Forces alternatives pour le développement et l’intégration au Mali : Un air de réintégration d’ATT dans la scène publique

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Amadou Toumani Touré

Les nuages sur le grand retour de l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré, se dissipent de manière un peu plus décisive, à mesure que l’opinion digère (pour certains) ou savoure (pour d’autres) la disculpation de l’intéressé par la représentation nationale. Et c’est vraisemblablement pour mieux lui déblayer le terrain que les plus fidèles amis d’ATT mettent les bouchées doubles et se montrent plus actifs que jamais. Ils ne lésinent ni sur les moyens ni ne tarissent d’imagination pour donner de l’envergure au retour de leur mentor sur la scène publique malienne, faire de lui un maillon qui compte. Pour ce faire, depuis un certain temps les partisans du Général déchu sillonnent infatigablement le pays pour implanter des embryons associatifs comparables à ceux qui avaient jadis enfanté le défunt Mouvement citoyen. Après Ségou, il y a quelques jours, c’était au tour de la ville de Kayes d’accueillir récemment la mise en place du mouvement Forces Alternatives pour le Développement et l’Intégration au Mali. Le rituel de son installation, comme un peu partout, est comme par hasard parrainé et supervisé par un certain Abdoulaye Touré, le très  célèbre président du Conseil national de la jeunesse sous ATT. Il s’agit, comme on s’en doute, du  même personnage dont la loyauté lui a fait du mauvais sang et attiré de l’antipathie auprès des putschistes pendant la transition.

Dans la capitale de la première région du Mali, il a été accueilli par des jeunes leaders qui, sans avouer ouvertement leur identité pro-ATT comme vecteur de rapprochement, affichent chacun individuellement une sympathie personnelle pour l’ancien chef de l’Etat. D’aucuns n’hésitent d’ailleurs à revendiquer vaillamment son héritage, à l’instar d’Ali Coulibaly dit Black, promoteur de la radio Seko. Interrogée sur les motivations et objectifs d’une association à vocation politique parrainée par les proches de l’illustre exilé de Dakar, ce point focal du mouvement FADIMA, tout en admettant des relents politiques à la démarche, a confié que l’initiative découle avant tout d’un besoin d’impliquer les jeunes dans les affaires publiques, d’ouvrir les perspectives d’un rajeunissement du leadership administratif, dans un pays où les jeunes, estime-il, continuent d’être marginalisés en dépit des promesses de lui offrir une place prépondérante dans la vie de la nation. Mais, le combat étant adapté à la réalité de chaque localité, la section de Kayes a ainsi choisi de mettre l’accent sur l’autonomisation de la jeunesse et le leadership des jeunes en vue de les amener à prendre à bras-le-corps leur destin et celui de la nation. «La situation impose réellement l’implication effective de jeunesse et qu’elle conquiert la place qu’il lui revient de droit  dans la gestion du pays », a martelé notre interlocuteur.

Les questions de développement et d’implication de la jeunesse ne sont peut-être que les objectifs déclarés du mouvement FADIMA, dont les animateurs disent à qui veut l’entendre ne pas cracher sur les occasions de se prononcer sur les sujets politiques pour autant qu’ils touchent au devenir du Mali.

Quid des connexions avec ATT ? Comme un peu partout à travers le pays, les animateurs du Mouvement dans la Cité des Rails appartiennent majoritairement au CNJ de son époque. C’est sans doute pourquoi les précurseurs du mouvement FADIMA dissimulent à peine leur satisfaction en abordant par exemple la question de sa disculpation d’ATT des faits de haute trahison, ainsi que la joie qu’ils ressentent de l’évolution du spectaculaire du dossier à l’Assemblée nationale. Les interlocuteurs abordent avec une retenue relative la partition que l’ancien président de la République déchue devrait jouer dans la vie publique en cas de retour effectif au bercail. Pour certains d’entre eux, ATT doit s’inspirer de la posture de son prédécesseur à Koulouba, Alpha Oumar Konaré, qui a su garder le profil bas depuis la fin de ses fonctions présidentielles. Pour d’autres, il devrait jouer le rôle de référence en étant l vecteur de la stabilité dont le Mali a tant besoin pour préserver son unité et son intégrité territoriale. Mais avec la convergence de tant d’acteurs partageant l’amertume d’une déchéance dramatique du pouvoir avant son terme,, il est évident que l’appétit peut s’aiguiser en fonction des circonstances. En attendant de voir les masques tomber, l’expansion du mouvement FADIMA continue. Après Kayes et autres, c’était au tour de Kangaba de l’accueillir et son principal artisan, selon nos sources, quittent à peine les foyers de Maliens en France.

 

A KEÏTA

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