« ATT-Cratie : la promotion d’un homme et de son clan ». C’est la première partie d’une série de pamphlets, jetés à la face du régime d’ATT. Et qui alimentent les causeries, dans les bureaux, les salons feutrés, et les grins de la Rue publique… Mais quelle part d’objectivité renferme cet ouvrage ? Pour quelle raison, et dans quel but, ses auteurs ont-ils jugé nécessaire de se réfugier derrière un pseudonyme ?…
Le Sphinx, nous apprend le dictionnaire, est un monstre ailé de la mythologie égyptienne, pourvu d’une tête humaine et d’un corps de lion. Si les auteurs de cet ouvrage ont choisi ce nom de plume pour mystifier nos concitoyens ou brouiller les pistes, il faut dire que c’est raté.
Toute critique est subjective, lorsqu’elle omet les mérites de l’objet critiqué. Dans cet ouvrage, les auteurs, n’ont pas, un seul instant, fait cas des succès, remportés au cours de son premier mandant, par le chef de l’Etat. Ils auraient dû le faire, s’ils se voulaient objectifs. On a beau détester le lièvre, il faut lui reconnaître ses longues oreilles. « Le Sphinx » aurait dû reconnaître, qu’en cinq petites années, notre pays a enregistré des succès, jamais égalés de l’indépendance à nos jours. Notamment dans le domaine des infrastructures routières et agricoles, de l’Education, de la Santé, de la Communication, etc. Ces pourfendeurs anonymes du régime auraient dû prendre leur temps, effectuer les recherches nécessaires, pour accorder plus de crédit à leurs « révélations ». Comme quoi, on critique, surtout, pour apporter des points de vue objectifs, des idées constructives pour l’édification de la Nation. Sans passion, mais avec la lucidité requise ! Or, le titre même de l’ouvrage «ATT-Cratie : la promotion d’un homme et de son clan » dénote, chez ses auteurs, des relents de rancœur, inassouvie. Si bien que, l’opinion n’a pas manqué de les (les auteurs) affubler de tous les superlatifs : méchants, pleutres, lâches, cupides…
Critiques stériles
Le pire, c’est que le contenu de ce livre, bien que circulant sous le manteau, n’a guère suscité l’intérêt des maliens. Et pour cause. Les faits, ou prétendus scandales, qui y sont relatés ne sont pas nouveaux sous nos cieux. Ils font partie de la clameur publique. Sans tête, ni queue. Au lieu des « révélations inouïes », le « Sphinx » a plutôt, servi, aux maliens, du « rechauffé ». Et, plus grave, sans qu’aucune preuve vienne étayer ses propos. En somme, des ragots et commérages, dignes de vieilles chipies. Entre autres, les avantages, dont aurait bénéficié l’Agence Ocean Communication de Fanta Touré, fille d’ATT, lors des Sommets de la Cen-SAD et d’Afrique France. Ou les frasques supposées d’un Souley, frère de Lobbo Traoré. Sans en citer nommément les auteurs, « Le Sphinx » dénonce les maux qui minent l’entourage du chef de l’Etat. Mais aussi l’appareil d’Etat : corruption, délinquance financière, l’affairisme, le clientélisme, le népotisme…
Comme si ces maux, dont on affuble – sans preuve – certains proches d’ATT étaient ignorés du grand public ! Quant au régionalisme, dont le Généralus léopardis est taxé dans le livre, il est d’emblée démenti, par celui-là même qui avait toutes les raisons de garder une dent, contre lui : l’ancien ministre de la Justice, dont l’éviction avait soulevé une grogne quasi-populaire. Mais Me Abdoulaye Garba Tapo voit plutôt, dans ce livre, une occasion, pour son « frère », de rectifier le tir… Et il précise : « … On taxe le Président ATT de régionalisme, et on cite deux ou trois noms, dont le mien. C’est maigre comme butin, quand on sait que les mopticiens se plaignent beaucoup du Président, à qui ils reprochent de ne pas faire suffisamment pour les siens… Si le régionalisme avait eu une quelconque part dans ma position, je n’aurais pas quitté mon poste ; et la population malienne, et non pas seulement mopticienne, n’aurait pas aussi défavorablement accueilli mon départ…
Je rappelle que j’aurais même pu devenir ministre sous Alpha, et même député en Commune VI, sur une liste commune où, une place de choix m’était gracieusement offerte dans une liste à priori gagnante. Pourtant, Alpha n’était pas mopticien. Et si j’avais accepté, personne n’aurait trouvé un quelconque relent régionaliste à cette situation ». Et personne n’ignore qu’au jour d’ouie, ceux qui sont l’œil et l’oreille d’ATT sont loin d’être originaire de la Venise malienne. En définitive, ce ramassis de ragots acariâtres ressemble fort à un procès d’intention intenté contre ATT, plutôt que contre son entourage. Encore que cette méchanceté gratuite est formulée dans un style, sans saveur, ni odeur !…
Un procès d’intention
Lorsqu’on formule des critiques à l’endroit d’autrui, c’est comme si on lui soumettait ses points de vue. L’honnêteté intellectuelle, commande qu’on s’identifie. Clairement. A moins que ces reproches soient formulés dans une intention malveillante ?! En tout cas, de lourds soupçons pèsent sur les auteurs de ce torchon, qui pèche par sa subjectivité. Le plus accablant pour ces « écrivaillons », c’est qu’ils avaient évolué, un moment donné, dans les cercles du pouvoir. C’est dire qu’ils sont, aussi, responsables que ceux qu’ils accusent. Et pourquoi formulent-ils des critiques, aussi, acerbes à l’endroit des proches du pouvoir, alors qu’ils sont mouillés autant que ceux qu’ils épinglent ? Dès lors, il ne leur reste plus qu’une seule voie : donner de la voix, en couchant, noir sur blanc, leur amertume. Sinon, pourquoi avoir attendu… la fin du premier mandat d’ATT pour dénoncer ses tares ?…
Un autre constat, plus intrigant, c’est que, nulle part, dans ce livre, il n’a été question d’une dilapidation des fonds publics par ATT ! Nulle part, il n’a été dit, que le chef de l’Etat a détourné l’argent de l’Etat, pour son compte ou celui de sa famille ! Sur ce plan, les maliens sont unanimes à reconnaître, au Général, son intégrité et sa volonté de réussir son programme de société, sur la base duquel, il a été élu. Son seul tort, peut-être, c’est d’avoir laissé certains opportunistes agir, à leur guise. Et cela, nous l’avons dénoncé, en toute objectivité ! Mais, au demeurant, ATT a beau être Président de la République, il n’en reste pas moins un être humain, avec ses qualités et ses défauts. Un être qui, hélas, ne possède pas un don d’ubiquité, qui lui permette de suivre et de contrôler les faits et gestes de ceux qui l’entourent. Et ceux qui ont la charge de le préserver de ces attaques – et qui sont payés pour cela- sont ceux-là mêmes qui, par leur silence, contribuent à ternir son image.
ATT a beau être accusé de faiblesse (peut-être à tort ?), il n’en reste pas moins un homme lucide. Il ne peut rester insensible aux voix qui s’élèvent, contre ces laudateurs. Attend-il sa réélection, pour nettoyer les écuries d’Augias ? En attendant, la meilleure façon d’agir pour les hommes mis en cause dans ce livre, c’est d’apporter un démenti aux accusations portées contre eux. Avec des preuves à l’appui. Mais là où, le bât blesse les accusateurs, c’est que non seulement, ils se complaisent dans l’anonymat – ce qui ne milite guère en leur faveur, ni en leur honneur -, mais les accusés n’ont pas été nommément cités. Bien que nos concitoyens soient enclins à séparer la bonne graine de l’ivraie. Quant aux ragots, concernant la vie, des chefs d’Etat et de leurs familles, ils sont les mêmes, partout. « Que l’homme fasse preuve de générosité, on le traitera de gaspilleur. Qu’il soit éloquent, et on prétendra qu’il parle pour ne rien dire. Qu’il se montre valeureux, et on en fera un téméraire. Qu’il paraisse calme et réservé, et on se gaussera de sa bêtise et de sa stupidité. Ainsi traite-t-on les puissants par là même où on accable les pauvres ».
Que n’a-t-on pas ergoté sur Mariam Traoré et Idi, épouse et fils de Moussa Traoré, ex-Président de la Rue publique ? Que n’a-t-on pas dit sur Alpha, Adame Ba Konaré et leurs enfants ? C’est dire, qu’aucune des révélations du « Sphinx » n’est inédite : bien qu’à des degrés divers, les citoyens sont renseignés sur tout ce qui se dit… Et tenez, si on peut fustiger, l’Accord d’Alger, on ne pourrait accuser ATT d’avoir consenti des sacrifices, pour préserver la paix. Que chacun se mette à sa place de chef d’Etat, premier garant de la sécurité de la nation, et seul comptable des conséquences, pouvant découler de l’insurrection du 23 mai dernier ! Président, fils à Papa, ou simple citoyen, chacun a le droit de réussir,… A un moment ou à un autre, nous avons tous été contraints, d’user de nos relations (un oncle, un cousin, un gendre, un beau père, etc.), soit pour obtenir un privilège, soit pour un coup de piston. Que le malien qui n’a pas, une seule fois, eu recours à ses relations, nous jette la première pierre !
Bref, l’ouvrage du « Sphinx » aurait remporté un franc succès, auprès de l’opinion si, à défaut d’avoir été bien écrit avec moins de coquilles, il avait eu l’intelligence d’être objectif. « Si l’homme change d’idée, comme il change de chemise, ceux qui ne changent pas d’idée doivent avoir du linge bien sale », a dit Pierre Dac.
O. Diawara
Le Mollah Omar
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