Les Techniques nouvelles de l’Information et de la Communication (TIC) et les élections ne s’accommodent pas en Afrique. L’informatisation de la carte d’électeur et de tout le processus électoral, au lieu de déboucher sur une élection transparente, équitable, servent plutôt à la fraude. Les exemples ne manquent pas à travers le continent. Faut-il alors abandonner les TIC pour retourner à l’ancien système manuel ?
Les nouvelles technologies demeurent et restent des outils indispensables en ce début du 21ième. Par ailleurs, le téléphone GSM qui est devenu à la fois ordinateur, télévision internet, radio, caméra est totalement ancrée dans les habitudes. Il est alors inconcevable que le numérique qui satisfait tous les utilisateurs soit travesti par les politiciens pour en faire des objets manipulables à leur guise.
La numérisation des élections coûte chère comparativement au maigre budget des ministères de la santé, de l’éducation, de l’agriculture dans les pays africains. Des milliards engloutis souvent qui redeviennent des dettes pour ces pays.
Tout d’abord, le financement des élections est constitué en grande partie de prêts contractés au niveau des institutions internationales. Ce qui constitue une dette énorme pour nos Etats. Ce financement répétitif des élections africaines malgré l’irrégularité visible et démontrable de ces élections incite à dire que ces bailleurs sont complices pour retarder le développement de ce continent.
Au TOGO par exemple, près de 18 milliards ont servi pour les législatives à l’issue desquelles, bon nombres d’observateurs n’ont pas accordé le moindre credit aux résultats.
Ces milliards pouvaient donc servir à renforcer les infrastructures hospitalières, les équipements entre autres.
Le cas de la Côte d’Ivoire aussi nous interpelle sur le choix du fichier. Des centaines de milliards ont été dépensés pour la restauration de la paix et le déclenchement du processus électoral jusqu’à cette imbroglio qui étouffe l’économie. A quoi servent les élections avec une telle fortune si les résultats sont connus d’avance ou seront purement frauduleux ?
Le cas du Niger aussi interpelle la conscience collective. Pour un référendum dont les résultats sont connus d’avance, fallait-il jeter 3 milliards par la fenêtre au moment où la sécheresse et autres intempéries font des milliers de victimes ?
En clair, faut-il organiser des élections en vue de plaire à l’autre ou faire démocratiquement avancer les choses ? Dans le deuxième cas, il importe d’organiser des élections moins coûteuses étant entendu que la démocratie, c’est aussi et surtout le développement.
Par ailleurs, la technologie a montré ses limites en maints endroits dans le domaine électoral. Souvent, ce sont les logiciels qui sont tout simplement pipés pour les besoins de la cause. Ce fut le cas au Togo avec l’opérateur SAGEM.
Au Togo, ce sont les fameux kits de ZETEX empruntés de Congo Kinshasa qui ont fait polémique en 2007.
Un autre risque permanent : les possibilités de manipulation par les techniciens de l’informatique. Un autre exemple illustre parfaitement cette carence. C’est le cas du Bénin
Ici, la Liste Electorale Permanente Informatisée (LEPI) conçue depuis 2000 sous le général président Mathieu Kérékou, a été à l’origine de fraudes planifiées.
Pour sa part, le fichier biométrique même s’il est fiable, comporte quelques défaillances.
En Côte d’Ivoire par exemple, l’on a pu enrôler que six (6) millions de votants, pour un pays qui compte plus de 20 millions d’habitants. Même son cloche au Bénin où l’on a enregistré seulement trois millions de votants, pour une population de six millions d’habitants.
Plus grave encore dans le cas du fichier biométrique : les enrôlés sont le plus souvent confrontés à des déformations de leur noms et prénoms, car les opérateurs en charge de la saisie n’eurent le temps nécessaire pour corriger les imperfections.
En Côte d’ivoire, la quasi-totalité des acteurs de la vie politique ont reconnu le délai trop court et insuffisant, pour l’utilisation du fichier biométrique. Ce qui devrait être une innovation de taille, est devenue plutôt un instrument d’exclusion et de discorde. Aujourd’hui, la numérisation des élections n’est pas une garantie de transparence des résultats.
Paul N’guessan