Moulin à paroles, intarissable en critiques stériles et inconnu de la scène nationale, le président de l’US-RDA, le Dr. Alou Badra Macalou, plusieurs mois après sa nomination à la tête du ministère des maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, n’a jusqu’ici posé un seul acte concret. A-t-il enfin compris qu’être responsable n’est pas chose facile ?
En effet, le fossé est très large entre la parole et l’acte. Beaucoup de gens l’ont appris à leurs dépens après s’être nommés à de hauts postes de responsabilité nationale, parmi lesquels le président de l’US-RDA, le Dr. Alou Badra Macalou. Avant d’être ministre que n’avait-il pas dit ? Il ne ratait aucune occasion, pour dénoncer voire s’insurger contre les gestes et faits du président ATT en désapprouvant les approches de gestion d’Ousmane Issoufi Maïga, alors Premier ministre.
« Il y a eu une alternance, mais les pratiques néfastes et les mœurs n’ont pas changé. Au niveau de l’administration, ça n’a pas changé non plus », avait-il dit avec véhémence, le 7 juillet 2004, lors d’un point de presse au siège du parti. Ironie du sort, arrivé dans le gouvernement du général de police, Modibo Sidibé, en tant que ministre des maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, le Dr. Macalou a du maille à partir avec les missions de son département. Du moins apparemment. Qu’a-t-il comme changement et contre les pratiques néfastes ? N’est-il pas maintenant à l’œuvre pour qu’on apprécie ce à quoi il est capable ?
Car, les maliens de la diaspora sont massivement expulsés sans qu’il ne puisse dire un seul mot. Si la rédaction d’un communiqué de presse condamnant ces refoulements de la Libye, du Gabon et de l’Espagne, relève de l’action concertée du gouvernement. Par contre, le ministre Macalou conformément à ses prérogatives, est libre d’initier un certain nombre d’actions tendant à calmer et à éclairer l’opinion nationale. Tel n’a jamais été le cas.
S’il n’était pas dans le gouvernement, Alou Badra Macalou et ses compères n’hésiteraient pas à organiser une conférence de presse, au cours de laquelle, ils traiteraient de tous les noms la diplomatie malienne. Accueillant nos compatriotes expulsés de Libye, le président de l’US-RDA loin de condamner les a, au contraire, soutenus en demandant à ses compatriotes à s’abstenir de faire de jugements hâtifs. Pourtant, rien ne saurait justifier la manière cruelle avec laquelle, les maliens sont expulsés.
Cueillis dans la rue et à leur lieu de travail, ils sont débarqués à l’aéroport de Sénou comme des vulgaires délinquants. Pis, dans l’avion, ils sont souvent ligotés. Les maliens peuvent être refoulés, cependant que cela se fasse dans le respect des droits de la personne humaine, conformément à la déclaration universelle des droits de l’homme. Loin de prétendre donner de leçon au gouvernement, ce principe sacro-saint doit être rappelé aux pays d’accueil des maliens.
De quoi a peur le ministre Macalou ? Étant dans le gouvernement, ne veut-il plus dire la vérité ? Car, on se rappelle de cette autre phrase du Dr. Macalou : « dire la vérité = opposition ». Ajoutant : « si notre rôle pour le Mali est d’aller à l’opposition, nous le ferons ». Pourquoi donc le parti de l’indépendance n’aime pas l’opposition considérée en Afrique comme le fiel ? Au Mali, les prétendus partis politiques écartés du gouvernement se considèrent automatiquement à l’opposition, et deviennent virulents à l’endroit du régime. Mais, dès qu’ils se voient attribuer un poste juteux, ils mettent de côté leurs capacités de nuisance. Ce qui s’appelle « la ventrecratie » ne s’occupant que du ventre.
Ne participant pas à l’animation politique et à l’éveil de conscience, le parti de la charrue ne s’est jamais singularisé qu’en matière de critiques acerbes. Si, les uns et les autres se taisent sur son attitude, c’est parce qu’il est constitué des gens du troisième âge. Pour autant, ne faudrait-il pas lui dire la vérité ?
Son président étant actuellement membre du gouvernement, il est devenu sourd-muet. Juste le temps qu’il n’en soit débarqué. N’est-ce pas là, une drôle manière au Mali de faire la politique ?
Sékou Coulibaly
