Il y a peu, mon cousin pouvait voyager dans le pire avion qui soit au monde, pourvu qu’il atteigne sain et sauf sa destination. Aujourd’hui, il tient à être dans le meilleur confort qui soit donné à un souverain. Bon, entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. S’il avait perdu ses habitudes mondaines, il les retrouve aujourd’hui grâce à la confiance que 77% des Maliens lui ont accordée. Il crâne alors… si vous voulez, il prend des airs supérieurs.
Normal pour un Mandé Massa : il doit être dans les meilleures conditions de vie, malgré la misère ambiante de son peuple ; il doit marcher sur tapis rouge, malgré la proximité choquante de la poussière ; il doit habiter la meilleure demeure, malgré l’existence de taudis dans son voisinage ; il doit être craint… il doit être respecté ; non, vénéré ! Pour votre gouverne, tout le monde n’est pas né avec une cuillère d’or dans la bouche. Tout le monde n’est pas bien né. N’en soyez pas offusqués.
Il vous a toujours dit qu’il est un bourgeois. Or, ce dernier ne s’offusque guère de la misère du bas peuple ; déteste l’inélégance ; cultive au quotidien la mondanité. Cousin, je ne suis pas en train de te snober, tu mérites le meilleur.
Alors, souffrez Maliens qu’on puisse lui dérouler le tapis rouge ; qu’il fasse et refasse sa demeure autant de fois qu’il en a envie ; que ses enfants et épouses puissent être considérés comme princes et reines…
C’est comme ça qu’il se montre proche du peuple qui lui a fait confiance. N’allez surtout pas dire qu’il a la folie des grandeurs ! Non, il est tout simplement un bourgeois de la haute bourgeoisie. Si ce n’est pas tautologique.
Issiaka SISSOKO
