Le Président du MPR, Choguel Kokalla Maiga, a animé le jeudi 5 mai 2011, une conférence de presse sur le fichier électoral. C’était au siège du parti, à Quinzambougou, en présence des barons du Parti du Tigre. A cette occasion, il a fait une importante déclaration, que nous vous proposons intégralement ci-dessous.
A l’approche des échéances électorales de 2012, la question de l’attribution et de l’exercice du droit de suffrage s’installent au centre des préoccupations de la classe politique et de la société civile. Pour le MPR, sans listes fiables, il ne peut pas y avoir d’élections crédibles. Ce sont les listes électorales qui garantissent l’authenticité du scrutin et qui donnent aux institutions issues des urnes toute leur légitimité.
Souvenons‑nous de la grave crise de 1997 et évitons de nous retrouver dans la position inconfortable d’avoir à choisir entre le gel du processus électoral, jusqu’à la réunion des conditions satisfaisantes pour la tenue d’élections libres, régulières et transparentes, d’une part, et, d’autre part, le respect, quelles qu’en soient les conséquences, des délais électoraux, pour ne pas tomber dans le vide institutionnel.
Il n’est pas inutile de rappeler que la Cour constitutionnelle, dans son arrêt CC‑5L 97‑046 du 25 avril 1997, a été amenée à annuler le 1er tour des élections législatives du 13 avril 1997, au motif, entre autres, de l’absence de listes électorales. Malgré tout, l’élection présidentielle a été maintenue et reportée de seulement une semaine, du 4 au 11 mai 1997. Constatant qu’il n’est pas possible de confectionner, entre le 25 avril et le 11 mai, un fichier électoral digne de ce nom, huit candidats décidèrent de ne pas participer à l’élection présidentielle.
Il s’en est suivi une crise politique majeure, qui ne prendra fin qu’à la veille des échéances de 2002, avec l’acceptation par l’ensemble de la classe politique de l’établissement de listes électorales sur la base d’un nouveau recensement, le RACE (Recensement Administratif à Caractère Electoral), après médiation de la société civile. Les résultats du RACE étaient loin d’être parfaits. Ils ont été tolérés cependant, parce que considérés comme une solution de sortie de crise, pour sauvegarder la paix sociale et le processus démocratique. Souvenons‑nous également des déclarations et prises de positions des différentes personnalités et autorités impliquées dans la gestion et l’appréciation du processus électoral, à l’issue des élections législatives de 2007 et communales de 2009: Ministère de l’Administration territoriale, DGE, Cour constitutionnelle, Président de la République.
Ce bref rappel nous paraît utile, parce que la problématique des listes électorales nourrit le terreau de la suspicion, qui engendre la crise de confiance qui débouche inéluctablement sur la crise politique.
Le MPR croit que c’est aussi pour ne pas arriver à de telles extrémités que le Président de la République a fait engager une réflexion sur la consolidation de la démocratie dans notre pays. L’une des conclusions majeures de cette réflexion pour améliorer le système électoral, a été de proposer une réforme du cadre juridique des élections, qui retient l’annulation par la voie législative des listes électorales actuelles et l’élaboration de nouvelles listes électorales, sur la base d’un nouveau système d’inscription. Ce nouveau système procède à une identification des électeurs, basée sur des technologies biométriques permettant de produire à la fois une nouvelle carte nationale d’identité et une nouvelle carte d’électeur numérisée avec photo incrustée. C’est ce qui explique l’engouement et l’enthousiasme avec lesquels les Maliens ont unanimement accueilli l’initiative du Gouvernement de réaliser le RAVEC (Recensement Administratif à Vocation d’Etat Civil).
Pour le MPR, c’est la solution la meilleure pour organiser des élections régulières et transparentes. Des voix s’élèvent pour demander de mettre les réformes politiques en veilleuse. Le MPR est plutôt d’avis qu’elles doivent être diligentées, en mettant en priorité celles qui concernent le système électoral. Cependant, face à l’impératif de temps et de moyens financiers, certains voudraient maintenir le fichier actuel, tout en l’améliorant. Cette position de prudence est fort compréhensible, mais elle ne met pas à l’abri d’un dérapage post électoral. Il nous semble quasi impossible de corriger les imperfections des listes actuelles. L’augmentation fulgurante du nombre d’électeurs, signalée par la DGE, qui a en charge la gestion du fichier électoral, s’explique par l’inscription massive d’électeurs qui n’existent pas physiquement. Comment expurger légalement des listes électorales ces vrais faux électeurs? Pour ne citer que cet exemple. Vouloir donc redresser le défaut de fiabilité desdites listes est une illusion.
Pour le MPR, les échéances sont connues, il s’agit de fixer en conséquence un objectif prioritaire: aller aux élections prochaines avec un fichier biométrique. Ceci n’est pas au dessus de notre volonté et de notre détermination à améliorer notre processus électoral, pour continuer à être cité parmi les pays démocratiques d’Afrique et du monde et mettre notre pays à l’abri d’une crise post électorale aux conséquences incalculables.
Le Bureau Exécutif Central du MPR