En visite au Mali samedi, le président de la République française, François Hollande, a marqué cet évènement historique d’un trait symbolique particulier. De Sévaré à Bamako, en passant par la mythique cité de Tombouctou, la voix du président français a fortement resonné et il a annoncé haut et fort une nouvelle indépendance à laquelle l’Etat malien aspire tant. De quelle indépendance s’agit-il en fait ?
Le 22 septembre 1960, le Mali célébrait son indépendance post coloniale, signée par le départ des derniers colons. Ce samedi 2 février 2013, le Mali a célébré sa nouvelle souveraineté post chaos politico-sécuritaire, à travers cette visite historique et cruciale à la fois, du président François Hollande. Laquelle visite confirme solennellement l’engagement militaire, mais aussi politique de la France au Mali. En effet, c’est grâce à la France que le Mali tout entier est en train de retrouver la liberté que les terroristes criminels avaient commencé à piétiner. C’est en sauveur que la France a répondu aux cris de détresse du Mali. Jamais un pays n’avait aussi bien défendu la souveraineté du Mali, sur les bases de son double aspect (absolu et intangible), que la France. Dans la mémoire collective du Mali, aucun chef d’Etat étranger n’avait si bien défini l’Etat malien.
A l’écouter, on pouvait comprendre que l’Etat malien représente, en effet, la seule entité que l’on peut proprement qualifier de souveraine: lui seul ne reconnaît aucun pouvoir au-dessus de lui. La souveraineté revêt une double dimension, interne et externe. La souveraineté de l’Etat comprend aussi le monopole de l’usage de la contrainte légitime à la fois à l’intérieur, à l’égard des personnes établies, ou transitant sur son territoire — ce qui correspond à la supériorité territoriale de l’Etat du Mali— et à l’extérieur, à l’encontre des autres entités souveraines de l’ordre international, afin de défendre sa propre souveraineté. Nulle ne saurait, en son sein, user de la force sans son consentement et sans son contrôle, sans remettre gravement en cause le caractère souverain de l’Etat malien.
En parlant de la démocratie malienne, le président français a mis en exergue le caractère d’exemplarité qui le démarquait en Afrique. En décodant ses propos, on capte que le Mali se doit de ne pas sombrer dans le revers de la démocratie. Ce revers, c’est lorsque les acquis ne sont pas consolidés ; quand tous les citoyens n’ont pas accès à l’information ou à un niveau d’instruction qui leur permet de participer au débat politique et quand l’opinion publique ne parvient plus à faire entendre sa voix. Selon lui, la Feuille de route qui vient d’être élaborée par les autorités maliennes et qui doit conduire aux élections au mois de juillet, doit aussi permettre de démontrer avec force comment les Maliens doivent discuter et se réconcilier. A notre avis, c’est sur ces bases là que le président de la République française voit naître une nouvelle indépendance du Mali.
Cependant, pour le 7ème président de la 5ème République française, François Hollande, ce contrat de bienveillance, bien vrai qu’il soit la plus importance décision politique qu’il ait prise, est tout simplement naturel et logique. « Je n’oublie pas que lorsque la France a été elle-même attaquée. Qui est venu alors ? C’est l’Afrique, c’est le Mali. Merci, merci ! Nous payons aujourd’hui notre dette à votre égard ». C’est en ces termes faisant allusion à la participation africaine pour libérr la France du joug nazi qu’il justifie l’engagement militaire et politique de l’hexagone au Mali. Avant de préciser qu’au niveau du dialogue inter-malien, c’est à l’Etat malien de définir avec quelles forces il faudrait discuter. «Peuple du Mali, le monde entier vous regarde. Aucune exaction ne doit entacher notre travail. Il y a la justice pour cela», a-t-il prononcé.
Le président de la République du Mali, Dioncounda Traoré, devant des milliers de Maliens sur la place de l’Indépendance, a promis qu’il n’y aurait pas de représailles après la reconquête du Nord du Mali. Enfin, aux preneurs d’otages, François Hollande a lancé sur un ton ému: «Il est temps de les libérer».
S’il faut décrire ce déplacement du Président français en quelques mots, il faudrait seulement écrire que François Hollande est venu déposer au Mali les sceaux d’une nouvelle politique française en Afrique, tout en tournant formellement le dos à la Françafrique. Ce qui actionne non seulement la nouvelle indépendance du Mali, mais aussi celle de tout le continent noir.
C’est un François Hollande très ému de l’accueil qu’il a reçu et certainement satisfait des résultats militaires sur le terrain, qui a lâché: «C’est le plus grand moment de ma vie politique ». Disons pour le moment car il lui reste encore quatre ans et demi à peu près, au poste de président de la République. Mais on le comprend, il a laissé parler son cœur.
Rokia Diabaté