La fête de l’indépendance sous occupation
La République sous occupation commémore son indépendance.
Nous voilà encore en face d’une autre bizarrerie des temps modernes qui mérite que l’on s’y attarde un peu. Le Mali est le premier pays indépendant au monde à être occupé par des troupes étrangères sans que cela soit sous le parapluie de l’ONU; évidemment, parce qu’il s’agit de troupes terroristes. Doit-on fêter notre accession à la souveraineté nationale au moment où plus de la moitié de notre territoire est occupé ?
Les groupes armés colonisateurs des territoires du Nord Mali vont-ils défiler ?
Si oui, sous quel drapeau vont-ils défiler ?
L’armée nationale du Mali doit elle défiler sous le drapeau national ou le mettre en berne en signe de deuil?
Doit-on rêver et espérer récupérer nos armes achetées et transportées par l’Etat malien jusqu’aux ports maritimes de pays frères ?
C’est le lieu pour nous de demander aux peuples frères de ces différents pays d’exiger de leurs chefs d’Etat respectifs qu’ils fassent prévaloir la solidarité africaine et libérer ces armes pour que notre brave armée puisse disposer d’équipements militaires adéquats en vue du rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali. Il serait malvenu, inélégant et incongru pour ces respectables Chefs d’Etat d’envoyer à leur homologue malien des lettres de félicitations à l’Etat et au peuple maliens au moment où les services douaniers de leurs pays continuent de confisquer leurs armes.
Il est urgent d’en finir avec la CEDEAO à la sauce Compaoré, le Mali a décidé de tourner cette triste et honteuse page de réunionite et d’apprentissage de l’impérialisme tiers-mondiste.
La CEDEAO a assez joué comme ça avec nos nerfs. Elle est noyautée par un groupe qui cherchera à traîner les choses, histoire de détourner l’attention sur le Nord du Mali pour pouvoir bien armer les terroristes. A partir de maintenant, le Mali ne répondra plus de rien et se démarque solennellement de toutes les rencontres et délibérations sur le Mali. Ce n’est pas non plus nécessaire de transférer le dossier au niveau de l’U.A; ce sera la même chose parce que tous les acteurs de la CEDEAO s’y retrouveront. Ces enjeux dépassent l’Afrique et ses jeunes institutions démunies et noyautées. N’engagez plus de frais de mission, de transport, d’hébergement ou de toute autre commodité au nom du Mali. Le Mali n’acceptera plus qu’on le fasse tourner en bourrique pour des raisons subjectives de positionnement politique au moment où on doit parler de Sécurité internationale, de lutte anti-terroriste, de géostratégie du Pétrole, des impacts de la géopolitique de la région du Sahel sur la situation sécuritaire globale du monde. Le Mali est certes en crise, mais le Mali reste un Etat souverain. Une partie de son territoire est occupée; il est de la responsabilité de l’armée nationale avant toute autre entité de la libérer, sous risque de se fourvoyer. Seuls les petits esprits et les esprits tordus peuvent parler d’Etat ou de Démocratie sans une armée forte et républicaine. Cela n’existe nulle part et nous refusons de servir de laboratoire d’expérimentation de ce machin. Et si les territoires du Nord sont libérés, quelle est la seconde phase? Qui va sécuriser le territoire et les populations si l’armée est empêchée aujourd’hui de mener « sa guerre »et de s’aguerrir? Ce dossier doit être traité au niveau de l’ONU et par les grandes puissances de ce monde, car le problème les concerne tout autant.
Le Mali n’est pas en fête parce que le deuil est plus conforme à sa situation actuelle
Ce jour symbolique doit néanmoins être mis à profit pour concrétiser la réunification de l’armée et affirmer enfin l’unité et la cohésion du Peuple malien soudé comme un seul homme derrière son armée. Cette occasion doit être saisie par les maliens pour taire leurs oppositions et leurs différences pour une union sacrée qui ne devra s’arrêter qu’après la libération totale du territoire national occupé. A situation d’exception, attitudes exceptionnelles !
22 septembre 1960-22 septembre 2012, 52ans jour pour jour que le Mali de Modibo Keita commémore son anniversaire, cette fois et la dernière fois dans la tristesse, mais aussi dans la dignité en renouvelant sa confiance à son armée qui ne manquera pas de saisir ce moment de recueillement pour réaffirmer et renouveler son serment de préservation de la souveraineté internationale et l’intégrité territoriale du Mali jusqu’au sacrifice suprême.
Ce jour symbolique et de légitime gravité doit faire office de piqûre de rappel pour l’armée qui doit accélérer le pas pour libérer au plus vite les territoires occupés, piqûre de rappel aussi pour le peuple qui doit être solidaire de son armée et des populations du Nord qui sont devenues soit des apatrides, soit prises en otage par des bandits de grands chemins, piqûre de rappel surtout pour le Chef de l’Etat, chef suprême des armées qui doit profiter de ce jour solennel pour rassurer les populations, mettre en confiance l’armée nationale réunifiée et asseoir son autorité républicaine sur elle, piqûre de rappel pour le Premier Ministre qui a là, l’occasion de remobiliser son gouvernement vers des objectifs concrets de développement économique et social, d’exercice indépendant de la justice et de la bonne gouvernance, piqûre de rappel enfin pour les Représentants du Peuple qui ont là, l’occasion de donner à cette noble appellation tout son sens en assistant les populations dans ces moments difficiles par un contrôle plus pointu et plus régulier des activités gouvernementales, un encouragement à la cohésion nationale et une invite solennelle au dialogue des institutions pour leur stabilité.
L’heure n’est évidemment pas aux célébrations folkloriques et fastueuses parce que le cœur n’y est pas et le bon sens nous l’interdit, mais à la réflexion et au recueillement dans un élan de solidarité active et respectueuse entre les populations et leur armée, déterminée à libérer définitivement les territoires du Nord et à les sécuriser afin qu’une telle situation ne soit plus envisageable au Mali. La crise du Nord qui a empêché l’organisation des festivités cette année doit toujours nous rappeler le caractère fragile de nos institutions qui ne doivent plus échoir entre les mains d’irresponsables comme le Président ATT qui n’a pas hésité à détourner 10 années de budgets d’équipements de l’armée, à transformer la troupe en vulgaires mendiants, à diviser les corps d’armée, à discréditer l’armée, à compromettre la sécurité de la Nation jusqu’à fomenter un << Coup d’Etat constitutionnel >>, juste pour assouvir ses intérêts particuliers et ceux de son clan mafieux; pour après, pleurnicher comme un enfant et fuir sans vergogne dès que le plan a été éventré. Le Mali ne mérite pas ce genre de dirigeants.
Beaucoup de chantiers attendent les autorités de la transition qui, au-delà de la libération du territoire et l’organisation des élections, doivent aussi soulager les populations, en particulier les villageois et la jeunes.
La pauvreté a fini de gagner tous les villages du Mali dont la seule activité génératrice de revenus est l’agriculture qui n’a pas, elle non plus, échappé aux effets pervers de la crise du Nord qui n’a pas favorisé une bonne mise à disposition des semences et des intrants au début de l’hivernage.
Vingt ans de sabotage de l’école et de l’université malienne ont fini de produire un stock massif de diplômés aux rabais et de cadres incompétents parce qu’ayant été encadrés par un corps enseignant confronté aux déficits de qualité, de vertus et de nombre.
La réunification de l’armée nationale et la réorganisation de sa chaîne de commandement
La libération et la sécurisation totales des territoires occupés du Nord
Eviter les agendas cachés qui consistent à favoriser une partie ou un camp contre d’autres groupes de citoyens dans la perspective des prochaines élections présidentielle, législatives et municipales, qui devront être démocratiques, populaires, transparentes et incontestables.
ATT a fait de l’espace public un champ de ruines après avoir dépouillé les institutions de toute leur substance et endormi tous les contre-pouvoirs.
Nous attendons des autorités de la transition qu’elles expriment leurs capacités à clore de manière définitive et irréversible l’ère de l’exercice solitaire et patrimonial du pouvoir instauré de manière subtile par le Président ATT sous la forme d’une ’’ gouvernance consensuelle ’’ qui n’était en réalité qu’une gouvernance de pensée unique qui phagocyte toute idée qui s’oppose à elle, pour pertinente ou intéressante qu’elle soit.
L’armée de ATT était dirigée par une élite bourgeoise à la boulimie insatiable qu’il avait choisi de toujours satisfaire au détriment de la troupe qui ne demandait pourtant aucun traitement de faveur si ce n’est des équipements, un commandement de qualité et une gestion des grades basée sur le mérite, pour la sécurité du peuple, du territoire et de la République
L’armée de ATT avait décidé de soutenir ce dernier dans sa stratégie machiavélique de prolonger son mandat pour raison de guerre civile au Nord.
L’armée du Peuple a refusé de participer à la guerre civile et de cautionner <<un coup d’Etat constitutionnel>>. L’armée du Peuple, sous la direction du Capitaine Aya Sanogho, a pris alors ses responsabilités historiques et débarqué le Président fantoche ATT afin que la mascarade n’ait point lieu et que le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat soit effectifs; d’où la naissance du CNRDRE.
Monsieur le Président de la République, vous devrez mettre en confiance l’armée en lui montrant que vous n’êtes ni ATT, ni celui qui incarne le prolongement, encore moins la continuité du système mafieux qu’il avait fini d’installer.
Ainsi cette armée malienne valeureuse et disciplinée, mais fondamentalement populaire et patriotique avant d’être républicaine, se fera fière de se soumettre à votre autorité.
L’opinion publique malienne a une idée très négative de sa classe politique composée en majorité d’hommes et de femmes au passé peu glorieux, à la moralité souvent douteuse du fait de leur implication réelle ou supposée dans des combines ou des affaires nébuleuses.
Ainsi ils traînent depuis lors des casseroles trop bruyantes dont ils ont du mal à se séparer, mais s’obstinent encore à vouloir briguer les suffrages des populations qu’ils traitent avec mépris en les considérant comme de vulgaires moutons de panurge.
La transition consiste surtout dans les capacités et volonté de l’Etat à permettre à la justice de légiférer en toute indépendance pour purger du paysage politique ces ennemis du Mali qui font déjà l’objet d’un rejet massif de la part des populations.
Quatre cent cinquante mille refugiés ou déplacés à l’intérieur et à l’étranger souffrent le martyre à cause de la crise du Nord. Ce sont des victimes innocentes de cette douloureuse situation imposée au Mali.
La transition consiste alors dans les capacités de l’Etat à les mettre à l’abri et à les sécuriser pour que ces populations ne soient pas victimes, une seconde fois, de la furie meurtrière des terroristes qui n’hésiteront pas à se venger sur elles une fois qu’ils seront chassés des zones du territoire malien qu’ils occupent de manière illégale.
Bonne fête quand-même chers concitoyens et concitoyennes!
Solidarité nationale et patriotique !
Aliou Badara Diarra