Nommé le lundi 7 août 2023 par le Président du Cnsp, le Général de brigade, Abdourahamane Tiani, M. Ali mahamane Lamine Zeine a désormais la responsabilité de diriger un gouvernement de transition dans un contexte marqué par des multiples défis pour le Niger. L’économiste est à la tête d’une équipe de 20 ministres, dont 4 femmes dans laquelle les militaires du Cnsp prennent les ministères régaliens.
Deux semaines après les évènements qui ont mis fin, le 26 juillet 2023, aux fonctions du président, Mohamed Bazoum, le Cnsp (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie) s’impose peu à peu. Actuellement, on va assister à un retour normal dans la gestion l’Etat nigérien avec l’installation d’une nouvelle équipe gouvernementale.
Dans cette équipe gouvernementale, les militaires du Cnsp s’attribuent 6 ministères, notamment celui de la Défense, dirigé par le Général Salifou Mody, vice-président du Cnsp. Le ministère de l’Intérieur, Sécurité publique, Administration du territoire est attribué au Général Mohamed Toumba, chef d’état-major adjoint de l’armée de terre. Les militaires prennent aussi les portefeuilles de la Jeunesse et des Sports, de la Santé, des Transports, de l’Environnement.
Autre fait notable : le PNDS du président Bazoum disparaît. Le parti d’opposition Moden Fa Lumana de Hama Hamadou obtient le ministère du Pétrole, Mines, Énergie, avec à sa tête Mahaman Moustapha Barké, ancien directeur de campagne du Moden Fa Lumana et proche du chef du gouvernement Zeine.
Le mouvement d’opposition obtient aussi les Affaires étrangères avec Bakary Yaou Sangaré, un diplomate chevronné, qui fut en poste en Arabie saoudite, en France, aux États-Unis ou encore à Cuba et l’ONU. Plusieurs personnalités sont des techniciens respectés, notamment Pr Mahamadou Saidou, recteur d’université nommé à la Santé, ou encore Alio Daouda, ancien président de la Cour d’appel, désormais ministre de la Justice.
Reste à savoir la marge de manœuvre de ce gouvernement dans un pays sous sanctions. En tout une chose est sûre, les nouvelles Autorités nigériennes veulent avancer malgré la pression de la Cédéao.
MS
Ali Mahaman Lamine Zeine : Un homme d’expérience !
C’est un politicien bien connu des Nigériens, car ce dernier était en effet au gouvernement il y a plus d’une douzaine d’années, en tant que ministre des Finances, sous la présidence de Mamadou Tanja.
Âgé de 58 ans, Ali Mahaman Lamine Zeine est avant tout un économiste. Il vient de Zinder, deuxième ville du pays. Diplômé de l’École nationale d’administration à Niamey, du Centre d’études financières, économiques et bancaires en France, il est entré au ministère de l’Économie en 1991. Il a également travaillé pour la Banque africaine de développement (BAD) qu’il a représentée au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon.
En 2001, lorsque Mamadou Tandja arrive au pouvoir au Niger, il nomme rapidement Ali Mahaman Lamine Zeine comme directeur de cabinet, puis ministre des Finances, à une époque où le pays subit une grave crise économique. Ali Mahaman Lamine Zeine appartient d’ailleurs à la formation du président Tandja, le MNSD-Nassara, l’ancien parti unique.
Mais Ali Mahaman Lamine Zeine perd son poste en 2010, lorsque le pouvoir est renversé par un coup d’État militaire. C’est donc un autre putsch, treize ans plus tard, qui le propulse cette fois Premier ministre.
Ali Mahaman Lamine Zeine est donc censé remplacer le Premier ministre Mahamadou Ouhoumoudou, qui se trouvait en Europe lors du coup d’État. Un Mahamadou Ouhoumoudou qui ne reconnaît pas l’autorité de la junte. Mais les militaires, eux, ont visiblement décidé de faire avancer leur agenda.