Gestion de L’Etat : Modibo Sidibé a-t-il déjà perdu le contrôle ?

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Un député brutalisé par les forces de l’ordre à Niono;  les portes de la grande Mosquée de Bamako fermée aux religieux devant y tenir une assemblée Générale ; interdiction de la marche de l’UNPR ; des dizaines d’éleveurs de Ténékoun spoliés de leurs biens par le préfet. Tentative d’enlèvement des autorités régionales de Gao… La liste n’est pas exhaustive. C’est le prix à payer pour, dit-on, maintenir l’ordre au Mali. Tout cela arrive au moment où notre pays abrite les assises de la  Communauté de la Démocratie.

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ll est des indices qui ne trompent    pas. L’on se dirige lentement mais sûrement vers la naissance d’un Etat policier. Les prémices sont perceptibles. L’absence d’une opposition politique forte et crédible en constitue le premier indice. Cette carence se manifeste par l’absence de débats contradictoires et de critiques saines. La société civile, comme à son habitude, s’épuise dans la course aux prébendes. L’opportunisme, le clientélisme et, avec à la clef le trafic d’influence sont presque devenus le sport national. La majeure partie des composantes de la société civile sont en effet occupées dans des querelles de reconnaissance et de privilèges : elles réclament plus de postes électifs et nominatifs auprès du Général. Dans ce contexte, nul ne veut s’attirer les courroux du régime ; même le RPM d’Ibrahim Boubacar Keïta dut finalement courber l’échine s’abstenant d’occuper le fauteuil de l’opposition qui lui est naturellement destiné. Aujourd’hui, le FDR ou ce qui reste encore de lui a perdu de sa verve. Le parti SADI incarne peut-être l’espoir, mais il ne parvient  malheureusement pas à mieux canaliser  son énergie et son potentiel.

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En clair, le manque de répondant de la part des partis politiques et de la société civile, [d’autres parleraient d’absence de contre-pouvoir], est un fait de nature à accorder un blanc-seing à l’Etat et un permis d’abus à ses structures.

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Les exactions, on le constate, sont désormais fréquentes au Mali. Les marches pacifiques sont interdites ou réprimées sans raison sérieuse (cas de la presse et de l’UNPR sans oublier la tentative d’interdiction de la manifestation contre l’arrivée de Sarkozy au Mali); à l’intérieur du pays, les autorités locales s’inspirent du Gouverneur du District lequel a recemment tenté d’interdire une Assemblée Générale de l’IMAMA et de l’AMUPI: brutalité sur la personne du député Mamadou Guindo à Niono; extorsion des biens des éleveurs  de Ténékoun par le Préfet… Au nom de l’ordre ? Peut-être bien, mais au même moment, le citoyen lambda constate avec amertume que le nord du pays est constamment sujet à  troubles et l’Etat, si enclin à ramener le calme au Sud, ne semble pas être pressé de gérer cette question avec la même promptitude. Toute chose qui explique un grand sentiment de exacerbée par les injustices sociales. Tenez : quand le Richissime Nimaga recrute sa propre milice pour imposer sa loi aux habitants du quartier N’golonina, tout va bien. Personne n’a rien vu. Tant pis pour les victimes ! Mais quand un groupe de travailleurs chez VALIMEX réclament trois mois d’arriérés de salaires, la justice retient le trouble à l’ordre public.  

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La nomination de Modibo Sidibé à la Primature semble avoir accentué le malaise. C’est désormais l’image d’un Général d’Armée Président de la République et d’un Inspecteur Général  de Police Premier Ministre qui s’impose aux Maliens. Les actes posés par leurs soins sont susceptibles d’être perçus à travers ce prisme. La réponse des pouvoirs publics face à certaines situations semble réconforter cette logique…

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Il est impératif pour nos autorités de changer de fusil d’épaule au risque de perdre très rapidement le contrôle de la situation. Et pour cause : le sursis dont joui en ce moment le nouveau gouvernement n’est pas à durée indéterminée. La période d’observation risque d’être très brève. Alors le talent de policier et les bons préjugés de connaisseur de dossier du premier ministre lui seront de peu de secours. C’est dire que les troubles sont inévitables et ce n’est pas avec la matraque que la grogne sociale sera contenue.

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B.S. Diarra

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Bientôt la période de vaches maigres et la fin du round d’observation

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La visite du premier Ministre chez les acteurs sociaux dès sa prise de fonction est, certes de nature à apaiser les rancoeurs sociales, mais elle ne pourra que retarder l’échéance.

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Les lendemains sont loin d’être promoteurs. A preuve. Inutile de rappeler les aléas du marché international et la continentalité du pays auxquels notre économie est assujettie. Le FMI annonce déjà une baisse de la croissance. Selon le Fonds Monétaire, elle était de 5,3 % en 2006, 4,7% en 2007 et estimée à 5% en 2008. Ce taux n’est pas évident eut égard au saut dans l’inconnu que la CMDT s’apprête à faire à partir de Mars 2008. Il s’agit de sa privatisation.

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Les raisons de cette régression s’expliquent en grande partie par la baisse de la production dans le secteur coton.  En termes moins prosaïques, la baisse du rendement aura plusieurs incidences socio-économiques : moins d’aliments bétail (tourteaux) et de graines de coton, la matière première des huileries. Toutes choses qui auront des répercussions sur le panier de la ménagère et sur la filière viande (probable augmentation des prix du kilogramme/viande, de l’huile..). Les risques de licenciements économiques au niveau des complexes industriels seraient également élevés; le secteur du transport en sera également affecté si l’on sait que le transport des balles de coton et autres produits dérivés de la CMDT constitue la principale activité de la plupart des entreprises nationales dans le domaine de la manutention.

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La conjugaison de tous ces phénomènes incitera évidemment les mouvements  syndicaux  à sortir à de leurs réserves et à actualiser leurs revendications. Ce ne sera pas avec le bâton que les pouvoirs publics maintiendront le calme. Comme l’a si bien rappelé le chef de l’Etat dans sa lettre de cadrage, les «débats […] doivent se dérouler dans la sérénité, la tolérance et le respect qui caractérisent notre peuple».

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BSD

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