Appel à un soulèvement général, donc une insurrection contre le pouvoir en place, incitation à une prise violente du pouvoir, le bouquin sur ce qu’il appelle ‘’ATT- cratie’’ fait peur plus qu’il ne choque en le lisant sérieusement entre les lignes, surtout sa conclusion.
Concluant l’interview qu’il a bien voulu accorder à votre bi-hebdo préféré, lundi dernier, l’ancien garde des sceaux, Me Abdoulaye Garba Tapo a pertinemment fait remarquer que le livre dénonce plus un système qu’il ne s’attaque directement à l’homme ATT. Or, il est connu de par monde que les putschistes justifient leur acte par les méfaits du système en place, de N’NKrumah à Modibo Keïta en passant par Hamani Diori, W. Tolbert du Libéria, Bédié etc. Forcément, quelque chose dans le régime ATT cloche quelque part et il importe qu’il s’attelle à revoir ses copies. Pour vous en convaincre, lisez cette conclusion du livre
«Par le mauvais choix de ses collaborateurs, le torpillage d’hommes valables, le culte de la personnalité basé sur l’absence de débats politiques et l’unanimisme politique, la banalisation de la corruption, on assiste d’une part sous ATT à un désamour entre la nouvelle classe de politiciens affairistes, opportunistes et le citoyen (8% et 37% de participation respectivement aux élections législatives partielles de la Commune V et de Mopti) et d’autre part à une récupération politicienne de certains événements d’envergure nationale et internationale. L’idée que l’on ne vient à la politique que pour se faire les poches se concrétise davantage touts les jours aux yeux des Maliens qui sont devenus de moins en moins sensibles et attentifs aux discours politiques.
Des discours qui sont des dithyrambes lorsqu’ils sont l’œuvre des partisans du régime, et des aveux de faiblesse et d’impuissance face à la réalité quotidienne des Maliens lorsque c’est le Président ATT lui-même qui parle. Il est aujourd’hui loisible d’affirmer que les éléments d’une nouvelle révolution de la rue sont en train de se mettre en place : accroissement du nombre de jeunes chômeurs, cherté de la vie donc faiblesse du pouvoir d’achat des Maliens, déliquescence du système éducatif etc. Toutes choses qui amènent le citoyen malien à douter de la capacité du Président ATT à lui redonner espoir, à booster l’économie, et à redynamiser l’école malienne ; mieux à faire face à la forte demande sociale.
Comment se pas s’inquiéter de la situation d’une jeunesse formée au rabais et munie de diplômes qui ne reflètent pas son niveau ? Comment ne pas s’inquiéter du manque de compétitivité et de la frustration de cette jeunesse qui se voit fermer au nez la porte des entreprises sous-régionales ? Le parti de la demande sociale ne s’est-il pas transformé en parti des opportunistes zélés, des laudateurs gravitant autour du Chef de l’Etat ? Le Président ATT a-t-il les moyens de se doter d’un véritable programme politique dépourvu de relent régionaliste ? Une autre alternative est-elle possible avec ATT ?
Pas d’alternative possible avec ATT
Non ! Une autre alternative n’est pas possible, parce que le Président ATT, comme il l’a si bien dit dans «Jeune Afrique Intelligent», n’a jamais pris le pouvoir au sérieux. Il a ainsi montré aux Maliens que les Institutions de la République comptent peu pour lui. Cette déclaration n’est-elle pas illustrée par la banalisation du pouvoir qu’il confie à qui il veut sans tenir compte de la compétence et de la moralité des personnes ainsi choisies?
Non ! Une autre alternative n’est pas possible avec le Président ATT dont les courtisans ont pris l’habitude de mal poser les problèmes de l’heure. C’est ainsi que les laudateurs du pouvoir parlent d’un pays qui s’est réconcilié avec lui-même sous le pouvoir ATT comme si notre pays connaissait une fracture sociale, voire une guerre civile avant l’arrivée d’ATT au pouvoir. Ces partisans mal inspirés et n’ayant pas une bonne lecture du jeu démocratique, continuent de confondre l’absence d’une opposition politique digne de ce nom avec les exigences d’une société politiquement et socialement apaisée.
Non ! Avec le Président ATT, une autre alternative n’est pas possible. Il est tellement pris en otage qu’il lui sera difficile, voire impossible de se défaire de l’emprise de ses courtisans. A cela s’ajoute cette méthode de gouvernance qui confine le Chef de l’Etat dans un rôle de sapeur-pompier intervenant toujours après l’incendie ou ayant peur de l’affronter. Plusieurs événements sociaux ont à cet effet servi d’exemples. Il s’agit de la crise à la Faculté des sciences juridiques et économiques (Fsje) ayant coûté la vie à un étudiant, de la négociation Untm-Gouvernement concernant la revalorisation des salaires des catégories B1 et B2 de la Fonction publique, de l’Eglise de Samaya, du Financement public des partis politiques, la crise au sein de la Fédération malienne de football (Femafoot) etc. La gestion de ces différentes affaires a vu le Président ATT laisser la situation se dégrader, voire pourrir pour ensuite intervenir en bon samaritain et faire de l’ombre à son Gouvernement.
Le Président ATT doit comprendre aujourd’hui que les Maliens ne peuvent plus se satisfaire de la médiocrité au nom du pouvoir. Le Mali ne peut être géré avec ruse et compromission. En 2002 notre pays, qui était débout et en mouvement, venait de relever un défi, celui de l’organisation d’une des Coupes d’Afrique des Nations (Can) les plus réussies, avec une jeunesse enthousiaste, pleine d’espoir et de confiance. Comment se porte aujourd’hui le Mali ? Mal, mal et mal ! Le chômage, l’absence de perspectives d’avenir, la précarité, la pauvreté etc. ont tué tout espoir chez les citoyens.
Et l’apparente accalmie politique et syndicale n’est que la conséquence de la corruption par le régime de certains syndicalistes, journalistes et leaders politiques et de l’Aeem (Association des élèves et étudiants du Mali) qui émargent à la Présidence de la République, à la Sécurité d’Etat et au ministère de l’Education nationale. Suite à la déception créée par les leaders politiques, nous invitons la jeunesse malienne à jeter les bases du renouvellement de la classe politique d’une autre époque qui craint la compétition politique…cette classe politique qui préfère la prostitution politique au combat courageux et noble pour la conquête de l’exercice du pouvoir.
Nous invitons tous les militaires qui ne sont pas compromis et qui refusent la délation tout en restant des hommes d’honneur, les policiers, gendarmes, douaniers, enseignants, magistrats, opérateurs économiques privés, les exclus, les frustrés, les déçus du système ATT, tous les hommes et femmes compétents, patriotes et incorruptibles à se mobiliser pour l’avènement d’un autre Mali. Majoritaires, nous n’avons pas le droit d’abdiquer pour l’amour de notre pays et pas devoir de génération.»
Koulouba prend-il au sérieux l’appel de ‘’Le Sphinx ?’’ Difficile de dire ou de croire le contraire même si, là haut, on se refuse officiellement à le commenter.
SH
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