Les Fare préparent activement leur congrès au moment où leur parti rencontre d’énormes difficultés.
Depuis le second tour de la présidentielle, le parti Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare) a connu des divergences sur l’application de ses mots d’ordre. Le vice-président du parti Zoumana Mory Coulibaly, contre toute attente, a appelé la section de Ségou à voter pour IBK ; toute chose qui était contraire aux engagements du parti avec le Fdr. Au fil du temps, plusieurs cadres ont déserté la Maison Bleue, alors que d’autres ont coupé le pont. Les législatives n’ont rien arrangé à cette situation. Au point que le fossé est devenu grand entre la direction des Fare et les autres membres du parti. C’est pourquoi le premier congrès ordinaire, prévu les, 1, 2 et 3 mars, était attendu pour doter le parti d’organes définitifs de travail, de charte…
Antérieurement
Tous ceux qui ont suivi la précampagne et la campagne de Modibo Sidibé de 2011 à 2013, se rappellent sûrement certains de ses propos : «Nous sommes candidat pour le Mali, pour les femmes et les enfants de ce pays. Que Dieu donne le pouvoir à celui qui peut apporter le bonheur à nos populations, la paix et la stabilité dans notre pays. Si on gagne, les gens verront ce qu’on va faire, mais si on ne gagne pas, nous allons aider le vainqueur dans le droit chemin pour construire le Mali, dans l’intérêt des Maliens. Mais s’il dérive, nous allons lui dire qu’il est en train de prendre le mauvais chemin, cela sans état d’âme, parce que nous voulons du renouveau dans la gestion du pays». C’est donc dire que Modibo Sidibé s’était déjà préparé à animer une opposition modérée et républicaine, qui doit se battre avec les moyens républicains pour faire passer son message. Car, pour lui, les politiques doivent se montrer plus responsables. Et sans équivoque, la majorité doit gouverner et l’opposition s’opposer dans les règles de l’art. Telle demeure la conviction de Modibo Sidibé.
Les dérives
La position de l’enfant de Bafanta Traoré ne date pas d’aujourd’hui, d’où la création des forces alternatives pour le renouveau et l’émergence. Cela n’a malheureusement pas été compris par certains cadres des Fare qui rechignent aujourd’hui à rejoindre l’URD dans l’opposition. Pour rappel, c’est au lendemain de la mise en place du gouvernement que les Fare ont quitté le Fdr. Auparavant, des dysfonctionnements se faisaient jour en leur sein. Cependant, les responsables des Fare auront néanmoins respecté leur engagement, en appelant leurs militants à voter pour Soumaïla Cissé. À ce propos, selon certains de ses responsables, après ce contrat d’engagement «rien ne liait plus les Fare à l’URD».
Les députés FARE
Au constat, les députés élus sous la bannière des Fare se sont laissé manipuler par des apprentis politiciens. Et de fait, personne ne connaît leur positionnement politique. Quand bien même ils se réclament de la majorité, ils n’appartiennent à aucun groupe majoritaire. C’est dire que la confusion règne au sein des Fare, à l’instar du député élu à Bougouni, Bakary Woyo Doumbia, qui écarte toute possibilité de former un groupe parlementaire avec SADI. Pour lui, cela n’aurait pas de sens.
À l’évidence, les députés Fare se rendent compte maintenant qu’ils ont été roulés dans la farine. Eux qui voulaient coûte que coûte appartenir à la majorité présidentielle. Et la direction du parti n’a rien vu venir, sinon qu’elle a été complice des errements de ses députés. C’est ce qui explique la précipitation du président Alou Keïta à annoncer l’appartenance supposée des Fare à la majorité présidentielle.
Le congrès de mars prochain
Longtemps annoncé, le premier congrès des Fare aura lieu finalement du 1er au 3 mars 2014 à Bamako. Il était très attendu car devant permettre de doter les Fare d’organes solides après l’assemblée générale constitutive. Selon nos sources, le bureau pléthorique de 99 membres sera réduit. Mais il ne s’agira nullement d’une chasse aux sourcières mais de doter le parti d’une charte, d’un statut et règlement intérieur pouvant lui permettre de se mettre à l’abri de certaines dérives. Ces retrouvailles seront une occasion pour échanger sur plusieurs sujets liés au fonctionnement, à la position des Fare, à la gouvernance, etc.
Par ailleurs, «Personne ne sera chassée ; aucune sanction ne sera prise contre les gens. Mais il s’agit pour nous de nous mettre d’accord sur un minimum pour le bon fonctionnement ; éviter certaines prises de décision qui ne viennent de personne, des communiqués et déclarations sans fondement. Nous allons mettre l’accent sur la responsabilité et le respect de nos textes», nous a confié un responsable de l’actuelle direction. Au sujet de Modibo Sidibé, il a ajouté ceci : «il est bel bien membre des Fare, autrement il ne serait pas notre candidat à la présidentielle. Le parti a été créé pour soutenir sa candidature ; il est à la base de tous nos textes, même l’actuel bureau provisoire du parti lui a été soumis avant l’assemblée générale constitutive. Il est comme nous tous. Si les militants pensent qu’il peut être le président, c’est au congrès de décider pas moi seul».
En tout cas, le congrès des Fare est très attendu par bon nombre de militants qui se disent floués par le comportement des membres de l’actuelle direction du parti.
K.T