La réussite d’IBK est celle de tous, son échec, celui de tous les Maliens, dit-on généralement dans les rangs de la majorité présidentielle. Personne ne peut dire que le président IBK n’est pas comptable de la situation du pays, étant le président de la République, mais de là à lui faire porter toute la responsabilité de ce qui arrive dans ce pays, voici un raccourci qui tente beaucoup de personnes.
Le débat autour du projet de révision constitutionnelle pouvait se faire sans aucune radicalisation, mais à observer les deux clans, on n’a l’impression que le débat dépasse le cadre du projet de révision constitutionnelle.
Le malaise social existe et il est profond, mais qui ne joue donc pas pleinement son rôle dans ce pays au-delà de la personne du président IBK ? En répondant à cette question, parmi les soutiens du président IBK, il serait facile de situer vite le dysfonctionnement dans le pays. L’opposition est dans son rôle comme dans n’importe quelle démocratie, elle exploite les failles du pouvoir en place. Les soutiens du président doivent trouver les arguments solides pour contrer ceux de l’opposition, c’est ainsi qu’on anime le débat politique.
Le président IBK, en cherchant à se justifier à chaque fois de ses projets et de son amour pour le Mali, sort de son rôle et devient son propre chargé de communication. Certains doivent le faire à sa place. En suivant le débat autour de la révision constitutionnelle sur une chaîne étrangère, les Maliens ont vu avec quel mépris le sujet a été traité en s’attaquant plus au président IBK qu’au dossier du projet. Tout a été peint en noir sous sa gouvernance. Et, pourtant, le Mali a fait un grand pas vers la paix pour qui sait d’où vient ce pays. En enfonçant à nouveau le Mali dans une nouvelle crise politique, au nom d’un projet de révision constitutionnelle, le Mali ira en vrille.
Les mots tenus et surtout cette pléthore de vidéos sur les réseaux sociaux, s’attaquant à la personne du président IBK, ressemblent aux derniers verres du condamné… IBK. Il faudra attendre la fin de son intervention télévisée après le G5 pour savoir que le président souffre d’être un incompris par son peuple. Mais à entendre les commentaires que ce rendez-vous suscite depuis quelques jours, il faudrait vraiment être très joueur pour parier sur un retour en grâce du président de la République, qui aura marqué les annales de la politique malienne en ayant fait descendre au ras du sol sa cote de popularité.
Un tel bide, une telle unanimité dans le ras-le-bol, une telle capacité à se faire brocarder, avouez que ça force le respect ! Et, pour un peu, ça nous donnerait presque envie de prendre sa défense, comme on le ferait ces souffre-douleur qui, dans toute société humaine, concentrent sur eux moqueries et vexations. Allez, on le dira alors : il faut sauver le soldat IBK.
Sinaly KEITA