Fichier électoral, quand tu nous tiens

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Ces deniers temps, à quelques mois des élections présidentielles qui doivent normalement se tenir au Mali en 2012,  beaucoup de bruits courent dans le pays à propos du fichier électoral. Au point que certains partis politiques et des groupes d’individus (ils parlaient tous d’abord de reporter les élections pour harmonisation) réclament  la prolongation du mandat du Président Amadou Toumani Touré.

 Curieusement, cette histoire de fichier électoral s’est posée dans d’autres pays de la sous région lors des votes récents. La question qui se pose est de savoir pourquoi le Mali a attendu les dernières heures pour songer à un tel problème qui s’était d’ailleurs produit en 2007 ? Pourquoi nos dirigeants n’ont pas su tirer de leçons des élections dans les pays voisins ?

 En mars 1991, faut-il encore le rappeler, de jeunes gens ont donné leur vie pour l’avènement de la démocratie au Mali. Depuis, le pays est entré dans une période de stabilité  politique, condition sine qua none pour attirer des investissements étrangers. Certes, en 20 ans de démocratie, assez de changements positifs ont été enregistrés dans plusieurs domaines. De vastes projets sont en cours de réalisation. Nul doute que le pays est cité en bon exemple pour son alternance démocratique. Seul coté négatif : la corruption (le vol, proprement dit), le népotisme et le laisser faire ont pris des dimensions effroyables ! Il s’agit bien de centaines de milliards de francs disparus au moment ou des familles maliennes joignent à peine les deux bouts et que  les rues sont pleines de jeunes diplômés en chômage ou encore pis que ça, des enfants continuent de mourir faute de bénéficier de soins médicaux élémentaires ! Les grosses cylindrées et les villas cossues, les nouveaux milliardaires qui détiendraient le record du Guinness d’enrichissement ont estompé l’espoir d’une grande majorité de la population.

 Depuis peu, on dit d’ATT qu’il est entré dans une fureur noire. En effet, l’homme a commencé une véritable purge au sein de l’appareil d’Etat au point qu’il a coupé le sommeil à assez de grosses têtes au Mali. Le patriotisme et la modestie du Président ne soulèvent aucun doute. Peut-être avait il espéré qu’il s’était entouré d’hommes et de femmes de son calibre. Erreur. Surtout quand il a déclaré qu’il préfère ne pas « humilier des chefs de famille ». Du coup, ces derniers se sont transformés en chefs de gang qui  n’hésitaient plus à étaler au grand public tous leurs talents de malfrats. En quelque sorte, ils rivalisaient dans la dilapidation du denier public. Le tort du Président serait sa réaction lente, un peu tardive à y mettre le holà. Ce n’est pas le jour de la chasse qu’on élève son chien, dit un proverbe bambara.

 Assez de Maliens attendent avec impatience donc ces élections de 2012 dans l’espoir de  porter à Koulouba l’homme qu’ils supposent être capable de lutter contre ce fléau, de mettre de l’ordre dans l’administration publique afin de renforcer les acquis démocratiques et de dynamiser les secteurs clé de l’économie du pays. La prolongation du mandat d’ATT, soulignons-le, est une atteinte grave à notre Constitution qui limite le mandat présidentiel  dont la durée ne peut excéder 10 ans, réélection inclue.  C’est une insulte grave à l’endroit du peuple qui a exprimé sa volonté par référendum. En effet, ceux qui conseillent au Président d’accepter de rester sont ceux-là mêmes qui sont nichés aux volants des voitures de luxe et qui se la coulent douce dans des villas qu’un fonctionnaire malien honnête ne pourrait s’offrir durant tout son service.

 A mon avis, le moment n’est plus à savoir si c’est le RAVEC ou l’ancien fichier électoral qu’il faut adopter. Depuis 2007, on aurait du songer à cette question. A présent, nous devons aller tout droit aux votes quelles que soient les circonstances. Si nous avons obtenu la démocratie à un prix très élevé, si nous avons adopté des Textes qui sont la volonté du peuple, nous sommes tenus alors de respecter la mémoire de ceux qui sont tombés dans les rues de Bamako en mars1991, nous nous devons de ne pas violer nos Lois nous-mêmes ou que quelques individus se substituent à la volonté du peuple malien.

 Au moment ou l’Europe est secouée par une crise  qui ronge les pays du PIGS, et que presque tous les investisseurs potentiels tournent les yeux vers l’Afrique,  le Mali a intérêt à réussir son alternance l’an prochain pour confirmer sa stabilité et son respect des Textes. Cela rassurera les hommes d’affaires qui veulent investir dans le pays et permettra de dégonfler ce ballon de colère que la corruption a crée et qui pourrait éclater avec la montée des tensions sociales.

 Amadou Toumani Touré qui est parti volontairement en 1992, ayant tenu sa parole d’officier, a déclaré qu’il partirait le 08 juin 2012 de Koulouba pour aller cultiver son champs à Mopti. J’ose toujours espérer  qu’il est aussi modeste que sincère.

 Entre temps, il continue de couper le sommeil à assez de grosses têtes à Bamako. Les rumeurs courent que l’audience des marabouts s’en trouve surchargée ! Il faudrait alors rappeler à ces « respectables » messieurs qu’il s’agit de travailler honnêtement ou de laisser la place aux jeunes. Tout en n’oubliant pas de rembourser ce qui a été  puisé dans les caisses de l’Etat. C’est le seul vrai sacrifice qui vous sauvera de la colère du peuple. Donc, laissez les bœufs rouges tranquilles !
 Kenedugufama.
 Fédération de Russie.

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