formé par Ag Hamani comprenait toutes les sensibilités politiques du pays qui se sont affrontées aux élections législatives de juillet 2002. Mais dès son investiture, ATT nomma comme secrétaire général de la présidence, Modibo Sidibé, qui éait le ministre des affaires étrangères du dernier gouvernement Adema, avant la présidentielle de 2002.

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Après les législatives de la même, ATT reconduit Mohamed Ag Hamani au poste de Premier ministre. Ce dernier forma un nouveau gouvernement dans lequel les grosses pointures politiques font leur entrée : Choguel Maïga (MPR), l’héritier politique du général Moussa Traoré, fut nommé ministre de l’Industrie et Commerce ; Mamadou lamine Traoré, Secrétaire national du Miria, parti opposé à l’Adema, est nommé ministre de l’Education nationale. Les autres poids lourds ne sont pas en reste. Ibrahim Boubacar Keïta  (RPM) fut élu président de l’Assemblée nationale et Me Mountaga Tall (CNID), 1er vice président du parlement. Dès son élection au perchoir, IBK déclare qu’il présidera le parlement sans exclusion. La démocratie Malienne est faite de consensus et non d’animosité, déclarait- il.

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La ou le climat politique devient délétère c’est la reconduction de Mohamed Ag Hamani après les législatives de juillet 2002 au poste de premier ministre et le dernier acte d’Alpha Oumar Konaré : gracier Moussa Traoré le 29 mai 2002 après avoir passé plus de dix ans en détention. Il avait été condamné à mort en 1992 pour crimes politiques, puis de nouveau condamné à la peine capitale en 1999 pour crimes économiques. Alpha Oumar Konaré, hostile à la peine de mort, avait dans un premier temps commué la peine des époux Traoré en prison à perpétuité, voilà pour l’histoire.

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Le 2 mai 2004, Amadou Toumani Touré  nommait Ousmane Issoufy Maïga comme Premier ministre, un ancien haut cadre de l’ancien régime et détenteur de la carte rose du parti abeille (ADEMA). L’enfant d’Ansongo a certes un passé glorieux  mais une carrière administrative décriée.

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Son patriotisme a pris un sérieux coup suite aux différents programmes d’ajustement structurels (PAS) auxquels notre pays a été soumis. Les conséquences ?

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Liquidation de nos entreprises et sociétés d’Etat avec son lot de travailleurs déflatés ou compressés. A cette époque, Ousmane Issoufy Maïga, expert de son état, a été chargé par la Banque mondiale (structure du Mali) pour mettre à genou notre économie.

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Pis en matière de corruption, l’homme du 2 mai 2004 n’a pas bonne presse. Les opérateurs économiques de la place ne diront pas le contraire dont beaucoup d’entre eux gardent encore le mauvais souvenir de son passage au ministère de l’Economie et des Finances en sa qualité de Secrétaire général. L’ancien ministre de l’Economie Soumaïla Cissé a toujours pris soin d’écrire au bas des correspondances particulières pour objet (P-O). Or au Mali, la corruption touche une part considérable des ressources nationales. Cette situation hypothèque gravement les chances de développement de notre pays. Sous Ousmane Issoufi Maïga, les vérifications financières effectuées en 2006 ont accusé un manque à gagner pour l’Etat de près de 103 milliards (rapport du Vérificateur général). De toute évidence, le Mali reste pauvre et son modèle démocratique est truffé  de défauts et de faiblesses.

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On y vote certes, mais dans quelles conditions ?

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Quant à Modibo Sidibé, il est le fruit des trois régimes : UDPM- Transition- ADEMA- ATT. Nommé Premier ministre le 28 septembre dernier, il a formé le 3 octobre son gouvernement. L’attente était grande pour qui connaît la situation économique du Mali. Mais hélas ! Ce fut la grande déception. Déception due à la reconduction de certains ministres accusés de délinquances financières ou de faux et usage de faux dans la vente d’un hôtel à Bamako.

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Autre constat : un gouvernement fortement militarisé, à la senteur de copinage et aux couleurs du tribalisme. Modibo ne sait plus à quel saint se vouer. Crise de liquidité, grogne et grève des enseignants, surenchère des partis politiques, surtout recrudescence des attaques touaregs dans le septentrion. Face aux périls, l’ancien secrétaire général de la présidence doit sans doute regretter son refus d’aller aux USA où le poste de représentant du Mali auprès des Nations unies lui a  maintes fois été proposé par le président Touré.

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 ATT, en refusant de présenter l’état de la Nation après les dix ans de gestion calamiteuse  de l’Adema, en refusant de traquer les délinquants financiers, met Modibo Sidibé dans une situation inconfortable tout en rendant le Mali ingouvernable.

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Modibo Sidibé aussi, en nommant ses amis de profession libérale comme ministres, sabote la promotion des cadres de l’administration publique dont ATT avait fait de ce thème un credo de sa politique de gestion des ressources humaines du pays.

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Safounè KOUMBA

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26 nov 2007

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