Alors que le gouvernement observe un silence précaire sur la question, la société civile, les formations politiques, de l’opposition et de la majorité, s’entre-déchirent dans une guerre stérile. Au même moment, l’on se fait de sérieux doutes sur la tenue du référendum, malgré les assurances données à la communauté internationale par le président IBK lors du sommet extraordinaire du G5-Sahel, le 2 juillet à Bamako.
La dernière sortie du gouvernement malien sur la question référendaire remonte au 4 juillet quand le ministre Kassoum Tapo s’exprimait sur l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui a renvoyé le texte à l’Assemblée nationale pour, dit-on, apporter des corrections. Depuis lors, soit plus de 15 jours après, le gouvernement ne pipe mot sur la question.
Pour autant, le silence du gouvernement malien n’a pas réussi à calmer les ardeurs. Le front qui s’était levé contre le projet de révision constitutionnelle dès les premiers jours s’agrandit au jour le jour. Comme pour apporter une réponse à ce front anti-référendum, d’autres fronts pour le “oui” se sont ouverts. Une guerre est désormais ouverte entre les deux camps.
Cette guerre entre les deux camps (le “oui” et le “non”) n’est pas que médiatique. Elle est aussi psychique. Chaque camp, par sa force de mobilisation, veut faire croire qu’il a raison. L’on assiste ainsi chaque jour à des meetings et à des manifestations au plan national et international. Et pourtant…
Doute sur la tenue du référendum
Rien n’est sûr pour le moment. Et bien d’observateurs avertis ne croient pas à la tenue du referendum tant contesté. Du moins pas dans l’immédiat. Le silence dans lequel le gouvernement est plongé depuis le 4 juillet en dit long sur la question.
Dans les coulisses, il se murmure que les plus hautes autorités ont pris note du cri de cœur des partisans du “non” tout en comprenant aussi que le terrain n’est pas pour le moment favorable à la tenue d’un tel scrutin. Ce qui veut dire d’une part que l’on ne parlera de référendum que lorsque la situation, surtout sécuritaire, sera favorable avec la présence effective de l’administration sur l’ensemble du territoire.
Présence effective de l’administration sur l’ensemble du territoire ? C’est ce qui se prépare en douce pendant qu’une guerre stérile et “naïve” est ouverte entre les partisans du “ou” et ceux du “non”. Le gouvernement du Mali a d’ores et déjà élaboré un chronogramme pour le retour de l’Etat dans les localités où il est absent, notamment à Kidal qui doit accueillir les services de l’Etat d’ici fin juillet. Ce qui va clouer le bec aux partisans du “non” qui, pour soutenir leur combat, évoquent l’absence de l’Etat dans certaines localités du pays.
Par contre, les mêmes campagnes pro ou anti-référendaires continueront au cas où le gouvernement n’arrivera pas à respecter le chronogramme par lui fixé pour le retour des services centraux dans les régions du Nord du pays. L’on continuera à battre le pavé contre ou pour un référendum dont la tenue n’est pas pour le moment envisagée par le gouvernement.
L’autre hypothèse qui renforce le doute sur la tenue du référendum dans l’immédiat, est le fait que le texte soit renvoyé à l’Assemblée nationale pour une seconde lecture : “Le renvoi en seconde lecture suppose que tout le peuple soit à nouveau consulté par les députés avant un nouveau vote. Une audition d’une telle ampleur, exigée le 2 juin par la CMA et le secrétaire général de l’ONU, ne peut se faire avant la fin de 2017. Or, déjà en début 2018, le pays sera en précampagne présidentielle. Une élection cruciale dont la préparation humaine, matérielle et financière fera oublier jusqu’au dernier chapitre du projet de loi référendaire”, soutiennent de leur côté les confrères du site web “Procès-verbal”.
IBK bien à l’aise
“Je suis à l’aise”, avait laissé entendre le président IBK lors d’une sortie sur la question référendaire. Une déclaration qui se manifeste clairement à travers les agissements du président de la République. Au-delà de leur silence, IBK et son gouvernement semblent avoir autre préoccupation qui n’est plus la révision constitutionnelle. Une visite privée à Paris courant semaine dernière, un autre déplacement actuellement en cours en Arabie saoudite, les manifestations pro ou anti-référendaires ne sauraient être que futilités aux yeux des gouvernants actuels.
Face à ce silence du gouvernement, la bonne démarche voudrait que l’on mette fin à toute “hostilité” autour de la question référendaire en attendant que gouvernement fixe un autre calendrier. Toute autre activité, pour le moment, se prononçant sur la question n’est que futilité, pour ne pas dire naïveté, à défaut que les initiateurs de ces activités aient autre ambition qui n’est plus la question référendaire.
La rédaction