Bons impayés au Trésor public :rnLa gourmandise des agents en cause

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Notre article d’hier sur la crise d’argent à la paierie générale du Trésor a provoqué la colère d’autres victimes de ce service. Des langues commencent à se délier pour dénoncer des agents gloutons qui exigent de se faire rétribuer pour tout service, foulant aux pieds les règles élémentaires de l’administration au service des usagers.

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Une administration moderne et performante veut qu’elle soit au service des usagers. Mais dans beaucoup de nos administrations, singulièrement au Trésor public, les choses semblent se dérouler selon le bon vouloir des agents. Ceux-ci se sont mus en de véritables sangsues pour les usagers au lieu d’en être les serviteurs.

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Ceux qui partent au Trésor pour des règlements de factures sont obligés de se soumettre à la loi de l’Omerta. Tout accepter à son corps défendant pour un règlement diligent de son problème. Le phénomène des pourboires est l’une des premières conditionnalités de la loi du silence.

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« Tout se paie au Trésor. De la secrétaire au planton en passant par le contrôleur et l’inspecteur. Tout au bout de la chaîne, on est tenu de payer de l’argent pour avoir satisfaction. Pour enregistrer un dossier, il faut débourser de l’argent. Arrivé au niveau de l’inspecteur qui procède au contrôle, il faut toujours payer. A l’établissement du chèque, il vous revient de mettre la main à la poche », témoigne un usager.

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Un autre témoin ajoute que ce qui fait le plus mal, c’est que des agents sont enclins à marchander les pourboires. Selon lui, « sur des montants de 1 à 2 millions de F CFA, certains t’exigeront de 100 000 à 200 000 F CFA comme commissions. C’est à prendre ou à laisser. De toutes les façons le règlement rapide de ta facture en dépendra », affirme-t-il.

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Personne ne répond de rien

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Ceux qui ne satisfont pas à ce système de corruption sont tournés en bourrique. Ils peuvent attendre d’un à deux ans le paiement de montants insignifiants. Des prétextes comme le manque de liquidité dans les caisses sont vite trouvés pour leur faire avaler la couleuvre. Ce qui est davantage écœurant, les victimes n’ont personne à qui se plaindre.

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Dans cette jungle, personne ne répond de rien puisque tout le monde, du plus faible au plus fort, est mouillé. Aucun dossier relatif à cette corruption passive n’a aucune chance d’aboutir devant le procureur anti-corruption. Ce dernier qui a publiquement sabordé récemment, au cours d’un séminaire, les rapports du Végal pour « manque de consistance », ne prendrait jamais au sérieux un plaignant qui n’a aucune preuve de corruption contre un agent du Trésor.

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Le Médiateur de la République, qui est de par ses statuts, le recours des usagers contre les abus de l’administration, est toujours limité dans son domaine. Il vous dira qu’il ne peut pas se substituer à la justice pour le règlement d’un tel problème.

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Le Burkina Faso, notre voisin, a pourtant trouvé la solution à ce genre de lenteur administrative et de corruption. Selon des dispositions réglementaires, un agent du Trésor au Burkina n’a aucun droit de faire traîner une facture ou un dossier quelconque plus d’une semaine. Il a deux options : soit régler le dossier dans le délai requis, soit le faire retourner en prenant le soin de mentionner les motifs de renvoi.

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Voilà un système qui a la vertu d’étouffer toute velléité de corruption active ou passive. Une bonne pratique dont notre pays pourrait bien s’inspirer comme il l’a fait avec l’institutionnalisation du Végal en copiant le modèle canadien. Sauf que pour ce dernier cas, les actions du Végal font l’objet de sabotages savamment orchestrés.

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Abdrahamane Dicko

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