Pour éviter la grève de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) qui devait commencer le 4 octobre 2011, le Gouvernement de Mariam Kaïdama Sidibé a cru nécessaire de parer au plus pressé, en se pliant aux quatre volontés de Siaka Diakité et ses camarades. Pourtant, le contexte actuel de crise financière et économique généralisée dans le monde impose royalement ses caprices. Véritable marché de dupes ?
Pourquoi l’UNTM a choisi cette période d’incertitude politique avec les élections de 2012 et le Référendum sur le projet de réforme constitutionnelle du président ATT ? Pourquoi, le Gouvernement, contrairement à ses habitudes de négociation, en cette période de crise financière et économique généralisée a été rapide à s’engager à prendre en charge toutes les revendications de l’UNTM, même celles qui auront des incidences financières exceptionnelles ? En tout cas, après trois jours de dures négociations dans les locaux du Ministère de la Fonction Publique sous la conduite d’une Commission de conciliation dirigée par le Pr. Mamadou Lamine Diarra, l’UNTM a eu gain de cause sur toute la ligne avec l’engagement ferme du Gouvernement à satisfaire les seize points de revendications de la Centrale.
En cette période de crise financière et économique, l’empressement du Gouvernement à s’engager à prendre en charge toutes les revendications de l’UNTM, même celles qui auront des incidences financières ne passe pas inaperçu pour qui connaît la situation politique du Mali, à la veille des élections de 2012 et la pression de contestation au tour du projet de réforme constitutionnelle. Même si le Secrétaire général de l’UNTM estime que les revendications de sa Centrale syndicale n’ont aucune connotation politique, tout porte à croire que l’UNTM a saisi cette période d’incertitude et de faiblesse au sommet de l’Etat autour du Code des personnes et de la famille et le projet de réforme constitutionnelle qui connaît la plus vive des contestations depuis son adoption par l’Assemblée Nationale.
Certaines sources très proches de la négociation estiment que Siaka Diakité, conscient de la fébrilité de l’Etat face à certaines formations politiques et la société civile, l’UNTM a choisi cette période pour menacer le Gouvernement de mettre en mal l’administration malienne pendant deux jours, surtout pour battre campagne auprès de ses militants en vue de bloquer le fameux projet de réforme constitutionnelle tant cher au président ATT.
Le Gouvernement, dans le souci d’une part de maintenir le climat social et politique apaisé en cette période très sensible, a été contraint de céder à la pression de Siaka Diakité et ses camarades, en acceptant de satisfaire les seize points de revendication de l’UNTM. Et d’autre part, le Gouvernement est préoccupé à faire adopter le Code des personnes et de la famille et à faire passer le projet de réforme constitutionnelle à travers le référendum qu’il organise d’ici la fin de l’année par un vote référendaire.
Face à ces deux projets impopulaires, l’équipe de Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé ne pouvait plus se permettre d’ouvrir un autre front de contestation, en laissant l’UNTM mettre à exécution son mot d’ordre de grève. Cette Centrale syndicale, consciente de la fragilité actuelle de l’Etat, a donc profité pour faire monter la pression avec son préavis de grève, à moins de 7 mois des élections. En plus de cette situation d’incertitude, l’équipe de Mme Cissé démontre de plus en plus son incapacité à résoudre le problème du fichier électoral et la mise en place de la CENI.
Après cette décision de satisfaire les 16 points de revendication, reste à savoir si le Gouvernement s’exécutera, surtout quand on sait qu’il a toujours rangé ses promesses dans les tiroirs. La farce va-t-elle continuer ? Affaire à suivre !
Nouhoum DICKO