Le séjour du président malien à New York (Etats-Unis), dans le cadre du 69e assemblée de l’Onu, aura plutôt été fructueux en rebondissements de vieux réflexes. IBK en a profité, par exemple, pour tenter un large ratissage dans les rangs d’humanitaires, s’offrant même à des offensives de charme à brûler certaines règles protocolaires élémentaires : dîners avec les représentants de programmes humanitaires en demi-saison, etc. Ce n’est pas tout. Contre toute bienséance diplomatique, le chef de l’Etat est monté au créneau pour haranguer devant les caméras au profit de la compatriote Traoré Fatoumata Nafo, candidate à la représentation de l’Oms pour l’Afrique de l’Ouest. Le président en a visiblement retrouvé quelques sensations d’ancien directeur de campagne d’Alpha Oumar Konaré, mais on imagine comment la compétition allait tourner si les présidents d’autres candidats devaient s’illustrer par une posture identique.
Au Rythme de la Nation :
Le statut de l’opposition renvoyé à la session d’octobre
Depuis qu’on en parle, notre pays peine à se donner un statut de l’opposition, malgré l’intérêt évident que cela revêt pour tout le Mali.
L’opposition malienne devra attendre pour avoir un statut. Les élus de la nation ont oser reporter à plus tard le vote de la loi qui confère un statut à l’opposition. Ils vont ainsi boucler la session ordinaire sans se prononcer sur les deux textes de loi qui étaient les plus en vue dans l’ordre du jour de cette session extraordinaire. Il s’agit du projet de loi portant création de la Haute autorité de la communication et celui portant statut de l’opposition.
Jusqu’au dernier moment, on avait pensé qu’ils allaient finir par saisir tout l’enjeu qui s’y rapporte et donner enfin un statut à l’opposition. A vrai dire, c’est notre démocratie qui n’a pas fait le bond tant attendu.
Depuis qu’on en parle, notre pays peine à se donner un statut de l’opposition, malgré l’intérêt évident que cela revêt pour tout le Mali.
Entre 2002 et 2012, le président Amadou Touré qui aime gouverner comme on commande dans l’armée a tout fait pour que le projet n’aboutissement pas. Il pensait que l’opposition n’est pas faite pour des pays comme le nôtre et a préféré jeter son dévolu sur le fameux consensus qui nous a conduit là où tout le monde sait.
Maintenant que le jeu normal des partis politiques a repris, la majorité n’arrive pas à se décider à octroyer un statut à l’opposition. Il semble que les ténors de la majorité ont vite oublié. Tout ce qui se passe comme si donner un statut à l’opposition avec un chef reconnu et des avantages, c’est faire un cadeau très précisément à Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé.
Ces nouveaux champions de la nouvelle majorité considèrent ainsi à leur tour que l’opposition est une bande d’infréquentables qu’il faut réduire à sa plus simple expression.
Pourtant, la démocratie est une coquille vide sans une opposition qui exerce une vigilance et qui se pose en alternative face au pouvoir. Détruire l’opposition, c’est tout simplement attenter à la démocratie.
En conférant un statut à l’opposition, on ne fait aucun cadeau à ceux qui l’animent aujourd’hui. Au contraire, on renforce la démocratie. Ne pas reconnaître cela c’est oublier que la majorité d’aujourd’hui c’est l’opposition de demain.
Les élus ont renvoyé le texte portant statut de l’opposition selon certaines sources, faute de se mettre d’accord sur qui sera le chef de cette opposition. Le chef du parti le plus représentatif de l’opposition ou un autre. Il semble aussi que les avantages à lier au chef de l’opposition divisent. Pourtant, il suffit de se rappeler qu’entre 2007 et 2012, le Rpm a pris ses distances avec le pouvoir et que pendant cette période, personne ne pouvait dénier à IBK le fait d’être chef de cette opposition. Adopter en ce moment un texte qui faisait d’un autre leader de l’opposition n’aurait eu aucun sens. C’est justement parce qu’il n’y avait aucun statut de l’opposition qu’on a pu étouffer le RPM au point de l’amener à rejoindre le gouvernement au dernier moment, au mauvais moment.
Le RPM et ses alliés ont une occasion historique de réparer une grande injustice au lieu de se hâter, mais ils traînent le pas. En se prononçant en faveur de ce texte, ils font progresser la démocratie malienne.
Lorqu’on détient le pouvoir, c’est une faiblesse que de voir en mal tout ce fait et dit l’opposition. C’est l’absence ou le silence de cette opposition qu’il faut craindre.
S’il n’y avait pas consensus, si une opposition responsable avait eu les moyens de s’opposer correctement et de dénoncer les dérives, peut être que les choses seraient été différentes.
Mamadou Diakité