Front anti-réforme en meeting : La contestation ne faiblit pas

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Regroupés dans la coalition « ne touche pas à ma constitution » les opposants aux réformes constitutionnelles initiées  par le chef de l’Etat  n’entendent pas lâcher du leste. Ils se sont encore fait entendre le samedi 10 septembre 2011 à travers un meeting à la Bourse du travail.

C’est à la Bourse de travail que les opposants aux réformes constitutionnelles du chef de l’Etat se sont retrouvés le samedi dernier lors d’un meeting de protestation et de contestation. Il s’agissait pour  Adama Diakité, président du Forum des organisations de la société civile (FOSC) ; Mamadou Gaoussou Diarra, avocat ; Mahamane Founè Mahalmadane du Syndicat libre de la magistrature (Sylma) ; Aly Nouhoum Diallo de la Coordination du mouvement démocratique (Comode) ; Oumar Mariko du parti de la Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) ; Modibo Sangaré de l’Union pour la Renaissance nationale (UNPR) et la Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS Faso-Hèrè) de Soumana Sako de décrier la réforme constitutionnelle en cours. Ils ont pris tour à tour  la parole pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « coup d’Etat constitutionnel ». A entendre certains animateurs dudit meeting à l’image du président de l’UNPR, Modibo Sangaré, on avait l’impression que le Mali est en passe de s’écrouler par la faute du régime en place. Lui qui exhorte d’ailleurs ses camarades à la violence en les invitant dans la rue, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Un appel qui peut se révéler périlleux.
Abdoulaye Diakité

Ils ont dit………
Siaka Diakité, S.G de l’UNTM
« Le pardon et le silence sont clos »

 « C’est à la Bourse du travail que la démocratie a été acquise et nous espérons que les maliens n’oublieront jamais. Notre présence dans ce combat est synonyme de l’attachement à la démocratie, aux valeurs républicaines. Le syndicat, c’est le développement et peu importe l’interprétation qui est faite de notre combat. Nous serons de cette lutte jusqu’à l’atteinte des objectifs. Quelle opportunité, quel intérêt cette réforme représentent aujourd’hui pour le Mali ? Elle est Inutile.  Les prix sont chers au marché, voilà ce qui devrait être la priorité. Aujourd’hui, ils disent qu’il y a la crise financière, qu’il n’y a pas d’argent, alors d’où vont-ils sortir l’argent pour ces réformes. Nous ne sommes pas contre les réformes au Mali, mais nous sommes contre la présente maintenant. Nous ne voulons pas encore de président monarque après Moussa Traoré. Le pardon et le silence sont clos et des dispositions seront prises pour l’atteinte des objectifs ».

Adama Diakité, président du Forum de la Société civile
« Il n’y a pas eu de crise qui justifie la réforme »

. « Au Forum des organisations de la société civile on se pose 2 questions : Les difficultés liées à la pratique ont-elles empêché le fonctionnement des institutions ? Y a-t-il eu des crises majeures qui justifient aujourd’hui et à l’instant une réforme constitutionnelle ? A ces questions nous répondons non. Aussi, la société civile dans une déclaration commune a dénoncé depuis le 14 mai 2011, son désaccord à lier le processus électoral au projet de réforme constitutionnelle. A présent, nous soutenons qu’il faut totalement surseoir à l’organisation d’un référendum afin de permettre à toutes les composantes de la société de s’investir sérieusement pour la pleine réussite des élections présidentielles et législatives de 2012. C’est seulement après, que l’on pourrait mener une étude approfondie et de l’actuel projet de réforme constitutionnelle, mais aussi de celui qui avait été élaboré par le précédent président de la République ».

Mamadou Gaoussou Diarra, avocat
« Le projet est truffé de contradictions »

. « Par rapport à la double nationalité, j’estime qu’on devrait dire qu’après élection la personne renonce à l’autre nationalité. Sur la question, l’expert constitutionnaliste craint que notre pays ne soit rattrapé par le syndrome ivoirien. Je ne comprends pas qu’au moment où la première puissance mondiale (les USA) est dirigée par un noir (Barack Obama) et que la France a à sa tête un président d’origine hongroise, que le constitutionnaliste malien parle de nationalité d’origine pour être candidat à la magistrature suprême du pays. Autres anomalies : les 35 ans exigés pour être candidat à la présidentielle excluant ainsi les jeunes capables de faire avancer le pays. La création du Sénat ; la définition de la politique gouvernementale par le président de la République ; la nomination du président de la Cour constitutionnelle par le même président ; la création de l’Agence générale aux élections (qui usurpera les pouvoirs de la CENI, du MATCL et d’une partie de la Cour constitutionnelle et dont le directeur est nommé par le président de la République de même celui du Conseil supérieur de l’audiovisuel) ; la question de l’immunité parlementaire des députés et l’initiative donnée au congrès pour la révision de la constitution à l’exception des articles stipulant la laïcité de l’Etat, la durée du mandat présidentiel, sont autant de distorsions qui usurperont au peuple sa souveraineté et mettra en mal l’indépendance des institutions de la République ».

Mahamane Founè Mahalmadane, président du Sylma
« ATT veut caser ses copains avant de partir »

« Rien ne justifie cette réforme si ce n’est pour plaire à un homme qui pense que le Mali a commencé avec lui en 2002, un homme omnipotent. Quand j’ai appris le vote de cette réforme par l’Assemblée nationale, j’ai failli piquer une crise parce qu’individuellement les députés étaient contre. Comme ça, le Mali est encore loin de sortir de l’ornière avec une telle classe politique. Kurukanfuga fait référence à une société esclavagiste et c’est même contre les droits de l’homme. Il ne faut pas bêtement recopier ce qui existe ailleurs parce que là-bas ça n’a pas marché. Le syndrome ivoirien est suffisamment illustratif pour ce qui concerne la question de la nationalité d’origine. ATT veut créer le Sénat pour caser ses amis et copains avant de partir comme au Sénégal. C’est cette Assemblée nationale, qui est une fraction du peuple et qu’on a désavouée dans l’affaire du Code et de l’AMO, qui va usurper la souveraineté du peuple en révisant la constitution ! Si cette constitution passe, la République sera en danger et chacun cherchera un nouveau passeport »

Aly Nouhoum Diallo, Comode
« Il faut faire échouer ce projet »

« Nous sommes heureux qu’aujourd’hui, nous ne prêchons plus dans le désert car nous avons été les premiers à se signaler quand nous avons commencé à nous inquiéter des dérives qui étaient constatées. Il faut étendre le mouvement à tout le pays pour que ces réformes qui trahissent la démocratie puissent échouer ».

Modibo Sangaré, UNPR
« Le Mali n’a été aussi mal en pointe qu’aujourd’hui »

 « Nous sommes à vos côtés. Il faut aller à l’action, le discours seul n’a jamais changé les choses. Il faut aller aux actions et les autres prendront le train en marche. Le Mali n’a été aussi mal en pointe qu’aujourd’hui. Un seul homme fait une colonie de pintade avec la classe politique. Je vous invite dans la rue et ils vont changer. Le Mali ne leur appartient pas et le changement est nécessaire. Cette réforme ne passera pas et  acceptons de souffrir pour que le Mali change. Notre parlement est folklorique, j’ai de l’argent demain je me fais un groupe parlementaire », dira-t-il.

Oumar Mariko, député Sadi
« J’ai honte de cette Assemblée nationale »

« A partir de cet instant, nous ferons une distinction entre société civile et société servile car depuis que le Mali existe, elle a été toujours servile et si aujourd’hui c’est elle qui prend le devant, c’est encourageant. D’ailleurs, le fait partisan est postérieur à la mobilisation du peuple. En tant que député, je n’ai aucune envie d’être dans une telle Assemblée car je ne me sens pas utile à mon peuple. On ne peut pas élaborer de lois, on ne peut même pas bien réfléchir sur les lois faute de cabinets de travail pour les groupes parlementaire et les commissions de travail et des assistants parlementaires sans spécialité. Il n’y a aucune concertation sur les problèmes majeurs du Mali tels que les cas du Nord, la guerre en Côte d’Ivoire, en Libye. Le député malien n’est pas plus informé du comportement de l’exécutif que le simple citoyen à qui on nous dit d’aller faire la restitution. L’idée de ces réformes ne vient pas du Mali mais des maîtres qui veulent avoir l’homme qu’il faut pour leur désidérata ».
Rassemblés par Abdoulaye Diakité

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