Contrat OMD avec l’Union Européenne : Pour mauvaise gestion des finances publiques, le Mali perd 3 milliards

0

C’est l’information principale à retenir de la cérémonie d’annonce solennelle de décaissement, de la part de la Commission de l’Union Européenne, pour le financement du Programme pluriannuel d’appui budgétaire au Mali (ou Contrat OMD), au titre du 10ème FED (Fonds européen de développement).

C’est l’Ambassadeur Giacomo Durazzo lui-même qui l’a annoncé au cours de son allocution: «les tranches annuelles de performance de 2009 et 2010, représentant 1,5 milliards de FCFA chacune, n’ont pu être versées et ne pourront plus l’être, faute de progrès significatifs dans la mise en œuvre de certaines conditions spécifiques liées à la gestion des finances publiques, notamment au contrôle externe».

Et l’Ambassadeur d’ajouter, devant notre ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Moctar Ouane, qui n’en pouvait mais, et ses homologues de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales, Salikou Sanogo, et de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, dont les départements sont certainement les plus fortement lésés par cette inorthodoxie en matière de finances publiques: «la Section des comptes n’a en effet pas encore été renforcée selon les modalités convenues dans le contrat OMD, malgré les engagements qui avaient été pris par le gouvernement malien. Du retard a été pris également dans la mise en œuvre des conditions relatives à l’efficacité de la dépense et dans la mise en place d’un système de passation des marchés publics efficace et transparent».

Voilà qui a le mérite d’être clair! Notre négociateur diplomatique en chef, qu’on ne peut accuser dans cette affaire car ce n’est pas à son département qu’il incombe de délier ou non les cordons de la bourse, que cela soit fait ou pas dans les règles, ne s’est pas dérobé à la réalité.

«Il convient de souligner certains points de préoccupations relatives aux insuffisances constatées dans la mise en œuvre des conditions spécifiques… Seules deux conditionnalités ont été satisfaites et deux autres connaissent des retards de mise en œuvre: la mise à niveau de la base de données sur les marchés publics en cours de réalisation et la mise en place de la nouvelle application informatique intégrée du Trésor. Enfin, le plus significatif, les conditions relatives au renforcement de la Section des comptes ne sont pas encore remplies». On ne peut pas dire que Moctar Ouane ait sacrifié à la langue de bois en cette occasion, ce qui est tout à son honneur. Quant à son collègue de l’Economie et des Finances, il était absent de la salle, dûment représenté, cependant, par le Secrétaire d’Etat chargé du Budget, Lassine Bouaré.

Une simple addition permet de fixer le manque à gagner pour le Mali, soit 3 milliards de Francs CFA pour 2009 et 2010. Nous sommes certainement assez riches pour nous en passer! Rappelons que, signé le 18 mars 2009 sous la haute présidence du chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, le Contrat OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement), permet à notre gouvernement d’améliorer la prévision de ses flux financiers externes et de focaliser sa coopération sur l’atteinte des OMD.

Son montant total est de 97,08 milliards de FCFA, dont 95,11 au maximum sous forme d’appui budgétaire et 1,97 sous forme d’appuis institutionnels. L’appui budgétaire, qui court depuis 2009 et jusqu’en 2014, comporte trois tranches: une tranche fixe annuelle, une tranche annuelle de performance et une tranche OMD.

La deuxième tranche fixe annuelle a donc été versée par l’UE au Mali, le 5 octobre dernier. D’un montant de 12, 725 milliards de nos francs, elle porte à 25,44 milliards le total versé depuis 2009, suite aux résultats positifs obtenus par notre pays dans la mise en œuvre du CSCRP, le maintien d’un cadre macro-économique stable et la mise en œuvre du Programme d’amélioration et de réforme de la gestion des finances publiques.

La tranche OMD, quant à elle, verra son montant fixé lors de la revue à mi-parcours du programme, prévue pour septembre 2011, laquelle évaluera les progrès réalisés par le Mali vers l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Lesquels ne nous offrent, pour le moment, que de faibles perspectives, à l’exception des indicateurs relatifs à la réduction de la prévalence du VIH / SIDA, à la vaccination contre la rougeole et à l’accès à l’eau potable, à mettre, soit dit en passant, principalement à l’actif du département de la Santé, n’en déplaise aux fâcheux. Malgré cela, nous risquons, ici aussi, de ne pouvoir mobiliser que 60% du montant maximal disponible, compte tenu de notre faible performance d’ensemble pour ce qui concerne les indicateurs sociaux.

Laissons l’Ambassadeur Durazzo conclure. Tout ira mieux lorsque: «le gouvernement honorera ses engagements internationaux … et assurera la certification et le jugement de ses comptes publics. C’est-à-dire qu’il sera en mesure de rendre des comptes et d’être transparent, tant vis-à-vis de ses citoyens que des partenaires, sur l’utilisation des ressources publiques». En un mot, faisons un rêve!

Ramata Diaouré

 

Commentaires via Facebook :