ALTERNANCE CONFISQUEE AU MALI : La présidence à vie à nos portes

0

Une information qui circule actuellement, comme un ballon d’essai dans les milieux politiques de la capitale. En effet, il est de plus en plus question de constituer une majorité parlementaire pour le locataire de Koulouba, qui, une fois formée, se chargerait de modifier la Constitution.

A plus ou moins brève échéance, le mandat présidentiel malien ne serait plus limité à deux, le président sortant pouvant se représenter à souhait à sa propre succession. Et puisqu’en Afrique on n’organise pas une élection pour la perdre, alors place à la présidence à vie.

Revisitons Jean-Jacques Rousseau et souvenons-nous que le vice est la plus grande leçon pour les âmes honnêtes. Il n’attaque jamais à découvert, mais il trouve le moyen de surprendre, en se masquant toujours de quelque sophisme et souvent de quelque vertu.

Pour être un peu plus complet, ajoutons que Voltaire, en paraissant toujours croire en Dieu, n’a réellement jamais cru qu’au diable, puisque son Dieu prétendu n’est qu’un être malfaisant… Les Maliens ont été victimes de ce paralogisme en 2002. Vont-ils se laisser surprendre une fois de plus ?

Lorsqu’ATT a nommé le général Moussa Traoré comme conseiller aux affaires islamiques personne n’a crié à la restauration. Démocrates maliens où êtes-vous ?

L’idée de président à vie ne viendrait pas d’ATT, mais de gens qui ne peuvent pas devenir président et qui se servent de lui pour être effectivement au pouvoir. En homme manipulé et populiste influencé, ATT ne déclinerait pas cette offre, encore que son ami et alter ego du Faso reste un modèle à calquer.

Les prédateurs de notre démocratie misent sur les clashs en cascades qui affaibliront certaines grandes formations comme l’Adéma, le RPM, le MPR, le Cnid, l’URD dont les responsables sont divisés entre « pro et anti-ATT ». Les déserteurs de ces partis viendront grossir les partis présidentiels (le PCR et le Mouvement citoyen) pour former le Rassemblement des citoyens pour la majorité présidentielle (RCMP).

Faut-il croire à cette information ?

Comme d’habitude, nous avons voulu rencontrer le principal intéressé pour recoupement. Mais le maître des lieux « ne serait pas disposé à rencontrer un ennemi ». La seule chose qui nous restait, était de réunir des éléments de faits dans le passé récent de l’homme pour mieux comprendre l’information.

C’est ainsi qu’il nous a été rapporté qu’en quittant le pouvoir de transition, l’actuel locataire de Koulouba ne pensait pas sincèrement retourner un jour aux affaires. D’ailleurs une bonne partie de la première mouture de son discours-bilan lui fermait totalement toutes les issues d’un éventuel retour. Seulement voilà, comme il aime demander très souvent conseil, le vieil Edgar Pisani, ancien ministre français de l’Agriculture (1961-1966), parlementaire européen (1978-1981) et membre de la Commission européenne (1981-1984), ayant lu le discours lui aurait commandé d’enlever la partie qui compromettait ses futures chances de retourner un jour aux affaires.

En sollicitant les faveurs du président sortant en 2002, ATT aurait promis à Alpha de ne briguer qu’un seul mandat. Là également, sa bonne foi était sans équivoque. Mais ses nouveaux amis, qui constituaient l’ancienne opposition radicale sous les deux mandats de l’Adéma, lui ont fait changer de décision. Non seulement il est candidat, mais il veut y aller seul en 2007. En tout cas sans opposition sérieuse.

Un troisième facteur plus ou moins relatif, mais non moins important : le pouvoirisme déguisé de l’homme. En vrai militaire, il n’a jamais totalement digéré sa traversée du désert qui a duré dix ans. Le plus haut gradé qu’il était, n’aurait pas été traité avec tous les égards dus à son rang par les autorités politiques de l’Adéma, aujourd’hui, l’homme est animé d’un petit sentiment de vengeance. Lui aussi, veut faire « souffrir les politiques ».

Si par définition, on qualifie « d’information toute donnée pertinente que le système nerveux central est capable d’interpréter pour se construire une représentation du monde et pour interagir correctement avec lui », alors les démocrates maliens doivent chercher à voir clair.

Face aux velléités hégémoniques, folles et démesurées de l’entourage d’un général otage, nous devons déployer des missiles de croisière armés d’ogive nucléaire pour détruire les germes de la présidence à vie dans le cœur des ennemis de notre démocratie.

Abdoul Karim Dramé

(journaliste indépendant)

Commentaires via Facebook :