Qu”adviendra t il d”un pays quand les cadres, les commis de l”Etat perdent toute capacité d”indignation ? Aujourd”hui,, au sommet de l”Etat et dans les rouages de l”administration, beaucoup de consciences ont perdu de leur intériorité et assistent inébranlables à la mise sous coupe du pays par des apprentis sorciers. Il en est ainsi de Ousmane Issoufi Maïga Gros Jean, qui après tout n”a droit qu”à une qualification que ceux qui l”ont approché ont toujours soutenu, l”image d”un contre maître. Venu animer une conférence de presse, sur les réalisations du gouvernement de 2002 à 2005, le deuxième Premier Ministre (le deuxième choix) a plus vociféré que convaincu.
Ousmane Issoufi MAIGA, avec des effluves dignes de Idi Amin le bouffon, doit être le premier à savoir qu”il n”a point convaincu au cours de la conférence de presse hollywoodienne qu”il a animée le 31 mars 2007, pour parler des réalisations des cinq ans du président Amadou Toumani Touré à la tête du Mali.
"Nous avons accompli, notre mission à 100 % ", s”est il d”emblée félicité. Le commentaire libre pourrait donner ceci : le pays est bien géré, les sacro-saints équilibres macro économiques sont tenus…
Rien n”a ébranlé Ousmane Issoufi Maïga. Mais justement, là est l”anicroche. Car s”il a lapidairement évacué certaines questions des journalistes, dont certains se sont montrés plus que ridicules, il reste que des problèmes de fond demeurent. Visiblement, Ousmane Issoufi MAIGA est un économiste qui a peur des chiffres. Il en a tellement peur qu”il s”est bien gardé de toute allusion à l”endettement du pays. Parler d”un tel état aurait été d”un courage athénien à l”heure où le pays va se donner une nouvelle légitimité à travers les élections générales annoncées. Quel était l”endettement du pays avant l”accession de ATT aux affaires ? Quel est cet état aujourd”hui ?
Le contestable
Ousmane Issoufi Maïga est passé aussi comme un skieur sur le taux d”inflation du Mali qu”il a passablement situé dans les "normes admises au sein de l”UEMO", c”est à dire 3%. Il y a là problème, car si après des triturations de haute tenue, les financiers maliens "acceptent" ou avancent "prudemment" le chiffre de 2, 7%, il est reconnu à l”échelle de la sous région que le Mali marche galamment avec un taux d”inflation variant entre 6 et 7%. Que dit le dernier rapport du PNUD qui a tant fait de bile ? Le panier de la ménagère n”est pas une préoccupation pour le Premier Ministre : "tous les visages que j”ai devant moi sont luisants". Il a raison, car il ne voit pas, il ne peut même pas voir l”immense masse des visages qui ont perdu le sourire depuis des lustres et qui se demandent bien s”ils sont des maliens.
La mauvaise foi
Le Premier Ministre doit sortir et se rendre à Magnambougou, pour se rendre compte qu”au cœur de la capitale, le robinet peut faire trois jours sans que n”y coule un filet d”eau. Il doit sortir de son habitacle douillet pour voir le spectacle hallucinant de familles entières faisant le guet au tour des points d”eau dans tous les quartiers à la périphérie.
Interrogé sur la gestion démocratique des affaires publiques, là où on voit à l”oeuvre, les bâtisseurs des nations, Ousmane Issoufi Maïga a laissé pantois plus d”un. Il n”est au courant de rien. Il n”est pas informé officiellement. Il ne peut donc pas agir alors même que l”Etat paie des agents secrets à la pelle pour ne pas se voir déborder. Pinochet n”est pas au courant que certains de ses ministres "posent problème". Il n”est pas au courant que des moyens de locomotion appartenant à l”Etat transportent des militants de partis politiques de Bamako à Ségou, en plein jour ! Il a des yeux pour ne rien voir et des oreilles pour ne rien entendre. Il n”est pas au courant que des officiers de l”armée sont devenus des agents de propagande pour le compte du candidat Amadou Toumani Touré. Le comble, c”est que Pinochet était bien parmi les nombreux destinataires de la lettre ouverte du Front Pour la Démocratie et la République, signée des deux mains de Tiébilé Dramé, le 12 Mars 2007. Alors de quoi est il seulement informé Ousmane Issoufi Maïga ? Que ne sait il, lui, le chef de toute l”Administration malienne, que le Gouverneur du District de Bamako, le bien nommé Féfé Koné, est le plus fieffé des acteurs du Mouvement Citoyen à Bamako ?
Ce Gouverneur, plus prétentieux que jamais a eu à signer pendant plus de six mois des documents officiels sous le label de "Gouverneur par intérim", alors qu”il n”assurait que la suppléance de Natié Pléah nommé ministre. Il ne s”est trouvé personne pour lui faire un rappel à l”orthodoxie administrative, car la suppléance et l”intérim font deux !
De l”organisation des élections le Premier Ministre dira simplement qu”il faut garder la sérénité. Difficile sérénité même là où la neutralité et le droit de réserve ne sont pas des choses courantes.
Hambodédio BARRY
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