D’une lettre de cadrage à une autre : Qu''est ce qui a changé?

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               Le mardi 13 Novembre 2007, le Président de la République a adressé, au Premier ministre, une Lettre de cadre qui sert de feuille de route au gouvernement, en vue de la réalisation du Projet pour le Développement Economique et Social (PDES). En attendant la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre Modibo Sidibé devant l’Assemblée nationale, la question suivante se pose : qu’est-ce qui différencie la Lettre de cadrage de 2002 de celle 2007?

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                Pour répondre à cette question, des analystes rappellent que si les deux documents viennent de la même autorité, c’est-à-dire du Président de la République , force est de reconnaitre que les contextes ne sont pas les mêmes, les réalités aussi.

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Assurer le bien-être de ses compatriotes

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                Le 22 octobre 2002, ATT a adressé à Ag Hamani une Lettre de cadrage. Le document venait de quelqu’un qui avait été choisi sur la base de ses promesses électorales. Autrement dit, le peuple malien avait préféré cet indépendant à  24 autres candidats, dont certains étaient issus de la classe politqiue: Ibrahim Boubacar Kéïta du RPM, Soumaïla Cissé de l’ADAMA-PASJ, Me Mountaga Tall du CNID, le Dr Oumar Mariko de SADI, Mamadou Bakary Sangaré “Blaise”  de la CDS , Tiébilé Dramé du PARENA, Moussa Balla Coulibaly de l’UDD, Choguel Kokalla Maïga du MPR.

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                Ainsi, la Lettre de cadrage s’inscrivait dans la réalisation d’une vision proposée à ses compatriotes et qu’il croyait partagée par l’ensemble de la classe politique. “Assurer le bien-être de toutes les Maliennes et de tous les Maliens et faire du Mali un modèle de bonne gouvernance.” Telle était l’ambition du Président Amadou Toumani Touré, pendant le mandat écoulé que les gouvernements successifs avaient la charge de traduire concrètement.

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                C’est dans cette optique qu’il avait souhaité et voulu  une politique de développement centrée sur l’Homme. Dans la hiérarchie des priorités, ATT avait retenu l’emploi, l’école, la santé et l’amélioration du pouvoir d’achat. A cet égard, trois axes majeurs étaient à considérer : le développement du secteur rural, moteur de l’économie, l’investissement dans les ressources humaines et enfin, la rénovation du cadre politique et la gouvernance.

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                Pour mettre en application ses ambitions pour le Mali, ATT proposa, à l’ensemble des acteurs de la vie publique, une politique de consensus national dont l’objectif était de mettre entre parenthèses les clivages idéologiques pour se consacrer exclusivement au développement économique du Mali. Tout ce que compte l’échiquier politique malien comme personnalités et partis adhéra au projet présidentiel. Un gouvernement de large union nationale fut mis en place. On constata un apaisement politique notable.

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                Malheureusement, trois mois et quinze jours après l’investiture du Président de la République , la Côte d’Ivoire entra dans une longue période de turbulences. C’est une catastrophe pour le Mali totalement enclavé, dont les trois quarts des échanges commerciaux transitent par le port d’Abidjan. La fermeture des frontières terrestres avec ce pays, imposée par les évènements, prive le Trésor public malien de plusieurs milliards de FCFA de recettes douanières.

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                Prenant conscience de la trop forte dépendance du pays vis-à-vis d’Abidjan, ATT lança un vaste programme d’investissement dans les infrastructures pour relier Bamako aux autres ports de la région (Dakar, Conakry, Téma, etc) par des axes routiers bitumés. Parce que la réhabilitation de la voie ferrée Bamako-Dakar connaissait quelques problèmes.

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                En plus de la crise ivoirienne à laquelle s’ajoutait la recession économique mondiale provoquant la rareté de l’argent en circulation, ATT devait faire face à une forte sécheresse qui provoqua un désastre, les ruraux (plus de 72% de la population, selon des statistiques) étant les plus touchés. Aux aléas climatiques succèda une invasion accridienne. Ces deux calamités, qui touchaient également des pays voisins, coûtent plusieurs points de croissance économique.

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                Enfin, il y a autre véritable problème qui s’est posé à ATT. En 2005, le consensus national va voler en éclats. Deux événements vont alors précipiter les choses. IBK annonce son intention de se présenter à la présidentielle de 2007, alors qu’il était président de l’Assemblée nationale, à la faveur du consensus. Alors que l’ADEMA, au cours d’une conférence nationale, décidait de traduire son soutien politique en soutien électoral, au cas où celui-ci sera candidat à sa propore succession. Néanmoins, ATT est réélu le 29 Avril 2007, avec de nouvelles ambitions pour son pays.

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PDES : Un avenir meilleur pour le Mali

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                Si en 2002, ATT parlait de PDS (Parti de la Démocratie Sociale ), pour son second mandat, il a à mettre en oeuvre le PDES (Projet de Développement Economique et Social) sur la base duquel nos compatriotes lui ont largement accordé leurs suffrages.

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                Ainsi, à travers la Lettre de cadrage adressée au Premier ministre Modibo Sidibé, le mardi 13 Novembre 2007, la mission globale du gouvernement est de traduire en résultats l’engagement que le Chef de l’Etat a pris avec le peuple malien, dans et autour du PDES.

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                Selon ATT, “l’ambition principale du PDES est d’assurer une croissance forte et soutenue, produisant les opportunités et la prospérité pour tous les citoyens, d’ouvrir la voie à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à l’horizon 2015 , permettant ainsi à tous les Maliens d’acquérir les droits fondamentaux de tout être humain : manger à sa faim, avoir l’accès à l’eau potable, bénéficier des soins de base dans un rayon de cinq kilomètres, envoyer tous ses enfants, garçons et filles, à l’école primaire et créer les conditions d’emplois pour la majorité des jeunes du pays.”

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                C’est dire que l’Homme reste toujours au centre des priorités du Président de la République , car le PDES concorde avec les OMD et le Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP/CLSP II) qui retient, comme axes d’orientation stratégiques, le développement du secteur productif, la poursuite et la consolidatiion des réformes structurelles, le renforcement du secteur social.

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                “Notre ambition, c’est un futur prospère que nous pouvons et devons construire ensemble, ici et maintenant. Seules cette vision et cette dynamique doivent sous-tendre nos politiques et stratégies, parce qu’il s’agit ,non pas simplement de réduire la pauvreté, mais bien de permettre à notre pays de forcer son destin et d’entamer son décollage socio-économique”, explique le Président ATT, dans sa Lettre de cadrage au Premier ministre.

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Des chiffres qui attestent le changement

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                Contrairement à la Lettre de cadrage de 2002, celle adressée à Modibo Sidibé comporte des objectifs chiffrés à atteindre avant la fin du second mandat. Ainsi, d’ici 2012, le gouvernement doit impulser une croissance économique plus forte d’au moins 7% par an, équiper 900 000 petites exploitations agricoles en matériels de culture attelée, et le nombre d’équipements utilisés de petite et de grande motorisation doit doubler pour permettre à notre agriculture de tendre vers la production de 10 millions de tonnes de céréales par an.

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                Il s’agira également d’aménager 60 000 ha de plus dans l’Office du Niger et d’atteindre une production de 1 million de tonnes de riz paddy. En tout cas, le gouvernement doit veiller à augmenter progressivement les stocks de sécurité alimentaire, de manière à atteindre 100 000 tonnes en 2012.

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                Par ailleurs, l’Etat doit arriver à multiplier par au moins deux, le nombre d’entreprises viables au Mali, créer 50 000 emplois, atteindre un taux brut de scolarisation de 95% dans le 1er cycle de l’enseignement fondamental, à l’horizon 2010, réaliser un taux de scolarisation de 100% dans le primaire, à l’horizon de 2012.

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                Il a enfin en chantier la construction d’une nouvelle Maison de la presse, la réalisation des milliers de logements sociaux avec les sociétés immobilières, la construction d’un nouveau pavillon des sports, entre autres.

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Le positionnement pour 2012

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                Si ATT veut “un meilleur avenir pour les Maliens à l’horizon 2012” , tout indique que ce second mandat sera différent du premier. En effet, après les élections, on s’attendait à ce que chacun surmonte son amertume et ses rancoeurs pour penser à l’avenir. Mais des vaincus de la présidentielle sont toujours sur le pied de guerre.

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                En tout cas, ATT a été plébiscité par les Maliens parce qu’il veut mettre en oeuvre un ambitieux projet de société pour les 5 ans à venir. Donc, que ceux qui veulent composer avec lui pour aller de l’avant le fassent ! Ceux qui veulent rester en marge de l’action gouvernementale doivent prendre leur courage à deux mains et s’assumer ouvertement. Ils doivent savoir qu’une opposition crédible peut être un atout politique pour ATT, même s’il a besoin de coudées franches pour mener à bon port ce second mandat constitutionnel.

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                Pourtant, la présence d’une force de contre-pouvoir est loin d’être du  dégoût d’ATT. A preuve, il demande au Premier ministre et à son gouvernemnet de “renforcer le statut de l’opposition dans le cadre de la loi sur les formations politiques”  pour “faire du principal leader de l’opposition une personnalité reconnue de l’Etat”  , en vue de la consolidation de la démocratie.

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                C’est dire qu’il faudrait s’attendre à des débats houleux et élevés à l’Assemblée nationale, eu égard à la présence de certaines grosses pointures de la classe politique et de la société civile. Son président Dioncounda Traoré, juste après son élection, a bien dit que le parlement accompagnera le Chef de l’Etat, mais ne faillira pas à son devoir de contrôle de l’action gouvernementale. Or, c’est à la faveur d’un contrat de législature signé entre le duo-ADEMA-URD et les autres que le parti de l’Abeille a gagné le Perchoir.

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                Après la formation du bureau de l’Assemblée et du gouvernement, les partis membres de l’ADP (Alliance pour la Démocratie et le Progrès) qui a poussé ATT à la victoire est entrée dans une zone de turbulence. Les accusations de trahison fusent de ses rangs. Ce n’est là que la colère des petits, en attendant que les grands se mettent à s’entre-déchirer. Bien que certains s’agitent pour les retrouvailles de la famille ADEMA, on voit mal le PASJ et l’URD cheminer ensemble sans accrocs jusqu’en 2012 : l’un veut reconquérir le pouvoir perdu en 2002, l’autre veut le conquérir. Mais tous deux mettent le cap sur la prochaine présidentielle.

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                D’autres problèmes nés en début de mandat pourraient compliquer la tâche du Président. C’est le cas des brûlots sociaux qui se multiplient avec des grèves sur le front scolaire et universitaire, la colère des consommateurs, suite à la flambée des prix. Pourtant, ATT a conscience de la crise d’argent à laquelle sont confrontés ses compatriotes. Mais la crise économique est mondiale.

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                Alors, un changement de mentalités, une gestion efficace et efficiente des ressources de l’Etat, et l’esprit créatif des maliens sont autant de facteurs pour aider à une meilleure application du PDES. Mais les ministres sont les premiers à se montrer à hauteur de mission.

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Oumar SIDIBE

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16 nov 2007

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