Dans la période du 1er janvier 2002 au 13 mai 2005, le contrôle général des services publics a révélé de nombreuses irrégularités dans la gestion de l’actuel PDG de l’ONP, Yoro Coulibaly. Il s’agit entre autres : la non application de la grille salariale pour cause de mauvaise conception, l’avancement systématique anormal de l’ensemble du personnel ayant engendré une augmentation de la masse salariale de 137 927 670 Fcfa en 2003, l’augmentation de 120% des dettes fournisseurs en 2004 par rapport à 2003, le remboursement irrégulier des emprunts et la mauvaise comptabilisation des échéances échues et non payées, l’anéantissement du capital de l’ONP et l’accumulation des pertes de 350 936 503 Fcfa pour les exercices 2002 et 2003 et la diminution continue du volume des ventes, le non enregistrement de certains contrats de prestation de services, la non transmission de pièces justificatives pour 1 085 000 000 Fcfa sur une subvention de 1 285 000 000 Fcfa accordée par le gouvernement, l’augmentation de certaines dépenses entre 2002 et 2003 (632% pour les bâtiments, 391% pour le matériel informatique et 268% pour le matériel roulant)
Nommé en 2003 pour redresser l’ONP à la fois au bout du souffle et agonisant, le PDG est en train de signer la mort prochaine de la boîte. C’est le constat qui a été fait par le dernier rapport de la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration (CASCA).
rn
L’Office National des Postes du Mali (ONP) vit en ce moment des jours difficiles, très difficile malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics et la dynamique des années 2001 et 2002 où une forte progression des activités a été constatée avec pour résultat une augmentation exponentielle des chiffres d’affaires.
rn
Mais malheureusement ces efforts sont compromis aujourd’hui par une gestion catastrophique de ce service. La nomination en juin 2003, d’un cadre de la maison à savoir Yoro Coulibaly, avait suscité un espoir chez tous les postiers. Aujourd’hui cet espoir s’effrite. L’espoir a fait place à un véritable calvaire. Outre les observations formulées dans le rapport de la CASCA, la réalité quotidienne au sein de l’ONP est pire. Le PDG, face aux difficultés qui s’accumulent, semble avoir atteint ses limites.
rn
Retard de salaire et manque de moyens de fonctionnement !
rn
Depuis sa création, les différentes directions ont toujours payé les salaires à termes échus, entre le 20 et le 25 de chaque mois. Les moyens de fonctionnement n’ont jamais fait défaut. Aujourd’hui c’est le contraire, les salaires tombent difficilement et le carburant pour la distribution du courrier se fait rare. La dégradation est telle que certains ont déclenché une campagne de communication pour camoufler la vérité et présenter l’Etat et le ministère comme les principaux responsables de cette situation. Or, c’est la mauvaise gestion qui en cours à l’ONP sous l’œil complice et complaisant du syndicat.
rn
L’engagement des dépenses dépasse de loin les capacités de financement de l’entreprise !
rn
Dès sa nomination, le PDG a retapé le logement de service qu’il occupe depuis 1991 à 60 millions de Fcfa. Dans la même foulée, il a entrepris de refaire le logement de service de son ami à 25 millions et construit un bureau de poste à près de 70 millions à Korofina. A noter que le contrôle d’Etat avait décelé une entorse grave à la loi, car le PDG a fractionné un marché pour lui permettre de ne pas dépasser les 50 millions autorisés sans appel. Dès la conclusion de ces marchés, on savait que des avenants étaient nécessaires pour l’achèvement des travaux.
rn
L’achat d’une antenne VSAT à 28 millions pour ses propres commodités de navigation sur InterNet. Cette antenne qui n’a fonctionné que quelques mois, est aujourd’hui hors d’usage. La folie dans les dépenses a atteint son sommet quand le PDG, sans aucune étude technique ou de rentabilité a acheté sans respecter aucune procédure de passation des marchés, plus de 20 antennes VSAT, toutes choses plutôt digne d’un opérateur de télécommunication. Ce marché de près de 400 millions est conclu avec un fournisseur extérieur par un marché de gré à gré.
rn
Dans un rapport remis aux membres du comité de suivi du contrat plan, le PDG a affirmé avoir équipé les bureaux de poste de Korofina et des colis postaux respectivement à 15 millions et 2,3 millions. Or, à Korofina l’équipement acheté sur fonds propres se composent de trois bureaux, un fauteuil bourré et six chaises. Quant au bureau des colis postaux, aucun équipement nouveau n’a été acheté. Ces deux constats sont vérifiables même aujourd’hui. L’aménagement du bureau des colis postaux n’a coûté que la somme de 1 900 000 Fcfa. Le PDG a réclamé à la Sotelma la somme de 6 millions de nos francs pour financer les travaux. Ce montant ne figure dans aucun document comptable. Les différentes saignées continuent d’achever l’entreprise, pourtant en phase d’être redressée en 2003 au moment de la nomination du PDG.
rn
L’ONP : l’un des services publics les plus endettés !
rn
L’endettement grandissant de cette entreprise laisse à penser que la direction privilégie les dépenses d’achat d’équipements au détriment des dépenses de fonctionnement. En janvier 2003, lorsque l’actuel PDG prenait fonction, les comptes de la Mutuelle des travailleurs, les factures de l’EDM et autres dépenses étaient à jour. Aujourd’hui les précomptes effectués sur les salaires au profit de la Mutuelle ne sont pas reversées et se chiffrent à plus de 80 millions. Les impayés de l’EDM, de l’INPS, des impôts, de Piyeli s’accumulent. L’ancienne direction avait fourni des efforts en payant totalement des arriérés de salaires. Depuis trois ans, des arriérés de salaires commencent à s’entasser. En somme toutes les dépenses qui ne rapportent rien au PDG sont laissées à côté, faisant de l’ONP une poudrière dangereuse qui n’attend qu’une petite étincelle. Plus grave encore, les agents admis à faire valoir leurs droits à la retraite en décembre dernier n’ont pas encore perçu leur indemnité de départ à la retraite et aussi la somme de 400 000 Fcfa que la mutuelle doit remettre à chacun des partants. Quel calvaire !
rnMoussa Mamadou Bagayoko“