Les mois se suivent et semblent se ressembler pour le parti de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé qui a failli perdre l’unique député qui restait jusque-là le seul représentant de son parti à l’Assemblée nationale, qui a touché la tentation de migrer vers des cieux plus cléments.
L’honorable Bakary Woyo Doumbia avait presque visiblement succombé sous le poids de l’énorme et multiforme pression exercée sur lui depuis le positionnement sans ambiguïté des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare/An ka wuli). Il a déposé sa lettre de démission au siège des Fare le mercredi dernier dans l’après-midi. Ainsi, comme bien d’autres avant lui, notamment ses 5 camarades de la même législature élus sous les couleurs du parti bleu et blanc, il voulait fuire un ancrage au sein d’une opposition pourtant dite modérée et constructive qui n’est pas du goût des nombreux partisans du moindre effort, du pouvoir et du pouvoir tout de suite à n’importe quel prix. Aux dernières nouvelles, il se serait revenu sur sa décision.
Les difficultés des Fare ont commencé, faut-il se rappeler, juste après la proclamation des résultats partiels du 1er tour de l’élection présidentielle de 2013. En effet, une bonne partie des cadres du parti sentant déjà la direction du vent, avaient embouché leur trompette opportuniste pour prendre fait et cause pour le candidat Ibrahim Boubacar Kéita, arrivé largement en tête et dont la victoire au second tour ne pouvait faire l’objet d’aucun doute, sauf cataclysme.
Sous la houlette du 1er vice-président du parti à l’époque, Zoumana Mory Coulibaly, les signataires du pacte d’alliance au sein du Front pour la démocratie et la République (FDR) en faveur du candidat le mieux placé au second tour, ne se sont nullement gênés à renier leur signature pour accourir vers le camp des vainqueurs potentiels.
La saignée s’est poursuivie après les législatives et la prise de position du mentor du parti, Modibo Sidibé pour une opposition parlementaire. Le 1er congrès du parti s’est tenu dans ce climat délétère et a vu l’élection de Modibo Sidibé à la tête d’un secrétariat exécutif national de 97 membres dont 60% constitués d’anciens du bureau provisoire sortant. Mais force est de constater que le malaise demeure.
Tant bien que mal, le parti tente de marquer son ancrage dans l’opposition, mais tout laisse croire que les adversaires de l’ancien Premier ministre sont décidés à lui rendre la vie difficile, voire insoutenable afin qu’il revoit certainement sa position vis-à-vis de celui que lui-même appelle affectueusement son “aîné” de président de la République. Pour ceux qui connaissent l’homme, Modibo Sidibé n’est pas du genre à se laisser impressionner par l’adversité et encore moins les coups bas.
En effet, du coup d’Etat du 22 mars 2012 à nos jours, il en a vu de toutes les couleurs, entendu des vertes et des pas mûres. Il semble encaisser tous les coups de façon sereine et entend se donner tous les moyens pour réaliser ses ambitions pour le Mali dénommée “Mali Horizon 2030”. Sûrement que d’ici-là beaucoup d’autres de ses compagnons lui fausseront compagnie.
Mais la vie n’est-elle pas faite ainsi ? Au bout du parcours, il ne reste généralement qu’un cercle restreint composés de quelques inconditionnels qu’absolument rien ne peut détourner de l’idéal commun qu’ils ont en partage avec l’homme. En attendant la galère liée à l’appartenance à une opposition politique en Afrique continue pour lui et ses camarades des Fare/An ka wuli).
Que c’est dur d’être opposant dans une démocratie en construction ! Mais ne dit-on pas que “les roses se cueillent toujours généralement aux bouts des épines !”. L’essentiel est d’être convaincu de la justesse du combat que l’on mène. A partir de là, le reste n’est qu’une question de temps, d’endurance, de courage et de persévérance.
Bréhima Sidibé
Vivement une loi pour rendre inviolable le choix démocratiquement exprimée de l’électeur dans les urnes. A-bas le nomadisme des élus! Vive le respect de la vérité issue des urnes! Vive la démocratie pour que vive l’opposition! A-bas les transhumants, fossoyeurs invétérés de la démocratie!
La démocratie, c’est une majorité qui gouverne et une opposition qui surveille, veille, s’oppose et propose. L’Afrique n’en est pas encore là!
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