En rencontrant le lundi 8 octobre dernier les nouveaux membres du gouvernement, le Président de la République Amadou Toumani Touré a fait ressortir les grandes lignes de sa politique axées en partie sur son Programme de Développement Economique et Social (PDES). En attendant de léguer au Premier ministre une Lettre de Cadrage qui tiendra lieu de Feuille de Route, nous estimons qu’il est nécessaire pour tout Etat responsable d’avoir une certaine ligne directrice. D’abord, il faut qu’il y ait une autorité de l’Etat ; que soient bannies à jamais les fausses promesses ; que le cousinage, le népotisme et l’affairisme entre autres ne soient pas des méthodes de gestion ; que la vérité et la compétence soient les règles d’or de communication et de gestion. Comment y parvenir afin de relever le défi ? Là réside toute la problématique.rn
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Il ne sert à rien de tenir des paroles douces, d’être anxieux mais en patriote convaincu, il s’agit d’avoir une ligne directrice de gestion. A l’état actuel, tous les Maliens ont les yeux braqués sur le nouveau gouvernement. Déjà les commentaires vont bon train quant à leur capacité à relever le défi. Mais, personne aujourd’hui ne peut dire avec certitude qu’adviendra de ces ministres. Parce que gérer au Mali est subordonné à deux alternatives. Primo, il faut faire ce que le chef veut même si c’est contraire à votre étique. Secundo, il faut se soumettre aux exigences de l’entourage du pouvoir pour se maintenir.
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Dans cet état d’esprit, nous continuerons à nous la couler douce. Car quelque soit le ministre, sa compétence, les défis ne seront jamais relevés. Sinon, en s’adressant aux ministres, le Général Président a été pragmatique dans ses propos. Il n’a rien omis pour que les défis qui sont nombreux puissent être relevés. Il reste maintenant de joindre l’acte à la parole pour le faire. Qu’est-ce qu’il faut donc ?
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Sans détour, il faut dire que c’est là où le bas blesse. Car, pendant ses cinq premières années, ATT est apparu amorphe dans un Etat sans âme où l’autorité de l’Etat est bafouée. Alors, sans un jugement purement négatif, ATT a vraiment traîné le pas. L’on nous dira qu’il était en train de prospecter, d’étudier comme s’il était convaincu d’un second mandat. Après donc cette période de prospection, d’étude, il semble se ressaisir pour pouvoir relever le défi qu’il avait promis au peuple le 10 mars 2002 au stade Babemba Traoré à Sikasso lors de sa déclaration de candidature : «Je m’engage à corriger les tares de l’Adéma Pasj». Toute chose qui avait été bien accueillie par le peuple. Pour la simple raison qu’il a été un homme de parole en donnant le pouvoir aux civils après une transition bien remplie de 14 mois. Et pendant 10 ans, il est resté dans l’observation, s’occupant d’autres choses.
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Sa venue, sans être dans les secrets de Dieu, peut s’expliquer par la déchirure politique qui prévalait. Il fallait obligatoirement du sang neuf pour prendre les rênes du pouvoir ou lui faire recours. Si l’on nous révèle que c’est Cheick Modibo Diarra qui était pressenti à cet effet, il semble que ce chemin fut vite mis aux calendes grecques pour la simple raison que celui-ci est plus proche du dictateur Moussa Traoré qui est son beau père. Alors, la seule alternative était le retour du tombeur de Moussa. Ainsi préparé puis exécuté avec l’appui du parti majoritaire divisé plutôt morcelé pour affaiblir son candidat mais émietté l’électorat pour permettre au Général Président de s’imposer.
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Arrivé dans un contexte politique difficile où des partis ou leaders politiques se regardaient en chien faïence, il a instauré le consensus politique. Pour permettre à chaque parti de se refaire une santé et aux leaders de se replacer dans leur peau de leader. Ce quinquennat fini, ATT a aujourd’hui de nombreux défis à relever. Pour se faire, il doit obligatoirement changer de fusil d’épaule pour répondre aux attentes, aux exigences du Malien. Ainsi, il faut rétablir l’autorité de l’Etat.
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Rétablir l’autorité de l’Etat
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Aucun Etat ne peut se développer dans la magouille, le laisser aller et le laisser faire. Sans être un dictateur ou gérer dans une dictature, il faut que les Institutions de l’Etat soient scrupuleusement respectées. Il faut qu’un pouvoir puisse coiffer logiquement un pouvoir. Il faut le respect strict des lois, de l’étique et de la déontologie de toutes les activités politique, économique et sociale. Que le fauteur soit sanctionné sans arrière pensée.
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Bannir les fausses promesses
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Dans un Etat en voie de développement, il n’est pas dit de ne pas adoucir certaines choses mais il est opportun de bannir les fausses promesses. Que le Président de la République, le Premier ministre ou les Ministres s’engagent solennellement devant le peuple à ne faire de promesses creuses c’est-à-dire qui ne tiennent pas. Que le langage de vérité soit la règle d’or vis-à-vis des citoyens.
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Cousinage – Népotisme
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Que chacun sache que l’Etat n’est pas un bien familier. Ainsi, l’on ne donnera plus un marché au fils du Président ou à celui du Ministre pour se maintenir à son poste. Que le cousinage et le népotisme soient définitivement un souvenir amer.
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Vérité, règle d’or de communication
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L’information et la communication sont indissociables aujourd’hui pour la réussite de toute activité humaine. Mais, il est nécessaire qu’elles se réalisent dans l’objectivité, dans la franchise.
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En parvenant au respect de ces quelques lignes directrices, nous sommes convaincus que le Général Président, son Premier ministre et son gouvernement parviendront à relever les nombreux défis qu’il a bien souligné dans son adresse aux Ministres. Comme il l’a dit, il faut que le Gouvernement adopte et applique un ensemble de mesures visant à : « Maîtriser les charges de l’Etat en canalisant et en diminuant les frais généraux ; Respecter les engagements pris vis-à-vis de nos Partenaires Financiers ; exercice particulièrement difficile que de tenir de tels engagements dans un contexte caractérisé par un large front social de plus en plus exigeant ; Faire face aux conséquences des aléas climatiques caractérisés par la sécheresse, l’inondation, les criquets et les oiseaux granivores, etc. ; Faire face aux besoins de type nouveau (Communications, Nouvelles Technologies, Transports) et bien d’autres contraintes qui constituent des facteurs limitants pour nous ».
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Très anxieux face aux nombreux défis qui attendent ce 1er gouvernement de Modibo, ATT après les avoir félicités sur le choix porté sur eux a souligné : «Votre désignation intervient dans un contexte extrêmement délicat, caractérisé par une conjoncture nationale et internationale difficile. Au plan international, les effets pervers de la mondialisation écrasent nos jeunes économies, les rendant, du coup plus fragiles de jour en jour. Pour illustrer mon propos, je citerai le cas du pétrole qui a atteint des prix jamais égalés, avec 80 dollars le baril. Ce renchérissement du pétrole, qui embrasse tous les autres secteurs d’activités, avec une forte incidence sur les coûts des transports, depuis nos lointains centres d’approvisionnement, rend notre économie très fragile. Un simple coup d’oeil sur les distances qui nous séparent de ces centres d’approvisionnement suffit à mesurer le sacrifice consenti : Abidjan – Bamako : 1200 Kms ; Dakar- Bamako : 1200 Kms ; Lomé – Bamako : 1700 Kms ; Cotonou – Bamako : 2000 Kms.
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En outre, la dépréciation du dollar par rapport aux autres devises influe négativement sur nos relations économiques avec l’extérieur. Aussi, assistons-nous à un déséquilibre de plus en plus significatif entre l’offre et la demande des produits de première nécessité. La Détérioration des termes de l’échange est passée par là ! Sur le plan national, nous constatons que : La demande sociale devient de plus en plus grande et très variée ; Les revendications sectorielles sont presque toutes monétaires ; Des modes d’expression syndicale de type nouveau font leur apparition (la rétention des notes de classe par exemple). ».
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Pour répondre à ces exigences, ATT propose en interpellant et en invitant de : «fournir plus d’efforts au travail, mieux nous organiser, adopter des méthodes plus adaptées et plus efficaces et être plus persévérant. Nos populations sont pressées et exigeantes, ce qui me semble légitime. A vous de trouver des réponses urgentes dans les limites des moyens disponibles. Je l’avais dit tantôt, la conjoncture internationale, singulièrement la hausse du prix des hydrocarbures, s’est installée dans la durée. A nous d’y répondre. Je crois l’avoir dit, je le répète encore : face au monde d’aujourd’hui, ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin .Le Gouvernement le sait, il faut expliquer, justifier, parler très souvent à nos populations ; leur parler avec franchise. Le changement, c’est surtout changer de comportement et de mentalité. Notre mission est certes de résoudre les problèmes, les problèmes difficiles qui se posent à notre pays ; mais ne vous engager pas et n’engagez notre pays que sur ce que vous pouvez respecter. D’où le devoir de communiquer à tous les niveaux. L’élan nouveau, c’est celui de travailler et de mettre tout le monde au travail, de récompenser le mérite et sanctionner la faute. Il nous faut tous retenir que notre ambition de faire le Mali de Demain est sans limite. Une partie non négligeable de la demande sociale et de nos préoccupations essentielles, trouvent leur réponse dans le Programme de Développement Economique et Social (PDES). Le PDES vise à apporter une croissance accélérée à notre potentiel agro-pastoral. Il est un Programme cohérent, qui cherche à : Produire davantage, Distribuer équitablement les fruits de la croissance et, Investir dans l’Avenir. Il essaie de faire aussi de l’Etat malien un modèle de gouvernance avec l’émergence : d’un Etat fort, d’une Administration performante, d’une Justice assainie, et des Collectivités Locales renforcées. Le renouveau de l’Action Publique, qui est au cœur du PDES, se matérialise par le renforcement de la transparence, dans la gestion des ressources publiques. Je serai particulièrement intransigeant. Je rappelle que le PDES, c’est aussi le développement des Ressources Humaines et les réformes de société. A ce propos, dans quelques jours, j’adresserai au Premier Ministre une Lettre de Cadrage qui tiendra lieu de Feuille de Route de l’action que nous vous confions. Je vous remercie de votre attention ! ».
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Voilà qui est bien dit par le Président de la République et qui, du coup renvoie la balle dans le camp des Ministres qui n’auront d’autres priorités qu’à mouiller le maillot envers et contre tout. Le chemin est certainement difficile et plein d’embûches mais quand on veut servir son pays, on brave même les coups les plus bas.
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Alors, attendons de voir !
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B. DABO
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