Feuille de route de la transition: 112 milliards de Fcfa sur le budget d’Etat 2013

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L’attente fut longue. Car, le gouvernement Cheick Modibo Diarra a, en son temps, beaucoup tergiversé sans jamais parvenir à faire adopter ce document pourtant indispensable à la bonne marche de la transition politique au Mali.

Le nouveau gouvernement, conscient de l’urgence qui demeure en la matière, s’est voulu, au contraire, plus pragmatique et plus concret. Installé, il y a seulement moins de deux mois, l’équipe de M. Diango Cissoko a réussi ce que son prédécesseur n’aura pas pu en près de neuf mois. A cause, notamment, des divergences de vue que les forces vives de la nation affichaient sur la question.
Réuni en conseil extraordinaire, le gouvernement a adopté, vendredi 25 janvier 2013, un projet de feuille de route qui devra être soumis au vote de l’Assemblée nationale, convoquée en session extraordinaire demain mardi. Il faut rappeler que le financement de ladite feuille de route est assuré par le budget d’Etat 2013 à hauteur de 112 milliards de nos francs. En adoptant ce document, le gouvernement répond non seulement à une attente forte du peuple malien, mais aussi à une exigence de la communauté internationale. Cette dernière en fait du reste une condition sine qua none pour une coopération franche avec notre pays.
C’est ainsi dire que la feuille de route est d’autant importante pour notre pays qu’une fois votée par les députés, elle devrait servir de  bréviaire à l’action gouvernementale pour la période de la transition. Mieux, le document contribuera à donner un souffle nouveau à la coopération entre le Mali et ses partenaires extérieurs.
Le nouveau projet de feuille de route s’articule autour des deux missions essentielles qui ont été assignées au gouvernement de transition par l’accord-cadre conclu entre l’ex-junte et la Cedeao en avril 21012: la gestion de la crise dans le nord du Mali et l’organisation d’élections libres, transparentes et démocratiques. Ainsi, dans le cadre du rétablissement de l’intégrité du territoire, l’équipe de Diango Cissoko se propose, comme objectifs, selon les domaines, la libération des zones occupées avec l’appui de la communauté internationale dont la France en première ligne; la restructuration de l’armée, la formation du personnel militaire et la mise à niveau des équipements. L’organisation de discussions avec les groupes armés qui ne mettent en cause ni la laïcité, ni l’intégrité du territoire, la mise en place d’une Commission nationale de dialogue et de réconciliation, le retour volontaire des réfugiés et déplacés des régions du Nord et la prise en charge de leur insertion socioprofessionnelle, la lutte contre l’impunité, sont au nombre des grandes lignes de cette feuille de route.
En ce qui concerne sa seconde mission, le gouvernement de transition s’est fixé d’importants objectifs en vue d’élections apaisées et crédibles au Mali. Ainsi, il entend assurer la neutralité des organes de transition, notamment le président de la République et les membres du gouvernement et faire adopter des textes relatifs au régime général des élections, à la communication audiovisuelle, au régime de la presse. Aussi, le gouvernement se propose la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante, l’établissement du fichier biométrique et d’un chronogramme indicatif.
Mais, la question qui revient sur toutes les lèvres, après l’adoption de ce projet de feuille de route en conseil de ministres, est de savoir si le document sera partagé par toutes les forces vives de la nation. A ce sujet, Mamadou Namory Traoré rassure. Invité spécial du journal télévisé, le Ministre en charge des relations avec les institutions a fait savoir, vendredi dernier, sur les antennes de l’Ortm, que ce projet de feuille de route est le fruit d’un processus participatif ayant impliqué les forces vives de la nation et les organisations de la société civile. Toutes les parties, avait-il laissé entendre, ont reçu le document et ont, pour celles qui l’ont estimé nécessaire, fait des commentaires et des critiques.
Pourtant, les Maliens se souviennent qu’il y a peu, la Copam et ses alliés, réunis au sein d’une coalition, jugeaient nulle et non avenue toute feuille de route qui n’est pas issue des concertations nationales. La soumission de la feuille de route à l’appréciation de l’Assemblée nationale  qu’elle estime illégitime est, selon la coalition, une manière de bâillonner le peuple malien. A-t-elle mis un peu d’eau dans son vin entre temps?
En attendant d’avoir à répondre à cette question, il convient à chacun de nous de comprendre que notre pays n’a plus assez de choix. S’il était souhaitable que des concertations nationales souveraines tracent la voie à suivre pour la transition, il est tout aussi clair que la situation actuelle de notre pays ne s’y prête point. Or, l’adoption d’une feuille de route est une urgence pour nous-mêmes et pour nous conformer aux exigences de la communauté internationale dont l’appui est indispensable pour nous tirer d’affaire. Plaise donc à Dieu que la polémique n’enfle pas encore une fois autour de ce document.
Bakary SOGODOGO

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6 COMMENTAIRES

  1. Tiens donc! Y a déjà des élections en l’air, à peine le pays en voie dit-on de libération par la coloniale dont les Maliens n’ont plus honte.
    Les Ivoiriens, les Sénégalais, les Tchadiens, les Centrafricains, les Gabonais, les Djiboutiens, les Burkinabè après l’assassinat crapuleux de Thomas Sankara, bref, dans tout ce précarré françafricain les bases militaires françaises abondent avec leurs détachements de légionnaires missionnés à la défense des intérêts occidentaux et autres satrapes qui les servent ; un contexte qui fait dire aujourd’hui aux Maliens débilité par des décennies de régimes népotiques, affairistes corrompus: « pourquoi donc pas chez nous » ?
    Cette revendication éhontée de la coloniale et ses légionnaires par les Maliens sidèrent tous les patriotes. Elle dit la faillite de l’Etat, des institutions et de la classes politique qui l’anime ; et qui de toute évidence continuera à l’animer sans le moindre souci d’une remise à plat en dehors du folklore électorale imposé à l’agenda par l’ordre impérialiste dont la CEDEAO est le faux-nez.
    C’est donc dire que le Mali de notre fierté, fournisseur historique de modèles de résistance, de patriotisme et de solidarité, ce Mali là est aujourd’hui à genoux, humilié par la traitrise de ceux que nous avons laissé faire. Le résultat est pathétique quand tout un peuple croupis dans l’indigence imposée pour partie par ceux là mêmes qu’il acclame, applaudit et accueille en agitant de petits drapeaux tricolores.
    L’ex-colonisateur peut-il être aujourd’hui notre libérateur ? A notre place et à celles de nos frères africains ? Certainement que non ! Tout comme il est permis de douter que l’ordre constitutionnel imposé depuis à marche forcée soit porteur d’une perspective émancipatrice. Et plutôt que d’œuvrer dans cette direction, on fait accroire que le Malien, le paysan malien adore regarder et saliver devant des urnes bourrées de PQ (papier toilette) le ventre vide.
    C’est cela la démocratie ? Est-ce pour cela que tout le monde accourt à savoir les traitres-satrapes de la CEDEAO, la soldatesque de maintien de l’ordre policier et violateur de jeunes maliennes, la presse aux ordre, les vautours de la disqualification socio-polique, bref, toute la maffia de l’ONU et de l’OTAN qui vient en soutien à la grande et moyenne bourgeoisie corrompues au Mali, afin de lui permettre de s’adonner à son jeu favori: entuber (par politesse j’évite un gros mot) la paysannerie et les travailleurs par des élections bidon qui les éloignent encore un peu plus de l’Etat et de ses offres de services publics.
    Après quoi, c’est-à-dire après la mise en place des « Bons Nègres », ils pourront solder le Mali à loisir et exactement comme on solde le malibu.

  2. hé mon frère que ça soit de l’ADEMA ou je ne sais quoi n’est pas important la seule chose qui nous intéresse c’est la libération de notre pays qui compte le reste n’est que des conneries

  3. On a empêché CMD de presenter sa feuille de route devant l’assemblée à travers le FDR quia toujours refusé de participer aux concertatons nationales même quand les hommes de kati ont proposé Dioncounda pour présider les dites concertations.
    Soyez donc objectifs c’est un coup monté par l’ADEMA et ses accolytes.

  4. La seule négociation possible qui pourra persuader ces groupuscules à abandonner momentanément leurs minables raisons d’être est naturellement le petit chèque en blanc habituel qui leur permettra d’entretenir la sinécure pour les 20 prochaines années. Le MNLA, Ancar-dine, Mujao, MIA… me rappellent juste le coq qui se permet de chanter en piétinant sa propre merde. En fin de compte, Aqmi, à mon sens, sera le seul absent sur le banc de la “négociation”. Just wait and see!

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