Un ministre malien d’aujourd’hui est dans son rôle lorsqu’il vante les mérites du chef de l’Etat. Mais il est tenu de remuer la langue sept fois dans la bouche avant de parler. Comme le dit l’adage, la parole est comme la fumée, une fois qu’elle est lâchée, elle ne peut plus être rattrapée. Démonstration.
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Le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau a commis la gaffe de l’année le mardi 17 juillet 2007 à l’occasion de l’inauguration de l’éclairage public du tronçon Sévaré-Mopti dont le coût de réalisation est estimé à près d’un milliard de F CFA, en tenant des propos qui desservent le président de la République.
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Hamed Diané Séméga, pensant peut-être bien faire, a solennellement affirmé sur les antennes de la télévision nationale que cet éclairage public, qui fait de Mopti la ville la plus illuminée du Mali après Bamako, est une « initiative personnelle du président de la République Amadou Toumani Touré », ressortissant de la ville.
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Le ministre croyait lancer des fleurs au président ATT qui, rapporte-t-on, en raffole. Mais en fait de fleurs, il lui a jeté des cactus, car les propos sont loin de le servir. Le ministre, qui est l’un des plus proches du chef de l’Etat en sa qualité de responsable de premier plan du Mouvement citoyen, a commis la maladresse d’étaler au grand jour le régionalisme que d’aucuns ne cessent de reprocher à ATT.
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Pour quelles raisons, Mopti qui ne peut être que la quatrième ville économique du Mali après Bamako, Ségou et Sikasso, bénéficie d’un aussi important projet de développement ? Nulle part dans les statistiques de la police nationale, le taux d’insécurité lié au déficit d’éclairage public n’est plus élevé à Mopti que dans les autres régions.
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En parlant d’initiative personnelle du président de la République, il signifie en clair que ce n’est pas un projet mis en œuvre dans le cadre d’un schéma d’urbanisation nationale programmé dans le budget spécial d’investissement. C’est probablement le fruit d’une indiscipline budgétaire ou à tout le moins d’une utilisation fantaisiste de l’argent du contribuable.
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L’éclairage de Sévaré-Mopti est une promesse électoraliste du président de la République. Mais elle tombe à un moment où le Mali connaît une crise aiguë d’électricité et d”eau avec de fréquents délestages. Une situation que les plus hautes autorités du pays imputent aux caprices de la nature avec l’installation tardive de l’hivernage.
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Cependant, le milliard investi dans l”éclairage de Sévaré-Mopti aurait pu contribuer à acheter au moins un groupe supplémentaire pour les stations thermiques de Balingué ou de Darsalam.
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On le sait, le département d’Hamed Diané Séméga est épinglé dans le dernier rapport du Vérificateur général pour avoir fait passer à la pelle plusieurs milliards de nos francs. Il aurait même battu le record de la dilapidation de fonds public en achetant en un seul jour 11 millions de F CFA de thé et de café. De quoi faire boire tout Bamako pendant au moins un trimestre.
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Est-ce pour se donner bonne conscience et s’en laver les mains comme Ponce Pilate après avoir livré le Christ à ses bourreaux ? Toujours est-il que s’il voulait vraiment nuire au chef de l’Etat, il ne s’y prendrait pas autrement.
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En attendant, il faut souligner que le président de la République est le président de tout le peuple qui l’a élu de façon souveraine et démocratique. Une fois élu à la tête de l’Etat, il ne doit plus se réclamer officiellement leader ou membre d’un parti politique, d’une confrérie religieuse ou d’une zone géographique donnée. Telle est la règle d’or dans toutes les démocraties du monde. Dommage !
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Abdrahamane Dicko
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